- gonna get drunk, don't you have no fear -
@Jackson Holloway
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t'as la tête dans le guidon rory. t'as pas les yeux en face des trous. tu n'as encore que peu dormi. question d'habitude. les pales du plafonnier de ton bureau comme seule compagnie. trop souvent. en plus des bouteilles vides qui s'entassent. image déroutante d'y voir ton paternel qui s'immisce dans tes songes. et ça te file la gerbe. instantanément. alors tu vas te réfugier au club de jazz. comme si ça pouvait apaiser ta conscience. c'est que de la poudre aux yeux. les poussières de conneries que tu pousses sous le tapis de ta vie. comme tu le fais depuis bien trop longtemps. faudrait que t'acceptes de laisser ta sœur s'occuper de toi. mais t'es bien trop fier pour ça. t'as jamais voulu qu'on t'aide. quoi qu'à des fois, il aurait peut-être bien fallu que t'acceptes les mains qu'on a pu te tendre. mais non. pas dans ta nature. alors tu passes plus de temps au garage que dans la vieille baraque du mort. faut que tu grandisses rory. ça te f'rait pas de mal. vraiment. mais comme c'est ta sœur, tu ne veux pas passer trop de temps avec elle. parce que tu finirais par l'écouter, tu finirais par t'attendrir. tu finirais par craquer. et ça, c'est pas bon. vraiment pas bon. t'as passé trente-cinq ans de ta vie à te forger une putain de carapace. et la gamine, elle pourrait tout foutre en l'air. neuf ans qu'elle est sur ton dos. y a des fois où tu regretterais presque la présence du vieux. au moins, lui, il ne parlait pas. il paraît qu'on s'adoucit avec le temps, mais pas toi, rory. la mauvaise graine, ça ne change pas. jamais. le vice bien trop ancré dans tes gênes. minable. pitoyable. et tant d'autres adjectifs que ta frangine pourrait aisément te balancer à la gueule si tu lui en laissais l'opportunité. la vérité blesse. toujours. autant de l'entendre que de la dire. et ça t'écorcherait la gueule rory, d'avouer que t'aimerais bien que la gamine passe plus de temps au garage. parce qu'au moins, quand elle est là les fins de semaine, t'as pas besoin de te coltiner l'accueil. t'as pas besoin d'avoir une quelconque interaction avec les clients. seulement de te planquer dans l'atelier et de t'occuper des bagnoles en rade. t'as passé ta journée à grogner, à marmonner, à soupirer. c'est là que tu te dis qu'il faudrait p'tre bien que t'embauches quelqu'un pour la s'maine. et puis tu fais les comptes et t'abandonnes l'idée. clope que t'écrase dans l'cendrier, les deux mains qu'tu passes sur ton visage. t'ouvres le tiroir du bas d'ton bureau et t'en sors ta précieuse bouteille de bourbon et un verre. là encore, ta sœur aurait des reproches à te faire. et, encore une fois, elle aurait raison. tu suis les traces de ton défunt père. tu t'accroches à l'alcool comme à une bouée d'secours. et t'allumes une autre cancéreuse. t'as p'tre raté un truc dans la paperasse. tu refileras sans doute le bébé à la môme, ce weekend. hey jack ! l'homme vient de passer devant ta porte. fin de journée. un verre ? que tu proposes. par habitude. rituel installé depuis un bon bout de temps. surement la seule personne que tu laisses s'approcher. de trop près. sans aucune raison d'ailleurs. c'est venu naturellement, sans que tu n'y comprennes rien. et avant que tu ne t'en rendes compte, t'étais foutu. oh et tu saurais pas où elle range les factures la gamine ? elle a foutu un bordel dans les dossiers, j'crois qu'il m'en manque. en vrai, elle range ton bazar plus qu'autre chose. mais toi, tu l'vois pas. qu'elle ramasse ta merde et toi, tu lui parles pas vraiment. tu t'contentes de la bousculer d'temps en temps. jusqu'à ce qu'elle te remette à ta place. jusqu'à ce que le jour suivant se lève et que t'oublies. t'es vraiment trop con quand tu t'y mets.
 

- gonna get drunk, don't you have no fear -
@Rory Fletcher
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Les mains fourrées dans les entrailles de la vielle Honda qui en rendu l’âme sur la BC-99 en direction de Eagle Run, tu jures comme un chartier avant d’attraper une clé de 12 accrochée à ta ceinture. Ça fait plus de cinq minutes que ce putain d’moteur émet un drôle de bruit. Des « clac clacs » à répétition s’échappent de la bête – qui semble cracher ses poumons – alors que t’as changé les coussinets de bielle et tu te demandes ce que t’as bien pu louper alors que la nuit commence à tomber sur Brackendale. Est-ce que le jeu est encore trop important ? Tu glisses tes doigts sous le carter inférieur, localises rapidement le maneton malade et démontes à nouveau le chapeau avant de vérifier l'allure du vilebrequin. Putain, tout est en ordre … C’est quoi encore ce bordel ? Tu commences sérieusement à perdre patience et te dis qu’il va falloir sans doute falloir démonter tout le moteur quand t’aperçois Adam en train de glander à l’autre bout de l’atelier. Tu relèves la tête du capot et siffles entre tes dents. « Hey ! » Que tu l’interpelles avant de jeter tes gants sur l’établi. « J’vais avoir besoin de ton aide gamin, ramène-toi ! ». Le môme te jette un rapide coup d’œil et lâche un soupire blasé avant de te rejoindre. Tu lui assènes une petite claque derrière la tête et lui ébouriffes les cheveux avant de lui faire un peu de place.

Vous bricolez plus d’une heure sur la bagnole de Wendy Blain, la vieille dame qui tient une boutique de fleurs sur Meadow Avenue, avant de lâcher définitivement l’affaire. « C’est bon, le reste attendra demain, tu peux y aller petit » Que tu grognes alors que ton dos commence à te faire un mal de chien. Adam ne se fait pas prier et décampe aussi vite qu’il est venu après t’avoir fait un léger signe de la main. Tu l’entends prendre ses affaires et claquer la porte du garage derrière-lui lorsque t’essuies négligemment tes paluches sur ton jean délavé et que tu lèves la tête vers l’horloge suspendue au-dessus de la réserve. 19h07. Il est plus que l’heure de rentrer à la maison et foutre tes pieds sur la table basse en sirotant une bière au fond de ton canapé. Tu poses ta ceinture de mécano sur l’établi (où règne un bordel sans nom) et te diriges vers la petite pièce qui vous sert de vestiaire quand t’entends ton nom. « Hey Jack ! » Tu tournes la tête vers le bureau du patron et aperçois Rory affalé derrière son bureau, l’air désespéré. Tu hausses un sourcil et penches la tête de côté. « Quoi ? » Que tu réponds de but en blanc alors qu’il se penche vers toi. « Un verre ? ». Tu hausses les épaules et opines du chef. « Allez ! » Que tu souffles avant de le rejoindre dans l’office.

Tu entres dans la petite pièce meublée d’un bureau en piteux état et quelques étagères qui semblent datées de l’an 40 avant de te poster devant lui, les mains sur les hanches. Une tonne de paperasse est éparpillée un peu partout devant lui, au beau milieu de post-it, stylos et autres babioles à la con. A chaque fois que tu vois ça, tu dis que Jenny ferait bien de venir ici pour constater l’étendu des dégâts et (surtout) remarquer qu’il y a bien plus bordélique que toi. Ça remettrait sans doute les choses en perspectives et elle te tannerait peut-être moins pour ranger le joyeux bordel qui règne dans votre bicoque. M’enfin, faut pas rêver. Cette gamine était (beaucoup) plus têtue que toi …

« Oh et tu saurais pas où elle range les factures la gamine ? Elle a foutu un bordel dans les dossiers, j'crois qu'il m'en manque » Râle Fletcher alors qu’un sourire un brin moqueur fend tes lèvres. Les factures sont toujours à la même place. Et c’est certainement pas la môme qui foutu tout ce bordel, mais tu te gardes bien de lui dire. Il a l’air d’une humeur massacrante. « T’as regardé dans l’étagère derrière toi ? Dernier tiroir en partant du bas » Que tu lui fais remarquer en désignant le petit meuble gris du menton. Tu tires la chaise en face de lui et t’écroules lourdement sur l’assise avant de passer un bras par-dessus le dossier. « Putain Rory, pourquoi t’embauches pas quelqu’un à temps plein pour te filer un coup de main ? » Que tu demandes – même si tu connais déjà la réponse – avant de souffler un bout coup. T’attrapes la bouteille de bourbon qui vous attend (déjà) sur le coin du bureau et tends ta main libre vers la petite table en bois – qui supporte une cafetière archaïque et quelques mugs estampillés « Fred’s Automotive » – pour mieux récupérer deux verres à la propreté douteuse. « Tu ferais mieux de laisser tout ça à quelqu’un d’autre » Que t’ajoutes après avoir fait voler le bouchon d’eau-de-vie. Tu vous sers deux whiskys et lui tends un verre bien rempli. Il va en avoir besoin.  

- gonna get drunk, don't you have no fear -
@Jackson Holloway
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plaisir coupable. mauvaise habitude. toi qui clame haut et fort ne pas être comme ton paternel, t'en prends pourtant la direction. le bourbon que tu descends comme du petit lait. à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. t'as au moins la fierté de dire que tu cours pour éliminer. les joggings matinaux que tu effectues. parfois même sans avoir pris la peine de dormir. et les soupirs de ta sœur, quand elle te voit faire. tu la désespères, autant que tu te désespères toi-même. la tête dans les comptes, c'est vraiment pas ton fort. y a des fois, tu te demandes vraiment pourquoi t'as repris l'affaire au lieu de laisser ça à quelqu'un de plus qualifié que toi. ça roulerait p'tre mieux d'ailleurs, si le garage était pris en mains par une tierce personne. t'en sais rien, t'as pas vraiment envie de t'attarder là-dessus non plus. parce que, dans l'fond, c'est pas la catastrophe non plus. c'est sur que ça pourrait être mieux mais ils devront se contenter de toi. égoïsme certain de vouloir garder ton poste, de vouloir t'occuper du garage. toi qui t'es débarrassé de tout ce qui appartenait à ton père, il te reste encore la maison et le garage. et t'as pas envie de lâcher l'affaire. alors tu passes ton temps à râler sur le budget et à te perdre dans une paperasse qui te file autant la gerbe qu'au premier jour. t'as attrapé le coup d'main. mais pas pour tout. clairement plus efficace les fins de semaine, quand c'est la gamine qu'est dans l'bureau et qu'toi, t'as les mains dans le cambouis. plus à l'aise. surement. assurément. et t'aimes pas ça, rory. demander de l'aide. tu exècres cette part de faiblesse que t'as jamais pu assumer. t'es rien d'plus qu'un être humain, tu devrais pouvoir crier à l'aide. mais même sur l'champ d'bataille, t'en était pas capable. alors c'est pas coincé derrière un bureau qu'a plus d'âge que tu l'seras plus. silhouette familière qui passe devant ta porte. ombre reconnaissable. depuis le temps qu'il erre dans l'atelier. des années et des années à étudier les uns et les autres. tu pourrais aisément dire qui se radine en fermant les yeux. rien qu'au son d'une respiration ou à l'allure d'une démarche. capacité fortement développée au fil des années écoulées. le verre que tu proposes. t'as clairement besoin d'un break avec tous ces papiers qu'ont aucun sens pour toi. invitation acceptée, tu laisses ton dos rejoindre le dossier d'ton siège. dépouillé. le regard qui balaie le bureau. ça ne lui ferait pas de mal de lui refaire une beauté. ou du moins lui donner un coup de neuf. y a tout qu'est branlant, tout qu'à plus d'âge. t'y penses souvent, mais tu l'fais jamais. pas envie de t'embarquer dans une galère de plus. quoi que ça ne devrait pas prendre plus d'une journée. si seulement, tu te décidais. mais ça, c'est encore une autre chose. ah. que tu réponds seulement quand il te dit où se trouve les factures que tu cherches depuis au moins trois plombes. même lui, il sait où elles sont rangées. t'es vraiment déphasé rory. faudrait que tu dormes, ça devient urgent. et tu te retournes pour fouiller dans le dernier tiroir en partant du bas. bingo. évidemment. soupir qui ne tarde pas à se faire entendre alors que tu fais demi tour et pose le précieux fichier devant toi. t'étais censé faire une pause pourtant. et la question qui s'en suit. tu sais bien qu'il n'a pas tord. c'est comme la gueule du bureau que tu dois refaire. t'y penses mais tu l'fais pas. plus simple de remettre à plus tard, les petits détails qu'ont pas d'importance à tes yeux. t'es pourtant pas du genre à t'éparpiller rory. t'es plutôt carré, rangé. mais quand tu jettes un coup d'œil au bordel que t'as foutu, t'es plus sûr de rien. tu tiens sérieusement à c'que la gamine fasse la gueule et traine dans tes pattes toute la sainte journée les weekend ? t'arques un sourcil. t'es pas juste rory. elle ne cherche qu'à apprendre, qu'à se perfectionner. et toi tu passes ton temps à l'envoyer chier. jusqu'à c'qu'elle finisse par te rappeler à l'ordre et que tu cèdes. t'as rien contre elle pourtant, bien au contraire. p'tre qu'elle te rappelle un peu trop tes frangines. c'est p'tre ça. t'en sais rien. sur ça non plus, tu ne t'attardes pas. on s'rait justes avec un temps plein d'plus j'crois. que tu soupires. mais ça, t'en sais trop rien non plus. t'avais pas tous les éléments en main. si ça s'trouve y a largement de quoi en stock pour une personne de plus. qualifiée. qui ne bouclerait pas la comptabilité à l'arrache, rien que pour dire que c'est fait et qu'on en parle plus. jusqu'au mois prochain. il tourne bien, pourtant, le garage. t'es pas à plaindre, loin de là. y a pas une journée de répit. toujours un véhicule à réparer. faudrait vraiment que t'engages quelqu'un à temps plein. tes billes azures se posent sur le verre qu'il te tend. t'esquisses un sourire. rare. rapide. éphémère. avant d'reprendre ta gueule de con. grognement en signe de réaction. seule chose que tu sais faire proprement. à c'point-là ? tu dois vraiment avoir une sale gueule vu la dose qu'il t'a servi. et puis t'hausses les épaules, t'acceptes la sentence. dans tous les cas, tu finiras par en ingurgiter plus que ça. une taffe de plus que tu tires sur la cancéreuse. ça se présente comment pour la vieille blain ? tu l'as entendu siffler le gamin, t'as pas entendu l'capot claquer. plus grave que le diagnostique initial. et p'tre bien que tu te casseras la tête sur la bagnole mise en quarantaine pour la nuit. des fois que t'aies un éclair de génie. pas sûr m'enfin ça ne coûte rien.