- you got me so wild -
@Enzo Landry
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Je reposai violemment le téléphone sur la table du salon, exaspérée. Exaspérée d'avoir perdu deux heures de mon temps avec cette ordure de Caleb, mon ex-mari qui a eu le culot de geindre à l'autre bout du fil. Pourquoi ? Parce que "c'était très difficile en ce moment avec Louis", gna gna gna. Comment pouvait-il oser se plaindre d'une relation tendue avec l'enfant qu'il a trahi et abandonné pour une gonzesse trois fois plus jeune que... sa mère. A cette pensée, je compris une chose : si cet appel m'avait autant irritée, ce n'était peut-être pas tant à cause des lamentations de mon futur ex-mari mais davantage de la douce voix de sa nouvelle compagne en toile de fond. Je me repris. Je devenais exactement celle que je ne voulais pas être : une femme trahie, certes, mais aigrie. Je m'en voulais de me rendre dans cet état pour une femme qui, de toute évidence, avait été aussi surprise que moi de découvrir la double vie de cet homme. Mais quel con ! me laissai-je crier dans la maison tandis que je m'acharnai sur le robinet bloqué de la salle de bain. Et il ose se plaindre de l'attitude de Louis ? Alors que c'est lui qui a déclenché tout ça et qu'il est incapable de redresser la barre ? Laisse-moi rire ! Je ruminai plus encore, laissant déjà loin derrière moi mes récentes résolutions. Enervée comme je ne l'avais jamais été, je déployais, sans m'en rendre compte, une force herculéenne pour débloquer ce foutu robinet. Un clac résonna. Je me figeai. Immobile, je cherchai du coin de l'œil la source de ce bruit. La seconde suivante, un jet d'eau puissant m'attaqua en pleine face, inondant la pièce au passage. J'essayai tant bien que mal de maitriser la catastrophe, jusqu'à comprendre que rien ne serait sous contrôle à deux mains. Je criai le prénom du seul homme de la maison, qui ne devait pas tarder à rentrer, en vain. Je n'avais pas le choix : il fallait que je trouve de l'aide ou le quartier finirait comme la cité perdue d'Atlantide.

Je lâchai tout pour courir dans la rue et sonner chez les voisins. Mais avant même d'arriver au bout de l'allée, j'alpaguai un jogger. L'homme, dégoulinant de sueur, se tourna vers moi. Je reconnus immédiatement Enzo, le coach sportif de mon fils. « Oh, euh, salut. » lança-je maladroitement en replaçant une mèche de cheveux trempée derrière mon oreille. Mais à quoi je ressemblais là, avec ma dégaine de souillon ? J'eus à peine le temps d'en prendre conscience qu'Enzo contra tout malaise en parlant de concours de tee-shirt mouillé. Je ris comme une adolescente. « C'est pas faux... euh, non mais y'a urgence ! » me repris-je soudainement. « Mon robinet d'eau a sauté, tu peux m'aider ?! » Je joins mes mains en trépignant d'impatience à l'idée qu'il puisse être mon sauveur.