fin de journée, fermeture du salon. une clope entre les lèvres, tu te diriges vers le bar de jordan. c'est automatique, tu ne réfléchis pas. tu ne rentres jamais chez toi. tu as besoin de t'occuper l'esprit, de boire, d'errer dans les rues de la ville qui s'assombrissent. ce sont les moments que tu préfères. les âmes se libèrent et s'aventurent. abandon de soi, de règles et de bienséance. il est tôt, il est encore trop tôt pour que tu puisses conquérir un corps. quoi que, tout est possible. surtout depuis que tu fréquentes neve et rosie. deux perles qui se sont délicieusement invitées dans ton quotidien. tu chasses ces pensées de ton esprit en allumant cette cigarette qui se consume, échouant sur le bord de tes lèvres. jordan possède le mérite de ne jamais te contrarier. il est là, il est simple. toi, c'est tout ce que tu demandes ; qu'on ne te fasse pas chier avec des histoires larmoyantes et personnelles. l'intimité ? qu'elle le reste ! tu ne pourrais assurément pas exercer en tant que barman. être considéré comme un psychologue ? tu leur ferais bouffer leurs confidences, à ces âmes en perdition. chute libre. déjà qu'avec le tatouage, tu entres dans les rêves, deuils, amours et passions des clients.
quelques minutes, quelques mètres.
et tu es là. tu jettes ton mégot sur le sol, tu l'écrases avec ton pied et tu entres, te souciant peu de l'environnement et des dégâts causés par ton geste. ils disparaissent tous, ces détritus là, lorsque les agents municipaux nettoient. à chaque fois que tu pénètres dans le sing, tu te demandes bien ce que tu y fous. sérieusement, ce n'est pas ta came. mais jordan, lui, c'est un bon gars. un chic type. tu t'accoudes déjà au comptoir, restant proche de la sortie. tu sais que rosie travaille ici. ta chance, c'est que tu ne la croises pas. c'est rare. et au pire ? la voir ne serait pas gênant. tu n'es pas de ceux qui exposent leur vie sexuelle. tu favorises la discrétion. y'a pas une once de honte en toi. parce que tu fais toujours que ce que tu veux. mais rosie. rosie. t'es certain qu'elle n'apprécierait pas que son intimité soit dévoilée à jordan. un présentiment. d'ailleurs, jordan, tu l'attends. tu te permets d'attirer l'attention de l'une des serveuses. leila ? t'as oublié son prénom. il est là jordan ? sa réponse ? un haussement d'épaules. ok, sympa. j'veux bien une bière que tu souffles alors. ton buste que tu tournes vers l'extérieur. observer les passants qui traversent les rues.

happy hour. - @Lorenzo Carvallo

La gamine dans les bras, des pleurs qu’il tente de calmer.
Consignes données, pour le repas de sa fille et de l’heure du coucher, à sa sœur qui l’écoute à peine. Il sait bien qu’elle s’est déjà occupée d’elle, plusieurs fois, qu'elle sait déjà ce qu'elle doit faire mais il se sent obligé de lui rappeler.
Un dernier câlin, le devoir l’appel.

Appartement à quelques blocs de son bar, il ne met pas longtemps pour arriver sur les lieux. Il prend même le temps de dire bonjour à quelques propriétaires de commerce qu'il connait. Certains sont même devenus de très bons amis. Jordan, c'est un mec tellement sociable qu'il connait presque tout le monde à Dryden Street. Important pour lui d'avoir ce contact permanent.

Quand il arrive, il voit une tête connue au comptoir. Sourire aux lèvres en voyant son ami, loin d'être un grand fan de karaoké, surtout présent pour boire quelques verres en sa compagnie. Un check, pour le saluer. - ça va Lorenzo ? Un regard sur les filles derrière le comptoir qu'il salue chacune leur tour. Rosie, elle n'est pas là aujourd’hui, elle est en congé et ce n’est pas plus mal. Depuis ce « dérapage » - c’est comme ça qu’il l’appelle - il y a une ambiance étrange entre les deux. Un secret trop bien gardé. Aucun ne parle de ce qui s’est passé. Ils devraient, ça permettrait d’apaiser les tensions.  

A peine derrière le comptoir qu’il se sert un verre, sans grande discrétion. Ce n’est pas le premier de la journée. Le whisky coule déjà dans ses veines. Une mauvaise habitude qu'il a pris depuis sa séparation. Même quand il a sa fille, il peine à se maitriser. Sa soeur l'a à l'œil, le surveille de près ce qui l'exaspère. En ville depuis peu, elle est venue 'comme ça' mais il sait bien qu'elle est là pour jouer la nounou avec lui. Elle s'inquiète pour rien mais il laisse faire, il sait qu'elle partira bientôt.

Verre qu'il lève en direction du brun - santé ! mince sourire qu'il affiche avant de boire une gorgée. - ça tombe bien que tu sois là, j'ai un service à te demander ! il a besoin de ses talents en dessin mais cette fois ce n'est pas pour un nouveau tatouage, quoi que. Depuis qu'il connait Lorenzo, il pourrait laisser l'encre pénétrer sous sa peau sans grande difficulté. Nombreuses sont les fois où il va dans son salon, et il ne compte plus les coups de publicité qu'il peut lui faire quand on lui pose des questions sur ses différents tatouages réalisés à la perfection. Jordan n'est jamais déçu de son travail.