FEELS LIKE I'M LOSING YOU TWICE | @Maude Dawley
Depuis quatre mois maintenant, Julian était de retour à Brackendale. Il avait cru qu’il n’y remettrait jamais les pieds. Il s’était dit qu’ils allaient bien finir par le tuer, ou qu’il allait mourir d’une infection, de faim, de soif, avant qu’on ne le retrouve. Personne ne l’avait vraiment cherché de toute façon. Il n’avait pas été porté disparu Julian, il avait été déclaré décédé, alors forcément, personne n’était venu à son secours. Trois ans s’étaient écoulés avant qu’on ne le retrouve, un peu par hasard, dans le fond. Trois ans, avant qu’on ne le sorte de là. Ça avait été long, vraiment très long. Il avait fini par perdre la notion du temps Julian. Il avait eu l’impression que ça faisait beaucoup plus longtemps, si bien qu’il avait été surpris, quand on lui avait donné la date et que les maths faites, il avait réalisé que ça ne faisait que trois ans. Ce n’était pourtant pas une façon de relativisé, bien au contraire. Trois ans c’était déjà bien assez. Ça avait été long et éprouvant. Il avait souhaité mourir plus d’une fois Julian, qu’on l’achève une bonne fois pour toutes parce qu’il n’en pouvait plus. La clémence n’était jamais tombée et peut-être que c’était une bonne chose, car au moins maintenant, il était de retour chez lui. Il pouvait reprendre sa vie le blond, même s’il était bien obligé d’admettre qu’elle était bien différente de celle qu’il avait quitté, trois ans plus tôt quand il avait été envoyé sur cette mission. Il n’avait même pas remis le pied au Canada qu’il avait bien compris que les choses allaient être vraiment différentes pour lui. Il ne s’était pas trompé, avoir été déclaré mort pendant trois ans, ça avait changé beaucoup de choses dans sa vie et c’était compliqué à gérer, même d’un point de vue administratif, rares étaient ceux qui revenaient à la vie après tout.

Il avait vite compris que sa femme avait un autre homme dans sa vie et que cet homme, c’était un ancien ami à lui. Il n’arrivait pas à voir les choses autrement qu’une sale trahison de la part de deux personnes en qui il avait pourtant eu confiance. Il était censé être mort, personne ne pensait le revoir un jour, on n’arrêtait pas de le lui répéter, comme si ça pouvait tout justifier, mais la rancœur, la douleur, elles étaient là et il n’arrivait pas à s’en défaire. Au moins, il n’y avait pas que du négatif dans cette nouvelle vie. Il y avait Alban. Un fils qu’il ne pensait pas avoir, quand bien même avec Maude, ils avaient voulu avoir un bébé et ils avaient essayé avant qu’il ne parte. Elle était tombé enceinte au pire moment. Mais il y avait Alban et c’était indéniablement une bonne raison de s’accrocher à ce nouveau quotidien, à redémarrer dans la vie, malgré tout ce qui lui était arrivé. Il voulait être son père Julian et pourtant, il était noté comme décédé dans les papiers de naissance du petit. Ils avaient pris un avocat pour régler ça Il était bien tenté de dire qu’il n’y avait pas besoin d’avocat, qu’il était vivant et qu’on devait lui rendre ses droits parentaux sans poser de questions, mais ce n’était pas aussi simple. Il se battrait s’il le fallait Julian, parce qu’il était son père et qu’on ne pouvait pas lui retirer ça. Sinon quoi ? Un beau jour Maude allait épouser Sean et ce serait Sean qui deviendrait la figure parentale d’Alban. C’était hors de question. Ça lui faisait déjà mal qu’il se tape sa femme, il ne voulait pas en plus qu’il soit un père pour son fils. Le seul père c’était lui. Ils avaient signé un tas de paperasse en présence d’un avocat et maintenant, il n’y avait plus qu’à espérer que ce soit réglé rapidement, mais il se doutait bien que ce ne serait pas aussi simple. Au moins, maintenant que le rendez-vous été terminé, il pouvait prendre la fuite Julian, rentrer chez lui et s’éloigner de Maude. Il préférait la fuir le blond, c’était trop dur de la regarder en face sans penser à Sean, à leur histoire, à la trahison. Il s’apprêter à tracer son chemin, avant que la brune ne le retienne. « Parler de quoi ? » Il demanda, une autre façon de souligner le fait qu’ils n’avaient rien à se dire. Si elle voulait parler avec quelqu’un, elle n’avait qu’à aller voir Sean, puisque c’était lui son conjoint maintenant. Lui, il était l’ex, alors et les exs n’avaient rarement grand-chose à se dire.

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Il était déboussolé depuis qu’il était rentré au pays le blond. Ça ne faisait que quatre mois qu’il était de retour et il faisait le nécessaire pour reprendre sa vie en cours de route. Il s’était trouvé un nouveau travail, peut-être que c’était un peu tôt pour se lancer dans ce genre de projets, mais il avait eu besoin de s’occuper l’esprit Julian et il lui semblait bien que la meilleure solution pour ça, c’était encore de se plonger dans le travail. Il avait quitté l’armée, avec quelques regrets, parce que toute sa vie il l’avait passé là-dedans, mais vu ce qu’il avait subit, il savait qu’il était incapable de poursuivre dans cette voie-là. Ouvrir son propre pub, ce n’était pas le projet de toute une vie, mais dans le fond, il avait eu le temps d’y penser. Il avait passé quatre ans à se demander ce qu’il pourrait bien faire de sa vie, si jamais on lui offrait une nouvelle vie. Il y avait pensé à ce pub, mais il avait un peu moins anticipé le reste. Il n’avait pas imaginé que sa femme serait avec un autre homme et qu’il aurait un fils. Au moins, avoir un fils, c’était une bonne nouvelle, même s’il n’avait pas été là pour sa naissance, ni pour les premières années de sa vie. C’était frustrant, il avait l’impression d’avoir tout manqué, mais il relativisait au moins en se disant qu’il allait pouvoir passer du temps avec son fils maintenant. C’était presque comme une récompense pour tout ce qu’il avait traversé pendant ces trois dernières années. Pour le reste, il préférait ne pas trop y penser. Imaginer Maude avec Sean, ça avait tendance à l'énerver. Il y avait de jalousie, de la frustration, la sensation d’avoir été complètement trahi et ça faisait beaucoup trop de mal, rien que d’y penser.

Il avait assez souffert ces trois dernières années, alors ce serait idiot de sa part de s’ajouter encore plus de difficultés. Peut-être qu’il faisait l’autruche, mais au point où il en était, fuir les situations difficiles et douloureuses, ça ne pouvait pas lui faire de mal, bien au contraire. Alors, il fuyait Maude, parce qu’il n’avait pas envie de s’entretenir avec elle. Il n’avait pas envie de l’écouter lui expliquer le pourquoi du comment elle avait fini par se mettre en couple avec un autre homme. Si c’était pour entendre des discours comme quoi, il était censé être mort, c’était normal de tourner la page, ça ne l'intéressait pas. Il était censé être mort, c’était vrai, alors si elle avait tourné la page, autant qu’elle continue dans cette voie là et qu’elle le laisse tranquille. A quoi est-ce que ça servait de continuer à venir vers lui, si elle avait choisi de faire sa vie avec un autre homme ? Ce n'était pas la peine de venir retourner le couteau dans la plaie. Peut-être qu'il ferait bien de se renseigner pour voir si aux yeux de la loi ils étaient encore mariés ou non et s'ils l'étaient encore, il pourrait toujours demander le divorce. Ce serait plus simple pour tout le monde. Elle était légitime alors, sa question à Julian. De quoi est-ce qu'elle voulait parler, Maude ? Qu'est-ce qu'ils avaient encore à se dire tous les deux ? Rien, d'après lui. De son côté, il n'avait rien à dire et il n'avait pas envie de l'écouter. « Non, je sais pas. » Il répondit simplement. Il ne savait pas de quoi elle voulait parler Maude parce que pour lui, à part pour ce qui concernait Alban, ils n'avaient rien à se dire et ils venaient juste d'en parler d'Alban. « Excellente déduction, Sherlock. » L'ironie était évidence dans le ton de sa voix. Au moins, il ne cherchait pas à le nier. Il l’évitait, en effet et il avait ses raisons le blond. Il était amer Julian et clairement, il avait du mal à le cacher. De toute façon, il n’avait pas envie ravaler sa fierté Julian. « Qu’est-ce que je suis censé faire ? » Tolérer sa présence, alors qu’à chaque fois qu’il la regardait, il n’arrivait pas à se sortir de la tête sa relation avec Sean et clairement, ça le rendait fou, le blond. Est-ce qu’elle s’attendait à ce qu’il se batte pour elle ? Ce serait une volonté digne d’une diva d’après lui, et non, il n’avait pas l’intention de ramper à ses pieds comme un désespéré. Il avait bien le droit de garder ce qu’il lui restait d’honneur. Pas grand-chose, après ce qu’il avait connu ces quatre dernières années, mais reconstruire son égo, c’était aussi une étape pas laquelle il devait bien passer pour se reconstruire, après tout.

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Reprendre sa vie après ce qu’il avait connu, Julian, c’était loin d’être facile. Il avait été captif pendant trois longues années, privé de sa famille, privé de sa vie, privé de tout. Ça avait été un calvaire pendant toutes ces années, si bien qu’il avait du mal à croire qu’être ici, de retour chez lui, c’était la réalité. Il était parfois obligé de se pincer pour se convaincre que tout autour de lui, c’était bien vrai et qu’il n’était pas encore au fond de son trou en train d’halluciner ou en train de rêver. Peut-être qu’il avait quand même de quoi se rendre compte que ce n’était pas qu’un rêve, parce qu’au final, ce n’était pas aussi idyllique qu’il aurait pu l’imaginer. Certes, il y avait Alban qui venait contrebalancer beaucoup de choses. C’était facile en pensant à son fils de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, mais c’était impossible pour lui de ne rien ressentir quand il pensait à Maude et Sean. Certes, il était censé être mort, il avait bien fallu qu’ils aillent de l’avant. Personne n’aurait pu se douter qu’il allait revenir comme ça du jour au lendemain, mais ça faisait quand même un mal de chien d’imaginer son épouse, avec quelqu’un qu’il avait considéré comme un ami pendant des années. La frustration était présente et il n’arrivait pas à lutter. Il avait survécu à l’enfer et en prime, il devait assister à la fin de son mariage et c’était limite de sa faute, parce qu’il n’avait pas été là, ces trois dernières années. C’était difficile à accepter, alors Julian, il préférait éviter de passer trop de temps avec Maude, parce que ça lui faisait plus de mal que de bien. Elle était avec quelqu’un d’autre maintenant et ce n’était pas comme s’ils s’étaient séparés en bonne et due forme, alors ça rendait les choses d’autant plus compliquées.

Elle était allée de l’avant, elle avait choisi de refaire sa vie. Mais ce n’était pas son cas à lui, il n’en avait pas eu l’occasion Julian. Il n’avait pas vraiment pensé qu’il en avait besoin, étant donné qu’ils n’avaient pas choisi d’un commun accord de se séparer. C’était à lui de s’adapter à une situation qui était de sa responsabilité et qu’il n’avait pourtant pas choisie. C’était plus difficile et douloureux que ça en avait l’air, alors il préférait prendre la fuite le blond. Il avait besoin de s’épargner cette fichue douleur qu’il ressentait dès qu’il était question de Maude. De toute façon, si elle, elle avait tourné la page, alors pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas le laisser tranquille hein ? Qu’est-ce qu’elle avait a gagner à vouloir discuter avec lui dans le fond ? Elle avait passé ces trois dernières années sans lui, elle avait commencé à reconstruire sa vie sans lui, alors autant qu’elle continue comme ça, ça éviterait qu’ils se fassent du mal inutilement. « Peut-être bien. » Il haussa les épaules. Qu’il ne sache pas ou qu’il ne veuille pas savoir de quoi est-ce qu’ils pouvaient avoir besoin de parler tous les deux, elle était où la différence dans le fond ? Il n’avait pas envie de parler avec elle et c’était bien le plus important à retenir dans cette histoire. Il l’évitait, c’était vrai et il ne s’en cachait pas le blond. De toute façon, il n’allait pas lui mentir ou se chercher des excuses. Il avait ses raisons, qu’elle ne les comprenne pas, au pire, ce n’était pas son problème. Ils n’étaient plus ensemble après tout. « C’est ça, on a qu’à discuter ensemble et peut-être que tu m’inviteras à prendre l’apéro avec toi et ton nouveau petit copain. » Une perspective d’avenir qui ne l’enchantait pas le moins du monde, Julian. Ils avaient tourné la page Sean et Maude, ils étaient ensemble, tant mieux pour eux, mais ça ne voulait pas dire qu’il était obligé d’accepter et encore moins d’assisté à leur histoire en prétendant que ça lui convenait parfaitement. « J’ai rien à te dire de toute façon. » Parce qu’ils n’étaient plus rien. Il était son ex, aux dernières nouvelles, puisqu’elle avait quelqu’un d’autre dans sa vie, alors de quoi est-ce qu’elle voulait qu’il lui parle hein. S’il avait besoin de s’ouvrir à quelqu’un, de se confier sur ce qu’il vivait maintenant ou ce qu’il avait pu connaître ces dernières années, il avait sa famille, il avait ses amis, il avait même son psy et c’était clairement mieux que sa femme, qui avait refait sa vie avec quelqu’un d’autre.

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Quand on l’avait sorti de sa captivité, on lui avait dit que tout allait bien se passer, qu’il allait rentrer chez lui et naïvement, il avait tout de suite pensé à Maude, Julian. Il s’était accroché à cette alliance, qui peinait à rester en place sur ses doigts amaigris. Quand on lui avait demandé qui contacter, il avait donné le nom de Maude en premier, parce que c’était logique de penser à sa femme en premier et ce même s’il y avait eu une multitude de personnes qu’il avait eu envie de revoir, pare qu’il avait passé trois ans loin de ses proches. Maude, elle avait été son premier choix et pourtant les retrouvailles n’avaient pas été à l’image de ce qu’il avait pu espérer. On l’avait prévenu pourtant. Trois ans à être considéré comme mort, il fallait qu’il s’attende à ce que sa vie ne soit plus exactement pareil. Mais il s’était quand même accroché à son mariage et il avait vite déchanté en comprenant qu’elle voyait quelqu’un d’autre et que ce quelqu’un, en prime, était un ami à lui. Il y avait eu de la frustration, de la rancœur, un sentiment d’abandon, de trahison qu’il avait encore du mal à surmonter aujourd’hui. En même temps, ça ne faisait que quatre mois qu’il était rentré, il avait besoin de plus de temps que ça pour tout assimiler. C’était difficile à encaisser et peut-être qu’il ne se mettait pas assez à la place de Maude, pauvre Maude qui avait dû affronter un veuvage et une grossesse seule. Il fallait croire qu’elle ne se mettait pas non plus beaucoup à sa place à lui. Après tout, s’il fallait jouer au jeu de celui qui avait le plus souffert ces dernières années,  il remportait la partie le blond. Qu’elle ait souffert, c’était une chose, ça ne justifiait pas qu’elle vienne lui imposer sa nouvelle histoire d’amour en pleine face.

Qu’elle le veuille ou non, que ce soit de sa faute ou non, ça lui faisait du mal. Alors si elle avait un tant soit de considération pour ce qu’il pouvait ressentir, elle pourrait peut-être comprendre qu’il n’avait pas envie de la voir, ni envie de parler avec elle, s’étendre sur sa vie, et lui faire des confidences. Elle n’avait plus ce rôle dans sa vie et elle ne pouvait plus y prétendre alors qu’elle fréquentait quelqu’un d’autre. Le mieux, ce serait encore qu’elle le laisse aller de l’avant en le laissant tranquille pour commencer. Si elle, elle y avait le droit, pourquoi pas lui, après tout ? Peut-être bien qu’il devrait essayer de trouver quelqu’un d’autre, ne serait-ce qu’une histoire d’un soir, pour s’envoyer en l’air et profiter du plaisir des relations charnelles. Ça ne lui ferait pas de mal après tout, de se souvenir qu’on pouvait aussi ressentir du plaisir et pas uniquement une profonde douleur. Alors Maude, elle pouvait bien aller faire sa petite vie avec Sean, mais elle n’avait pas à la lui imposer. « Ouais, bha dans tous les cas, tu l’as lui pour discuter, je suis sûr qu’il doit crever d’envie de te raconter sa vie. » Et sans doute pas que de lui raconter sa vie. Il se demandait, Julian, si avant tout ça, Sean avait pu être intéressé par sa femme et si, inversement, Maude avait pu avoir des vues sur Sean. Une question qui ne l’aidait pas non plus à prendre leur histoire d’un bon pied. « Je suis vraiment désolé de compliquer ta vie en étant pas mort. » Encore de l’ironie, évidemment, il ne manquerait plus qu’il s’excuse sincèrement d’être encore en vie, comme s’il avait choisi toute cette situation. « Dommage qu’ils ne m’aient pas écouté à chaque fois que j’ai pu les supplier de me tuer, une bonne fois toute. Si j’avais su, j’aurais ajouté que ça arrangerait ma femme, peut-être que l’argument aurait fait pencher la balance en ma faveur ! » Le tuer, par moment, ça aurait été une faveur qu’on lui aurait faite. Il l’avait pensé, il l’avait vraiment demandé pour échapper à cet enfer. Mais ils ne lui avaient pas accordé cette faveur, ils ne lui avaient rien apporté du tout. Alors il était encore en vie, n’en déplaise à Maude et certainement à Sean. Elle voulait en savoir plus sur ces trois dernières années, maintenant, elle avait cette information en plus : le calvaire avait été tellement insurmontable qu’il avait considéré qu’être mort serait une meilleure option et à bien y réfléchir, puisque tout le monde avait déjà fait son deuil, ça aurait probablement été mieux ainsi.

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Ce n’était pas une situation courante à laquelle ils étaient confrontés Julian et Maude. Julian et le reste de ses proches dans le fond. Perdre un proche, ça arrivait, c’était tragique, mais ça arrivait à beaucoup de personnes. Lui, il avait perdu sa mère quand il n’avait été qu’un gamin, alors il savait très bien que ce genre de malheurs pouvaient arriver, n’importe où, n’importe quand et ce même quand on ne s’y attendait pas. Sa mère était morte en couche, quatrième et dernier enfant qu’elle avait mis au monde, qui aurait pu s’attendre à ce qu’elle décède ce jour là ? Personne ne les avaient vues venir les complications, pas même les médecins qui pourtant avaient de l’expérience dans le domaine. Lui, ça avait été différent. Il était entré dans l’armée en toute connaissance de cause. Il avait su ce qu’il risquait à chaque fois qu’il partait en mission. Évidemment, ça ne voulait pas dire que ses proches avaient été préparés à ce qu’on leur annonce sa mort, mais il se disait que d’une certaine façon, tout le monde autour de lui avait au moins eu conscience que ça pouvait arriver. Il n’était pas parti en mission au pays des Bisounours en prime. Il avait été envoyé dans un pays en guerre, alors forcément, il y avait des risques. Il ne savait pas vraiment ce qu’il en était pour Maude et les autres, mais lui, il avait toujours eu conscience qu’à chaque fois qu’il quittait le pays, il pourrait ne pas rentrer. Une réalité avec laquelle il avait fait la paix depuis longtemps. Pas qu’il s’en fiche, mais il fallait bien avoir la réalité en tête quand on s’engageait là-dedans. Alors dans le fond, le plus imprévisible là-dedans, ce n’était pas forcément sa mort, c’était plutôt, ce qui était, aux yeux de ses proches en tout cas, son retour à la vie.

Le coup de téléphone pour annoncer qu’on l’avait retrouvé, bel et bien en vie, après trois ans, après l’avoir déclaré mort, c’était pour sûr beaucoup plus surprenant. Il avait été mort et enterré un jour, et le lendemain, on annonçait qu’il était vivant. Il voulait bien croire que ça avait été un choc pour ses proches. Il pouvait comprendre que ça ne devait pas être facile à gérer pour eux non plus, qu’en trois ans, ils avaient pu faire leur deuil. Comprendre et accepter, c’était quand même deux choses bien différentes. Lui, il était quand même au milieu de tout ça. Il n’était pas revenu à la vie par magie, il n’y avait pas une coupure de trois ans pendant laquelle il avait été mort. C’était impossible ça. Il les avait vécues ces trois années, alors il n’avait pas l’impression de revenir d’entre les morts. Pourtant ce qu’il voyait depuis qu’il était rentré au Canada, c’était que le reste du monde avait continué à tourner sans lui et ça faisait beaucoup de mal. Savoir sa femme avec un autre homme, alors que lui il avait rêvé de retrouver ses bras un jour, ça le blessait vraiment. Peut-être que ce n’était pas justifié, mais il ne pouvait pas lutter contre ce qu’il ressentait et faire comme si de rien n’était. Il n’arrivait pas à prendre assez sur lui pour agir de la sorte alors, le mieux, c’était encore de fuir Maude, au moins, ça évitait qu’il n’explose, ce qui lui pendait au nez, à Maude, puisqu’elle insistait. « Mais moi, j’ai pas envie de te parler. » Alors le mieux, ça aurait été de le laisser tranquille, après tout, s’il n’avait pas envie de lui parler, c’était son choix et elle aurait probablement dû le respecter. C’était à ses risques et périls ce dans quoi elle se lançait et elle allait probablement vite le regretter. « Faut croire que la nouvelle est tombée trop tard. » Elle avait fait son deuil, elle était passée à autre chose, ce n’était pas son cas à lui. Toutes les choses auxquelles il s’était accroché pendant tout ce temps, elles lui passaient sous le nez. « Peu importe ce qu’il s’est passé pour toi ces trois dernières années, tu as tourné la page de toute évidence, alors t’as qu’à continuer à aller dans cette direction et me laisser tranquille. » C’était quoi ce besoin qu’elle avait de parler avec lui, comme s’ils avaient encore quelque chose à se dire ? Elle pouvait peut-être faire un effort, avoir au moins assez de respect pour lui laisser à lui l’occasion de faire de même.

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Revenir d’entre les morts, c’était techniquement impossible et pourtant c’était plus ou moins ce qu’il était en train de vivre Julian. Évidemment, il n’était pas mort. Ces trois dernières années, il les avait vécues et subies et ça avait été tellement difficile qu’il y avait eu des moments où il aurait vraiment souhaité être mort, pour qu’on abrège enfin ses souffrances. Il avait été en vie le blond, mais le reste du monde l’avait cru mort. Pour sa famille, pour sa femme, pour ses amis, il avait été mort. Tellement mort que même sans avoir son corps à enterré, ils avaient pris le temps de lui organiser des funérailles, avec un emplacement au cimetière et une pierre tombale. Lui, il en avait encaissé des choses pendant ces trois dernières années, mais le reste de son entourage eux, ils l’avaient enterré, alors revenir à Breckendale, c’était définitivement comme s’il revenait d’entre les morts. C’était déstabilisant pour lui comme pour les autres sans doute. Il ne savait pas comment il devait se comporter le blond, il ne savait pas ce qu’on attendait de lui. Dans le fond est-ce que c’était vraiment à lui de faire des efforts ? C’était sans doute une vision bien égoïste de voir les choses, mais il n’était pas responsable de cette situation Julian. Il était une victime le blond, il était celui qu’on avait enfermé et torturer pendant des années. Il n’avait pas à se racheter, Julian, il n’avait pas à s’excuser pour son absence ou à lutter pour retrouver les choses qu’il avait perdues comme s’il méritait de les avoir perdues. Les autres, ils n’avaient pas non plus choisi cette situation, ils n’avaient pas voulu le perdre, ils avaient dû faire sans lui. Les autres, ils étaient aussi des victimes, mais pourquoi est-ce que ce serait forcément à lui de s’adapter à eux ?

Maude, elle avait décidé de fréquenter un autre homme, parce qu’elle s’était cru veuve. Elle avait fait son choix, elle avait eu la volonté de refaire sa vie et qu’est-ce qu’il était censé faire contre ça ? Se battre pour une femme qui ne voulait plus de lui ? Reconquérir le cœur de celle qui avait choisi de s’offrir à quelqu’un d’autre ? Il n’allait pas lui courir après, il n’allait pas la supplier de revenir avec lui. Il l’aimait, mais il était rancunier le blond et il avait l’impression d’avoir été remplacé dans la vie de son épouse. Il se sentait trahi, presque comme si elle l’avait trompé, parce que, peu importait ce que les autres pouvaient en dire, il n’était pas mort. Il était bel et bien vivant et les vivants, ils pouvaient ressentir des choses, n’en déplaise à Maude. « J’ai rien d’autre à te dire que ce qui concerne Alban. » De son côté à lui, les choses étaient plutôt claire. Ils avaient un fils ensemble et il n’avait pas l’intention de l’abandonner, il voulait passer du temps avec son fils et c’était bien tout ce qui l’intéressait Julian. « Peut-être que tu devrais lui dire ça, il serait ravi de l’entendre. » Elle n’avait pas complètement tourné la page qu’elle disait, une nouvelle qui lui ferait sans doute plaisir à Sean. En attendant qu’est-ce qu’elle attendait de lui hein ? Elle avait choisi Sean, alors autant qu’elle assume son choix. « T’avais Alban au moins. » Indéniablement mieux que ce que lui, il avait eu. De maigres espoirs au milieu d’un calvaire qui semblait interminable. Des années passées à ne même pas savoir s’il allait un jour s’en sortir ou non. Des années à espérer qu’un jour, il retrouverait sa vie, sa femme et leurs projets, tout ça pour la voir au bras de quelqu’un d’autre à son retour. « Qu’est-ce que tu veux Maude ? Un gars qui se battrait pour toi ? Un type qui te supplierait de le choisir lui plutôt qu’un autre ? T’es avec quelqu’un d’autre, t’as fait tes choix. J’ai jamais été mort, alors pour moi, ça ressemble à une rupture. » Ou un adultère. L’un ou l’autre, pour lui c’était un peu la même chose. Elle était avec un autre homme alors qu’est-ce qu’elle lui voulait à lui ? Elle ne pouvait pas avoir les deux et il ne voulait pas d’une femme qui s’était entichée d’un autre. Le ménage à trois ça le tentait pas trop. Elle avait fait son choix, alors maintenant, tout ce qu’il voulait c’était qu’elle le laisse tranquille, qu’elle arrête de lui tourner autour, de vouloir discuter avec lui comme si c’était naturel, alors que lui, dès qu’il posait le regard sur elle, la seule chose à laquelle il pouvait penser, c’était à elle et Sean, eux deux comme un couple et ça lui faisait du mal. Trop de mal. Il était temps que la torture s’arrête, il avait déjà assez donné, alors il fallait vraiment qu’elle arrête.  

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Il avait l’impression d’avoir tout perdu Julian. Sa vie, si parfaitement rangée, celle pour laquelle il s’était battu, les rêves qu’il avait pu chercher à accomplir, tout ça, ça avait volé en éclats du jour au lendemain. C’était les risques du métier, sans doute. Mais personne ne s’engageait dans l’armée en se disant que ce n’était pas bien grave, si ça finissait par bousiller toute sa vie. Julian, il avait connu les risques, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’il pouvait si facilement relativisé et se dire qu’il avait toujours su que ça pouvait compliquer sa vie. Il ne pouvait pas le vivre aussi facilement que ça, Julian. Il avait beau être de retour chez lui, être en sécurité dans son pays, avoir retrouvé ses amis et sa famille, il y avait une part de torture qui continuait toujours. Il avait perdu sa femme, elle avait quelqu’un d’autre dans sa vie maintenant et ça lui faisait un mal de chien. C’était injuste, parce qu’il n’était pas mort, il ne l’avait jamais été. C’était injuste parce qu’il n’avait jamais rien fait qui puisse ainsi remettre en cause son mariage et pourtant, on lui demandait d’accepter bien sagement que sa femme ait quelqu’un d’autre dans sa vie, parce qu’elle avait eu besoin de tourner la page, parce que c’était normal qu’elle ait agit comme ça. Des discours qui l’agaçaient plus qu’autre chose, parce qu’il fallait croire que ceux qui lui répétaient ça, n’avaient aucune idée de ce que lui, il pouvait ressentir. Sa femme, avec un de ses amis, évidemment que c’était difficile à encaisser. Peut-être que ça aurait été plus simple si elle avait décidé de fréquenter quelqu’un qu’il ne connaissait absolument pas, il n’en savait rien. Mais c’était terrible d’imaginer de les imaginer ensemble et malheureusement pour lui, son cerveau prenait un malin plaisir à lui imposer ce genre de pensées.

Peut-être que Maude avait eu besoin de tourner la page et qu’il devait arrêter de le lui reprocher. Mais dans ce cas, peut-être qu’il faudrait aussi arrêter de lui imposer cette histoire. Lui aussi après tout, il avait besoin de tourner la page, pourquoi est-ce qu’il en aurait moins le droit qu’elle ? Elle avait eu besoin de Sean pour le faire, lui il avait besoin qu’elle le laisse tranquille. Si elle voulait qu’il accepte son histoire avec Sean, alors il fallait qu’elle accepte de le laisser respirer. C’était donnant donnant, alors qu’elle lui lâche la grappe au lieu de le retenir pour lui parler d’il ne savait trop quoi. Il n’avait pas envie de parler avec elle. Il n’avait pas envie de passer du temps avec elle, parce que ça lui faisait plus de mal que de bien. « Quel formidable petit-ami. » Il commenta, sans être fichu de cacher son amertume. Il était probablement parfait Sean, alors qu’elle retourne auprès de lui au lieu de le coller comme elle le faisait. Elle n’aurait qu’à se plaindre auprès de Sean, alors, lui dire à lui à quel point elle souffrait et tout le reste, parce que c’était pas à lui d’éponger ses peines. Qu’elle le laisse gérer ses propres maux, avant de se pointer avec les siens. Elle l’avait remplacé dans sa vie, qu’elle continue comme ça. « J’ai déjà bien assez à faire avec mes propres problèmes, j’ai pas envie de me taper les tiens en plus. » Alors qu’elle aille balancer sa vie horrible à quelqu’un d’autre. Il n’était plus vraiment son mari de toute façon. Il n’était plus l’homme avec qui elle partageait sa vie. Ça faisait de lui son ex, alors et personne n’allait voir son ex pour s’en servir comme d’un confident. Il n’avait pas envie qu’elle lui confie ses peines et ses malheurs et il n’avait pas envie de lui confier les siens. S’ils étaient des exs, alors qu’ils se comportent comme tels, c’était tout ce qu’il voulait lui. « Tes mots, pas les miens. » Il ne l’avait pas insultée après tout, c’était elle qui le faisait. « Tout ce que je dis, c’est que t’as essayé d’avancer, peut-être que tu as eu raison. Tant mieux pour toi. Mais ça te donne pas le droit de venir m’imposer ta nouvelle vie en pleine face ou de venir te plaindre à moi des difficultés que tu as pu connaître ces dernières années. Pourquoi est-ce que moi j’aurais pas le droit d’essayer d’avancer aussi ? » Non, lui, apparemment, il était censé tout accepter, fermer sa gueule et en plus accepter de parler à Maude quand elle en avait envie, ou besoin, comme si ce que lui il ressentait, ça n’avait pas d’importance. Le pire, c’était qu’au milieu de tout ça, c’était probablement lui qui passait pour un égoïste, jaloux et incapable de se mettre à la place de Maude. Sauf qu’elle ne devait pas non plus faire beaucoup d’efforts pour s’imposer à lui comme ça, sans penser une seconde que le simple fait d’être en face d’elle ne soit pas une vraie torture pour lui.