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 (cecilia), until the very end.


Maude Dawley
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Maude Dawley
lost and insecure
messages : 258
pseudo : still breathing (madalen).
pronom irl : elle.
id card : adelaide kane / ethereal (av), sweet poison (crackship).
personnage : permanent
multicomptes : Iris.
(cecilia), until the very end. TjbEYEw4_o
nbre de mots : 500/1000 environ, parfois plus.
code couleur : #a1799f
disponibilités : indisponible.
trigger warning : tw joués : deuil, dépression, guerre, torture. je ne veux pas jouer : inceste, cruauté animale.
pronom : elle.
âge : trente ans, cap passé avec appréhension.
statut civil : veuve, du moins le croyait-elle. en couple depuis peu avec quelqu'un d'autre, elle essaie de refaire sa vie.
orientation : bisexuelle.
occupation : animatrice pour la radio locale.
habitation : maison 324, lawson avenue.
en vrac : julian (1) -- isley & dinah (ec) -- cecilia -- jodie.
présentation : présentation
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· (cecilia), until the very end. Lun 29 Mar - 20:47

@Cecilia Nordgren | until the very end
Elle est désespérée de ne pas voir les choses changer, Maude. De ne pas savoir quoi faire. De ne pas trop savoir où elle en est. De ne pas savoir de quoi demain sera fait. Julian est de retour, Julian n’est pas mort, mais qu’est-ce qui a changé, au fait ? Pas grand-chose. Elle est toujours avec Sean, elle n’a pas rompu, elle n’a pas changé d’avis, et Julian l’évite et la fuit. Et c’est insupportable. Elle est soulagée qu’il soit en vie, Maude, mais elle a l’impression que les choses sont encore trop compliquées. Et que ce n’est pas près de s’arranger. Elle a déjà tenté de discuter avec Julian, mais il faut admettre que ce n’est pas simple quand on ne sait pas soi-même ce que l’on veut. Elle est perdue, Maude, elle ne sait plus dans quelle direction elle souhaite aller désormais. Il y a trop de choses à prendre en compte, trop de paramètres, et elle est confuse au niveau de ses sentiments. Elle n’a pas oublié Julian, c’est indéniable. Mais d’un autre côté, elle a commencé à construire tout doucement quelque chose, avec un autre – ami de Julian lui-même. Et en quatre mois, elle n’a pas l’impression d’y voir plus clair. C’est peut-être difficile, quand son mari la déteste. Ce n’est pas le cas de Sean – lui est compréhensif, patient, peut-être parce qu’il n’a pas vraiment le choix non plus. Mais malgré tout, elle sait qu’il attend, qu’il faut forcément qu’elle prenne une décision, qu’elle ne l’a pas véritablement fait. Elle est restée avec lui, elle ne l’a pas quitté, mais il y a quand même Julian dans le paysage, Julian à prendre en compte. C’est le père de son fils, alors ils sont éternellement liés. Obligés de se croiser, de se parler, quand il est question d’Alban. Elle n’est plus seule à prendre les décisions, la brune. Et quelque part, au fond d’elle, elle rêve qu’ils puissent former une belle famille – celle qu’ils n’ont jamais pu avoir, parce que Julian était retenu loin d’ici. Et voilà, Maude, elle est toujours perdue – elle y pense encore, elle y pense tout le temps. Heureusement que Cecilia doit venir à la maison, ça lui changera peut-être les idées. Elle s’est affairée, en cuisine, pour préparer un gâteau pour le goûter, tandis qu’Alban dormait, faisait sa sieste de l’après-midi. Celui-ci réveillé, elle savait, Maude, que Cecilia n’allait pas tarder – l’heure approchait. Tout est prêt, en tout cas, quand elle entend que la meilleure amie de Julian est là. Alban, lui, il a bien compris qui s’était, alors il s’élance vers la porte d’entrée, en attendant que sa mère ouvre la porte, ce qu’elle ne tarde pas à faire, d’ailleurs. « Hey. Tu vas bien ? » lui demande-t-elle, avec un sourire, avant de s’écarter pour la laisser entrer. Enfin, pour que Cecilia puisse le faire, il faudra encore qu’elle passe outre Alban, qui ne semble pas décidé à bouger, prêt à l’agripper. « Comme tu peux le voir, tu étais attendue avec impatience. » Elle lâche un léger rire, Maude, et referme la porte derrière son invitée. Elle l’aide à se débarrasser, puis la laisse tranquillement entrer, s’installer, faire comme chez elle – ce n’est pas la première fois qu’elle vient, Cecilia, de toute façon.
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Cecilia Nordgren
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Cecilia Nordgren
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trigger warning : tw joués : potentiellement dépression je ne veux pas jouer : usage de drogues
pronom : Elle
âge : 32 ans
statut civil : Célibataire, préférant officiellement prendre du recul, se demandant officieusement si le bonheur n'est pas à portée de mains, et n'osant pas réellement le saisir, de peur d'être trop fragile
orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Re: (cecilia), until the very end. Sam 3 Avr - 16:51

- Until the very end -
@Maude Dawley
. . . . . . . . . . . . . . .

Aller chez Maude ne prenait que peu de temps à Cecilia. Il suffisait de longer les longues rues de Lawson Avenue, avec ses kyrielles de jolies maisons typiques, en bordure des bois, qui en faisaient le charme discret. C’était encore la ville, avec un parfum de campagne particulier, comme pour réunir les deux mondes. C’était un mélange atypique de couples avec enfants, de jeunes gens nouveaux propriétaires et d’aînés installés là depuis plusieurs décennies, ainsi que de maisons de famille transmises ou de jeunes constructions pour tout aussi jeunes propriétaires. La tranquillité était de mise, sans renier la vie de quartier. Et cette effervescence douce avait très vite plu à la jeune femme. Dès que les premières grosses ventes de ses œuvres avaient eu lieu, elle avait investi dans une demeure bien à elle, ce que son père n’avait pas manqué de féliciter avec un brin de surprise, considérant qu’il était qu’un être aussi décalé des contingences ordinaires ait soudain un tel réflexe matériel. Mais d’une part, pour une rêveuse, l’aînée des Nordgren avait toujours eu les pieds sur terre, ou du moins, la conscience que le succès était une donnée fluctuante, et qu’il était important d’assurer son avenir. D’autre part, et de façon plus pragmatique, elle avait besoin d’espace pour laisser ses idées s’exprimer, ce qu’un petit appartement loué chichement en centre-ville ne permettait guère. Alors, elle avait acheté cette belle maison et s’était fait construire un studio de peinture, y entreposant tout ce dont elle avait besoin, se rendant entièrement indépendante, et complètement libre de créer à sa guise. Et puis, il y avait Julian et Maude installés à côté, dont elle empruntait assez régulièrement le canapé après être restée tard pour un verre, ou plutôt une bonne dizaine, et que même pour descendre la rue, mieux valait éviter un drame induit par sa démarche plus que chancelante.

Puis, il n’y avait plus eu que Maude. Elle avait continué à venir, d’abord par acquis de conscience, ne pouvant laisser décemment la veuve de son meilleur ami affronter seule un tel deuil, et par soulagement aussi de partager la peine insondable de la perte. Puis, il y avait eu Maude et sa grossesse. Elle venait encore, parce qu’il était impensable de ne pas être présente pour l’enfant de Julian, comme pour celle qui le portait. Parce qu’elle savait – à travers quelques confidences très pudiques, et beaucoup de connaissance des non-dits – que cet enfant n’était pas un bel accident, et si Julian n’était plus là, il avait réussi à laisser quelque chose à son épouse. Egoïstement, du reste, Cecilia avait envie confusément de retrouver dans cet enfant quelque chose de son meilleur ami, un peu comme la tante qu’elle n’était pas réellement, mais qui pouvait offrir trois douzaines d’anecdotes à la seconde. Et enfin, il y avait eu Maude et Alban – parfois, Maude, Alban et Sean, ce qui ne la dérangeait pas. Ainsi que le ballet des visiteurs, assez souvent des visiteuses d’ailleurs : Isley et elle, fut un temps, ce qui avait eu l’air de ravir Maude. Jodie et elle, de temps en temps, quoi que ce ne soit pas forcément coordonné. Le frère et la sœur de Maude et elle, là encore, sans réellement le faire exprès. Il fallait un village pour élever un enfant, disaient certains. Difficile de trouver meilleure illustration.

Certes, désormais, il y aurait pu y avoir Julian. Mais, comme d’autres de leur entourage, Cecilia éprouvait une gêne confuse à se retrouver au milieu de ce gué parental, entre son meilleur ami qui devait réapprendre à vivre après trois ans de souffrances indicibles et revenait pour ne plus rien retrouver comme avant, et une amie dont elle ne comprenait que trop aisément les décisions. C’était une sensation étrange, que de considérer qu’il y avait une difficulté, mais que personne n’était en tort. Et même, quelque part, que tout le monde avait raison. Confrontée à cette impossible quadrature du cercle, Cecilia essayait de composer avec sa loyauté naturelle, ainsi que son empathie envers Maude, et son affection profonde envers Alban. Cela ne l’empêchait pas de vouloir aider, cependant, elle préférait les petits pas. Après tout, il y avait des limites à l’immixtion des tiers dans les problèmes d’autrui, surtout quand ils étaient aussi complexes.

Enfin arrivée devant la porte, Cecilia sonna et attendit quelques instants que la porte ne s’ouvre, et révèle son comité d’accueil, à savoir Maude et son sourire, ainsi qu’un garde du corps haut comme trois pommes et bien décidé à échanger sournoisement sa place contre un câlin. Tout en échangeant avec sa mère, la trentenaire se pencha vers l’enfant :

« Salut Maude, oui, ça va et toi ? Oh, et bonjour au plus adorable des petits garçons, attends, viens là toi … »

Soulevant Alban dans ses bras, Cecilia ne mit que peu de temps – malgré le poids du garçonnet, qui commençait à ne plus être si léger – à le caler contre sa hanche, dans ses bras, et à tenter d’éviter de se faire éborgner par des mains potelées. Tout en faisant quelques risettes au bambin, elle suivit Maude à l’intérieur et se débarrassa de son manteau plus ou moins habilement en raison de son précieux fardeau qui babillait fort joyeusement à ses oreilles. Effectivement ...

« Je vois ça ! En même temps, j'avais hâte aussi ! » dit-elle en plantant deux bises sur les joues rondes d'Alban, avant de partir dans son rire habituel, joyeux et sonore.

Récupérant un paquet dans son manteau, Cecilia indiqua du bout du menton le canapé pour savoir si elle pouvait s’asseoir. Une fois installée, Alban sur ses genoux, elle lui tendit le cadeau, avec un simple :

« C’est pour toi. »

Aidant le poupon à l’ouvrir, Cecilia le laissa manipuler pendant quelques instants l’objet, à savoir un bonhomme en bois taillé entièrement à la main, et peint en petit soldat. Le jouet, désuet certes comparé à d’autres, avait au moins le mérite d’être une réelle pièce unique. Elle l’avait fait entièrement, du début à la fin, le sculptant puis le peignant personnellement, y passant plusieurs heures afin que tout soit parfait, y compris les infimes détails comme les insignes ou les grades.

« Tu vois, c’est un gentil soldat qui est parti très loin, tellement loin, pour une mission tellement secrète, qu’il n’a pas pu revenir pendant longtemps. Mais maintenant, il est de retour, et il aimerait beaucoup être ton ami … »

Laissant Alban explorer un peu sa nouvelle acquisition, Cecilia se retourna vers Maude avant de lui dire :

« Une de mes ex était pédopsychiatre et elle disait souvent que les jouets sont un bon moyen pour les enfants d’exprimer ou de comprendre certaines choses … Je me suis dit que ça pourra t’aider à avoir un médium pour que ce soit plus simple pour toi, et pour lui.

Et si ça ne va pas, je peux toujours lui en refaire un autre, totalement différent, si tu préfères. C’est un essai après tout, je ne suis pas encore capable d’ouvrir une boutique. »


Léger rire doux cette fois, pour apaiser le doute.

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· Re: (cecilia), until the very end. Dim 4 Avr - 22:05

@Cecilia Nordgren | until the very end
La situation actuelle en décontenance plus d’un. Elle n’est pas la seule, Maude, et pas du genre à penser le contraire. Pas du genre, à croire qu’elle est la seule malheureuse, perdue, surprise, dans l’histoire. Elle était, est, l’épouse de Julian – mais il y a aussi sa famille, ses amis, son fils. Alban qui, du haut de ses deux ans, est bien jeune encore – ç’aurait pu être encore plus compliqué que ça ne l’est, s’il avait été peut-être plus âgé de quelques années. Mais il est encore jeune, du haut de ses deux ans. Encore un bébé, selon certaines définitions. Il s’exprime plutôt bien maintenant, Alban, développant doucement son vocabulaire. Alors ç’a été quand même compliqué de lui expliquer qui était Julian, de lui expliquer pourquoi il ne revenait que maintenant. Ç’a été compliqué pour son fils, de dépasser la timidité, face à Julian. Ç’a été difficile de comprendre, comme pour n’importe qui. Mais maintenant, ça va mieux – enfin, elle le croit, elle l’espère, Maude. Elle ne peut quand même pas s’empêcher de s’inquiéter. Pour ça, pour tout un tas de choses. Le retour de Julian a été un grand bouleversement, et ils sont encore en train de s’y faire, de comprendre tout ce que cela implique. Ce n’est pas facile, ce n’est pas un truc qu’on intègre avec aisance. Même si elle est heureuse qu’il soit en vie, même si elle a attendu désespérément son retour, quand elle le croyait pourtant mort. Beaucoup de choses ont changé, et la voilà, la vérité : son fils a vécu plus de deux ans sans un père, et Julian a été torturé pendant trois années, sans se douter que Maude attendait leur enfant. Ils ne pourront jamais rattraper le temps perdu, ils ne pourront jamais rattraper, tout ce qu’il a manqué. Julian n’aura pas accompagné Maude durant sa grossesse, n’aura pas vu son fils naître. Il ne l’aura pas calmé, quand il peinait à faire ses nuits, ou quand il faisait ses dents. Il ne l’aura pas vu faire ses premiers pas, ni prononcer ses premiers mots. Non, Julian, il est juste revenu et il a dû intégrer l’idée que, d’un coup, il était père, sans avoir pu s’y préparer.

Elle ne sait même pas comment il le vit, Maude. Elle ne pense pas qu’il soit malheureux, ils commençaient à parler bébé, il y a trois ans – sans se douter que ça viendrait si vite, pourtant. Mais elle n’imagine pas, ce que ça fait. Elle n’imagine pas, la frustration, la tristesse, la déception. Elle n’imagine pas ce que ça lui fait, d’avoir déjà manqué tant de temps, de la vie d’Alban. Il y a ça, et puis il y a le reste – il y a Sean et elle. Et pour ça, il semble bien qu’il la déteste. Qu’il déteste aussi Sean. Peut-être qu’elle ne peut pas le blâmer, mais elle est triste pourtant. Peut-être parce qu’au fond, elle ne l’a pas oublié, Julian. Elle n’aurait jamais pu. On lui avait arraché son mari, la mort le lui avait pris – alors elle lui restait forcément attachée, pour toujours et jamais. Même après que la mort ne les sépare. Quoi qu’il arrive, qu’il soit mort ou en vie, elle lui restait, à lui. Même à un autre. Mais c’est compliqué, toute cette histoire. Et c’est compliqué à gérer. Compliqué de se heurter à la froideur et à la rancœur de Julian. Maude avait peur qu’avec ça, elle perde peut-être le lien avec les proches de Julian. Ses frères et sœurs, ses amis, dont Cecilia. Mais ce n’est pas le cas. Personne ne semble lui tenir rigueur, de quoi que ce soit – c’est juste aussi compliqué pour eux, que pour elle. De se retrouver entre eux, comme le cul entre deux chaises. Généralement, ils préfèrent ne pas en parler – Julian, il est comme un sujet tabou, sans l’être vraiment. Il est de toute façon toujours présent dans leurs esprits. Même maintenant. Il est toujours dans le sien, à Maude, en tout cas. Elle n’arrive pas à arrêter d’y penser, elle n’a jamais pu ces dernières années. C’est pour cela aussi, que ça lui fait du bien, de voir Cecilia. Elle est toujours heureuse de la voir, elle lui reste attachée, elle est cette présence dont elle a toujours besoin dans sa vie – qu’importe que les choses aient changé entre Isley et Cecilia. Cette dernière, c’est aussi une présence très importante dans la vie d’Alban, et ça se voit encore, vu comme il l’accueille, quand la porte de l’appartement s’ouvre sur la jeune femme. « Ouais, ça va aussi. » Autant qu’elle le peut, au vu de la situation actuelle – mais rien ne sert de casser ainsi l’ambiance, elle se doute que c’est un peu pareil pour tout le monde. Elle sourit, Maude, et plus encore quand Cecilia attrape Alban dans ses bras. Elle récupère son manteau, Maude, pour le poser sur le porte-manteau, puis laisse la jeune femme s’installer sur le canapé, comme à l’accoutumée. Le rire de Cecilia est communicatif, et il apporte un peu de joie, dans la maison. S’installant à son tour sur le canapé, juste à côté d’eux, elle observe avec curiosité le paquet que Cecilia tend à Alban, l’aidant à l’ouvrir. Cela fait, c’est un soldat en bois qui apparaît, un présent des plus significatifs et des plus touchants. Ça l’émeut un peu, Maude, ça lui prend même à la gorge, mais elle reste silencieuse, observant la réaction de son fils, émerveillé, tandis que Cecilia lui donne une jolie explication. Un truc qui ressemble probablement un peu à ce qu’elle a dit à Alban, au retour de Julian – sauf que c’était probablement plus confus et compliqué, à expliquer, à ce moment-là, elle n’est pas sûre que son fils ait compris. Elle se perd un instant dans ses pensées, Maude, puis elle revient à la réalité lorsque Cecilia s’adresse à elle. Quittant la lune, elle revient sur Terre, esquissant un léger sourire. « Non, c’est parfait. C’est un très beau cadeau, avec un très beau message. Tu as dû y passer un temps fou. Merci, Cecilia. » Elle lui offre un nouveau sourire, regardant son fils qui remercie Cecilia à son tour, de sa petite voix d’enfant de deux ans et quelques mois. « Et je pense que tu en serais tout à fait capable. D’ouvrir une boutique, je veux dire. Ou au moins, de te créer un site web ou quelque chose comme ça. » Peut-être que ça vaudrait le coup, d’essayer. Parce que Cecilia, elle est douée. C’est un cadeau unique qu’elle a offert à Alban, un cadeau qu’on admire, qu’on chérit. « Au fait, veux-tu boire quelque chose ? » C’est l’heure du goûter, après tout. Autant en profiter. Et même si le printemps s’installe doucement, il fait encore un peu frais, dehors – de son côté, elle sait qu’elle va craquer pour un bon thé, bien chaud.
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· Re: (cecilia), until the very end. Lun 5 Avr - 19:07

- Until the very end-
@Maude Dawley
. . . . . . . . . . . . . . .

« Le thé que tu brûles de préparer – sans mauvais jeu de mots – sera parfait pour moi aussi. »

Cecilia avait répondu presque instantanément, connaissant suffisamment Maude et ses goûts pour se douter que la jeune femme allait se préparer quelque chose de chaud. Et elle-même n’avait rien à y redire, alors autant partager plutôt que de l’ennuyer à sortir une autre boisson. Du reste, au milieu de l’après-midi avec un bambin sur les genoux, l’option alcoolisée n’était sans doute pas une idée très raisonnable, et comme elle n’avait pas particulièrement envie d’un soda … Restait le café, qu’elle appréciait, mais qui avait tendance à lui rappeler le travail, que ce soit sur ses toiles ou plus récemment à l’université. Alors du thé, ce serait parfait. Cela lui rappelait des années anciennes, chez elle, quand sa mère en préparait, à sa sortie de l’école, et qu’elle lui demandait comment les cours s’étaient passées tout en s’occupant des plus jeunes, et que toutes deux faisaient semblant de ne pas remarquer le temps qui s’écoulait et l’arrivée toujours plus tardive du paternel, les cernes sous les yeux parentaux, les piques … Hélas, même jeune, l’aînée des Nordgren n’avait jamais réussi à être aveugle au monde qui l’entourait. Certes, c’était une qualité, d’être attentive aux autres. Mais c’était aussi, dans certains cas, un fardeau à porter, que de noter les fêlures, et de les encaisser silencieusement, car elles n’étaient pas premièrement les siennes. Au moins, outre nourrir sa mélancolie, cela avait tendance à rendre moins borné dans ses jugements. Elle avait conscience que pour certains, elle aurait dû en vouloir à Maude. Peut-être. Cependant, à sa place, n’aurait-elle pas fait la même chose ? Pouvait-on rompre des liens pour quelque chose qui s’était passé, et qui ne l’avait pas choqué, parce qu’après plusieurs années, il fallait bien avancer ? Non. Elle ne souhaitait à personne le cercle morbide qui avait été le sien, fait d’erreurs nocturnes, de superbes levers de soleil aussi, et à nouveau de tempêtes du soir, cafard. Qui, en toute honnêteté, continuait à être le sien, de façon intermittente, à obscurcir son esprit et ternir son inspiration, à la pousser à sans cesse composer en noir et gris, elle qui avait tant aimé briser la froideur d’une composition sombre par un éclat coloré. Mais l’éclat était bien fade, désormais. Quelques fulgurances demeuraient, rares et précieuses. Et, elle le remarquait, ces dernières avaient tendance à être liée à l’expression concrète de ses valeurs ou de ses sentiments, elles servaient un but. L’art pour l’art, cette belle idée, l’avait quitté. Il restait l’art utile, qu’elle avait parfois dédaigné, plus jeune, au faîte de sa petite gloire, persuadée de changer le monde sans vraiment essayer, que son message était celui que chacun trouverait, et que l’essentiel était dans ce qu’elle montrait, et non dans ce qu’elle expliquait, dénonçait, revendiquait. Ou du moins, rarement. Maintenant, elle faisait des posters pour l’association de Jodie, elle occupait ses soirées à produire des jouets pour Alban … Cependant, l’orgueil de l’artiste demeurait, vil démon, qui l’empêchait de céder à un aspect plus commercial, peut-être pour ne pas se perdre tout à fait. Le statut était précieux, sur le marché concurrentiel de l’art. Et n’était pas Warhol qui veut. Ce constat n’était néanmoins pas évident à expliquer. Ce qu’elle tenta tout de même de faire, d’une façon aussi détachée que possible, tout en continuant à jouer avec Alban et à le faire sautiller sur ses genoux :

« Techniquement, j’ai déjà un site. Bon, je dois refaire l’architecture depuis un moment, parce qu’elle date un peu … mais c’est vrai qu’il est davantage destiné à exposer mes anciennes collections, à donner mon agenda, mes participations à des expositions, des panels, ce genre de choses … Un site purement professionnel, et les seules ventes dessus sont les pièces qu’il me reste ou des lithographies de certaines de mes toiles. Je n’ai pas réfléchi à étendre réellement …

Il faudrait déjà que j’arrive à produire de nouvelles toiles à peu près correctes, et comme je n’en suis pas là … »


Du moins, pas à son avis, exigeant certes, mais qui n’ignorait rien non plus des exigences propres à son secteur professionnel.

« Autant que je m’occupe en cadeaux ou en commandes utilitaires pour des amis. Là au moins, je sais ce que je fais. »

Parce que là, ça avait un sens. Elle savait exactement où allait. C’était clair, limpide, il y avait un cahier des charges évident en quelque sorte. Elle n’était pas seule, face à la toile blanche, à ne pas savoir quoi dessiner, et à toujours reproduire les mêmes aplats grisâtres, à l’infini, comme une lande désolée qui n’avait pas de fin et occupait sans cesse son imagination poussiéreuse. Tout en laissant Alban enrouler ses doigts autour de son index, et lui tirer dessus, la trentenaire expliqua :

« Je ne peux pas faire grand-chose pour t’aider, alors … je m’en tiens à une modeste participation. »

Avisant la bouille d’Alban, elle ajouta :

« En plus, je récolte de jolis sourires, si ce n’est pas le meilleur paiement du monde … Hein Alban ? »

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· Re: (cecilia), until the very end. Lun 12 Avr - 20:55

@Cecilia Nordgren | until the very end
Le printemps s’est installé, depuis quelques temps. Le soleil brille, les oiseaux chantent, l’herbe fleurit, les arbres verdissent. Le ciel est bleu, aussi. Les températures sont un peu plus douces, mais restent encore un peu froides, malgré tout. Le printemps s’installe, doucement, et pour Maude, ça veut aussi dire que ça fait déjà une saison entière que Julian est revenu à Brackendale. C’est la preuve que le temps passe trop vite, sans que rien ne change. Ça fait plus de quatre mois déjà, qu’il est revenu. Elle aurait peut-être dû se bouger, faire un effort pour changer les choses. Mais qu’aurait-elle pu faire ? Qu’était-elle censée faire ? Est-elle en tort, Maude ? Aurait-elle dû tout plaquer, tout lâcher, tout ce qu’elle avait essayé de reconstruire en l’absence de son mari, à son retour à lui ? C’est toujours l’éternelle question, celle à laquelle elle n’a aucune réponse. Elle a bâti quelque chose qui n’est pas encore solide, mais quelque chose auquel elle s’est attachée, quelque chose qui lui a donné la force de s’accrocher. Elle a tenté de construire quelque chose, pour avancer – voir tout s’effondrer d’un coup, serait un bouleversement supplémentaire. Comme n’importe qui, Maude, elle a besoin de temps pour s’y faire. De temps pour intégrer les nouvelles informations. Parce que si tout disparaît, si tout part en morceaux, si tout se brise, elle n’est pas certaine de la survie de son équilibre. Elle ne sait déjà pas comment est-ce qu’elle a fait, pour ne pas s’effondrer. A tout garder pour elle, elle finira bien par exploser.

Personne n’a de guide pour ce genre de situations. Personne ne sait comment on est censé réagir, quand son époux revient d’entre les morts. Parce que ce n’est pas courant, ce n’est pas un truc qui se produit tous les jours. Ni même, jamais. Elle l’espérait, Maude, quand il n’était plus là – elle rêvait du jour où il reviendrait, parce qu’après tout, on n’avait pas trouvé son corps. Mais l’espoir l’avait quittée, comme les autres, parce qu’on se fait du mal à croire en des trucs impossibles. On se fait du mal aussi à rester dans le passé – et c’est ce qu’elle a fait, Maude, longtemps. Tenter quelque chose avec Sean, au moins, ça lui mettait un pied dans le futur. Un futur incertain, certes, mais un futur quand même. Elle doit admettre qu’elle-même, elle n’y croyait pas trop. Mais elle lui a laissé une chance. Ne serait-elle pas égoïste, pas conne, de le lâcher maintenant ? Elle ne sait plus trop ce qu’elle veut, elle ne sait plus trop où elle en est. Elle se demande comment les autres le vivent. Les frères et sœurs de Julian, Cecilia, tous ceux qui connaissent Julian de près ou de loin – mais les plus proches, surtout. Elle n’a pas posé la question, de toute façon, pour eux, tout doit aller bien. Ils ont pu le retrouver, il est vivant – et après tout, elle pourrait l’avoir retrouvé aussi, Maude. Elle ne peut probablement s’en prendre qu’à elle-même, si ce n’est pas son cas. Elle brûle aussi, de demander à Cecilia, comment il va. Mais peut-être n’est-ce pas plus mal, que ça reste un sujet tabou. D’une certaine façon – parce que ce soldat qu’elle a créé de ses mains, pour Alban, ce n’est pas anodin. Elle est douée, Cecilia, c’est un fait. « Okay, très bien, je vais faire chauffer l’eau. » Elle sourit, laisse même échapper un léger rire, amusée par le jeu de mots de la jeune femme. Et elle se lève, la brune, pour remplir la bouilloire et la mettre à chauffer – leur permettant de poursuivre tranquillement leur conversation, en attendant. « Ce pourrait être bien, d’étendre, justement. Quand tu te sentiras prête et que tu auras quelques toiles. » Sans pression, aucune. Il ne faut pas le faire si elle n’en a pas envie. Mais Maude, elle a confiance en elle. Elle sait qu’elle est douée, Cecilia, son présent pour Alban en témoigne. Mais la brune, elle comprend aussi le fait de ne pas se sentir prête ou le fait de ne pas en avoir envie pour l’instant. Elle a le temps avant de se décider, de toute façon. « C’est comme tu le sens. On est toujours heureux de te passer des commandes, en attendant. » Elle ponctue ses paroles d’un sourire, à nouveau. Peut-être qu’un jour, l’inspirera viendra, la confiance aussi. Peut-être qu’un jour, à nouveau, Cecilia peindra de nouvelles toiles. Mais à quoi bon se mettre la pression, en attendant ? « Mais c’est énorme, ce que tu fais. » Et ça la touche, qu’elle veuille l’aider, malgré tout. Malgré Julian, malgré la rancœur qu’il éprouve toujours à son égard. Ça ne semble rien changer aux relations de Maude avec ses belles-sœurs ou les amis de son mari. Ils étaient là en son absence, ils sont toujours là, quels qu’aient été les choix de la brune. « C’est vrai, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour ces sourires-là. » Elle aussi, elle les aime, les sourires de son fils. Ils l’ont toujours apaisée, ils lui ont redonné beaucoup de foi en la vie et en l’avenir. Ce n’était pourtant pas toujours si facile. Se levant alors que la bouilloire siffle, elle se hâte de remplir deux tasses, qu’elle dépose sur la grande table, avant de ramener ses boîtes à thé. « On va pouvoir goûter, y’en a un qui n’attend que ça. » Alban, évidemment, quand bien même il semble subjugué par le nouveau présent de Cecilia. Nul doute qu’il voudra l’embarquer partout, où il ira.
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Cecilia Nordgren
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Cecilia Nordgren
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occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Re: (cecilia), until the very end. Lun 19 Avr - 12:28

-Until the very end -
@Maude Dawley
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« La chambre d’Alban va finir par manquer de murs si je lui peins encore quelque chose. »

Entre le tableau de son ours en peluche préféré, le mobile lit qu’elle avait fabriqué et peint – merci les tutoriels trouvés sur Internet pour la partie bricolage – et autres petites décorations diverses, Cecilia avait eu tendance à participer pleinement à la mise en place de la chambre du petit garçon, parce qu’elle était douée de ses mains, fondamentalement, et que c’était donc tout naturel de donner un coup de main, et parce qu’elle trouvait dans les tons pastels doux une facilité de création qui avait tendance à lui échapper. Curieusement d’ailleurs, car ce n’était pas exactement son style ordinaire, fait de grands aplats de couleurs vives, de contrastes parfois violents, de jeux sur les textures et l’hétérochromie. Ici, elle reprenait le goût des tonalités délicates, des aquarelles et de la sculpture, qu’elle avait longtemps délaissé. C’était autre chose, très différent de ses expérimentations glorieuses. Cela lui convenait, pour un temps du moins. Elle trouvait à s’épanouir dans ces nouvelles modalités artistiques, modestes certes. Et qui correspondaient à un exercice cadré, loin de ses aspirations, de son esthétique comme de son éthique qui demandaient une liberté absolue de création, le besoin irrépressible de se plonger dans les entrailles de son esprit pour faire jaillir l’image qui viendrait des tripes et qui peindrait le monde selon sa vision particulière, au gré de ses observations, de l’inspiration que ces dernières provoqueraient, parce que c’était ainsi que l’on capturait l’étonnement profane, le moment particulier qui auparavant n’avait jamais attiré l’attention. Cette particularité du processus créatif l’empêchait présentement d’être satisfaite de son travail, justement parce qu’il pêchait, tout comme il rendait la satisfaction d’un travail fait dans un but précis difficile. Il était présent, de temps en temps, bien sûr. Mais il y avait toujours une pointe de regret sur cet art utilitaire qu’elle avait si souvent délaissé, conspué. Alors, elle revoyait ses principes, objectivement. Cependant, demeurerait toujours cette envie de dépasser les contingences de la commande, pour ne vivre que d’art, pour ne se vouer qu’à l’art pour l’art.

Heureusement, il y avait tout de même d’autres satisfactions dans son existence. Comme, présentement les sourires d’Alban, qui continuait à babiller joyeusement sur ses genoux. Tandis que sa mère préparait le goûter, Cecilia se leva, le gardant calé dans ses bras, sa nouvelle acquisition enfermée dans sa petite menotte, et en s’approchant, elle lui demanda :

« Tu le mets dans sa chaise ou je le garde sur mes genoux ? »

Une fois le bambin calé selon les vœux de sa mère, Cecilia observa le tableau tranquille de cette après-midi douce, allant de sa mère au petit garçon, et à elle-même. Il manquait une personne, qui était pourtant présente dans le silence. Longtemps, il avait été là par leurs pensées, convoqué pour que son souvenir ne s’éteigne pas, au gré des conversations pour essayer d’aider Alban à comprendre qui était son père, ou du moins, à faire sentir au bambin qu’il y avait une autre personne qui, quelque part, veillait sur lui, qui existait. Cruelle ironie, désormais, il était présent par leur capacité à éviter d’y penser, parce qu’il battait froid à son épouse – ex-épouse ? Rien que se poser cette question résumait toute la difficulté de la situation – et que Cecilia ne savait pas comment aider au mieux, et à vrai dire, se voyait mal conseiller quoi que ce soit, tant il lui semblait que l’issue était hors de sa portée. En vérité, c’était rendu d’autant plus compliqué qu’elle aurait été bien en peine de conseiller quoi que ce soit. Alors, elle se taisait, ce qui était suffisamment rare pour être souligné quand on la connaissait, et elle se contentait de petits signes discrets et de sa présence. C’était peu. Manifestement, pour Maude, c’était déjà beaucoup. Maigre satisfaction. Son attention fut à nouveau attirée par les piaillements d’Alban et sa mine réjouie à l’idée de manger, ce qui lui arracha un sourire attendri, alors qu’elle s’entendait dire :

« Effectivement, on ferait beaucoup pour ces sourires. Ça donnerait presque envie d’en avoir à la maison. »

Restaient les minuscules détails de : ne pas être célibataire, trouver une compagne ayant un désir d’enfant, arriver à en assumer réellement un – et honnêtement, Cecilia n’avait jamais trop su où se placer de ce côté, aimant les enfants mais n’ayant jamais réellement eu le temps de se poser pour y songer – et se lancer dans des démarches coûteuses et fatigantes, qui pouvaient parfois prendre des années à se concrétiser tandis que les chances s’affaiblissaient à mesure que l’âge avançait. Minuscules détails, vraiment. Il n’empêche que dans ces situations, elle ne pouvait s’empêcher d’y réfléchir, furtivement. Avant de balayer l’idée, parce qu’il fallait déjà qu’elle mette de l’ordre dans sa vie. Finalement, la suggestion de Maude n’était peut-être pas mauvaise : c’était en forgeant qu’on devenait forgeron, ce serait en peignant qu’elle redeviendrait peintre.

« Pour revenir à ce que tu disais, si jamais tu as un besoin particulier, je peux toujours voir si j’ai une idée. Après tout, j’ai du temps libre, les cours à l’université ne m’occupent pas énormément … même si, depuis qu’Isley m’a montrée où se cache le café de la salle des profs, j’y passe davantage de temps. Il est meilleur que chez moi. »

Oui, elles avaient reparlé. Et Cecilia se disait que Maude serait sans doute contente que sa meilleure amie et la meilleure amie de Julian aient passé le cap de la gêne post-rupture. Non pas que, là encore, cela ait changé quoi que ce soit entre elles, Cecilia ayant toujours veillé à respecter l’intimité de son ancienne compagne, et à ne pas empiéter sur l’amitié qui pouvait la lier à Maude. Un peu comme quand cette dernière et sa sœur s’étaient séparées. Ne pas prendre parti dans ces cas-là, et ne pas forcer à en prendre un, c’était une règle de conduite qu’elle s’appliquait depuis longtemps, et qui avait fait ses preuves. Résolution qu’il était possible qu’elle mette bientôt à rude épreuve, pensée qu’elle chassât comme un moucheron désagréable. Décidément, tout avait tendance à s’emmêler et à être compliqué. Les joies de la vie d’adulte.

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Maude Dawley
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· Re: (cecilia), until the very end. Sam 1 Mai - 11:53

@Cecilia Nordgren | until the very end
Seule, elle n’aurait pas tenu le coup, elle croit bien. Seule, elle se serait laissé sombrer, Maude. Ou peut-être que, le bébé poussant alors dans son ventre, l’aurait aidée, à aller de l’avant. Pourtant, cela n’a pas été si facile à accepter, à l’époque. Elle voulait être mère, pourtant. Elle voulait l’être avec Julian, parce que c’était un de leurs projets, un de leurs rêves communs. Parce que l’envie était venue avec le temps, parce qu’eux deux, ça collait, ça marchait, ça durait. Parce que c’est le genre d’envies qui naissent, parfois. Avant Julian, elle n’était pas forcément sûre de savoir ce qu’elle voulait – à vrai dire, elle ne se posait pas vraiment la question, elle était plus jeune aussi, elle ne se projetait pas encore dans tout cela. Elle avait d’autres priorités, d’autres choses en tête. Et ses diverses histoires, elle avait préféré les vivre un peu au jour le jour, sans trop se faire d’espoir, sans trop se précipiter non plus. Elle avait préféré prendre simplement le temps de connaître les personnes qu’elle avait fréquentées, de passer de bons moments avec elle, et la possibilité de s’engager plus sérieusement avec quelqu’un ne s’était finalement jamais présentée avant Julian. Peut-être était-ce paradoxal, parce qu’il n’était pas si souvent à Brackendale, finalement. Il revenait de temps en temps, pour ses permissions, mais son engagement le conduisait à être loin d’ici – bien au-delà des frontières canadiennes. Et malgré tout, cela ne les avait pas empêchés d’avoir une relation sérieuse, de s’installer finalement ensemble, de se marier, et même, de parler bébé. Cela ne les avait pas empêchés de s’aimer sincèrement, passionnément, et de vouloir finir leurs jours ensemble.

Elle connaissait les risques, Maude. Dès lors qu’elle l’avait rencontré, elle l’avait su – parce que Julian n’avait pas caché ce qu’il était, quelle était sa carrière. Il n’avait pas caché qu’il ne revenait en ville qu’en de rares occasions, souvent trop courtes. Elle connaissait d’avance, ses absences, longues et répétées. Elle savait qu’elle serait seule, la plupart du temps, et que ce serait difficile à gérer. Pourtant, elle n’est jamais partie, elle l’a toujours attendu avec beaucoup de patience – et ce, même s’il lui manquait. Mais après sa présumée mort, c’est comme si tout s’effondrait. Soudainement, elle n’arrivait plus à être forte, Maude, elle n’en avait plus envie. Avec le temps, elle a appris à se battre, à s’accrocher, pour Alban. Mais ça n’a pas toujours été si simple, si évident. Elle garde en elle la culpabilité, de s’être un temps laissé couler. De ne pas avoir été à la hauteur. Il n’a pas l’air malheureux, Alban, maintenant, mais elle continue de s’en vouloir. De douter d’elle-même, de ses capacités de mère, souvent. Mais on ne le dirait pas, là, comme ça. Elle ne sait pas si Cecilia, tout comme les autres, le voient. « On trouvera toujours de la place, ne t’en fais pas pour ça. » répond-elle en riant doucement, lui faisant un clin d’œil. C’est vrai que les murs de la chambre de son fils, sont bien garnis des œuvres de Cecilia. Et c’est loin d’être désagréable. Alban, en tout cas, il est toujours ravi de recevoir ses présents – preuve en est, encore, maintenant, avec la petite figurine en bois que la jeune femme lui a faite. Et Maude, elle apprécie beaucoup, tout ce que Cecilia fait pour lui, pour elle aussi. C’est toujours un plaisir de la voir, de l’accueillir. De prendre le thé, le goûter, avec elle, comme maintenant. « Tu peux le garder sur tes genoux, si tu veux. Pas d’obligation, bien sûr. » Mais si Cecilia l’a proposé, c’est que ça ne doit pas la déranger. Elle sait qu’elle l’aime beaucoup, Alban, de toute façon. Elle en profite donc, Maude, pour amener la bouilloire, les boîtes de thé, les tasses et les cookies, préparées un peu plus tôt, pendant la sieste de son fils, et pose le tout sur la table du salon. Elle laisse son amie s’installer, et s’assied à son tour sur une chaise, à proximité, poussant l’assiette de biscuits vers eux, souriant en voyant son fils en attraper un avec empressement. « Vraiment ? Tu serais très douée avec un enfant. » fait-elle, en souriant. Alban en est la preuve, après tout. Elle a bien noté le presque de Cecilia, bien sûr, mais ça pique quand même sa curiosité. Peut-être que ça ne la regarde pas, de toute manière, elle n’insistera pas. Elle la laisse se servir en thé, puis fait de même, avant de lui répondre : « Avec plaisir. On a de la place juste là, regarde. » Et elle lui montre l’un des murs du salon, qui fait presque trop vide – une jolie toile le comblerait peut-être, et pourrait mettre un peu de couleurs dans la pièce. « Les cours se passent bien ? » l’interroge-t-elle alors, sincèrement soucieuse de la réponse. Néanmoins, la grande question qu’elle se pose, elle ne va pas la retenir plus longtemps. « Et ç’a été, avec Isley ? » Question posée, l’air de rien. Elle sait qu’elles se sont croisées, mais n’a pas tous les détails. Elle ne les demandera pas, mais c’est sa façon à elle, de veiller à la fois sur Isley et sur Cecilia.
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