Lève les yeux vers ses parents, ses sourcils se froncent. Sa main passe derrière sa nuque, visiblement il est contrarié. Son regard s'accroche à la pendule au dessus de la porte de la cuisine, quelques instants seulement mais juste le temps de se perdre dans sa contemplation et de voir que ses parents se sont éclipsés. — Pourquoi je dois mettre quatre couverts ? une nouvelle fois sa question reste sans réponse, ça le contrarie. Quelque chose ne tourne pas rond dans le cottage de ses parents, il ferme les yeux et inspire lentement par le nez pour calmer la colère qui germe dans son coeur. Parce qu'il sait très bien ce que cela signifie, ce n'est pas le fils du voisin qui va se joindre à leur table mais ça annonce le retour de sa cadette. C'est la seule justification possible au silence de ses parents, à leur fuite. Il se mord l'intérieur de la joue, sort de la cuisine pour rejoindre le perron et attendre de pieds fermes sa soeur. Son chien sur les talons, il s'assoit simplement sur les marches et lui caresse lentement la tête, le regard fixé sur la longue allée. Et quand la silhouette de sa soeur se dessine enfin il ne prend même pas la peine de se lever, ne lui jette même pas un regard. — Tiens, une revenante. il l'aime, sa cadette. Il n'y a aucun doute à avoir là-dessus, d'ailleurs. Mais ils ont un mode de vie diamétralement opposé et celui de la jeune femme a tendance à lui titiller les nerfs. Narcisse et sa petite vie bien rangée, narcisse qui va reprendre l'exploitation viticole, narcisse qui aime tout contrôler. Et puis il y a Eva l'intrépide. — Tu t'es soudainement rappelé du chemin de la maison, Eva ? et enfin il lève son regard vers son visage, un visage dont il connaît les traits par coeur.
âge : (vingt-huit ans) ; les années défilent, lui échappent et effleurent sa peau sais pourtant y laisser de traces. L'absence des marques du temps sur son visage ne l'empêche pas de ressentir le lourd poids de la fatalité.
statut civil : (célibataire) ; trop volatile, trop instable, rien ne dure éternellement : et certainement pas ses relations. L'amour n'est pas sa priorité et pourtant, elle se laisse bernée par ses propres sentiments.
orientation : (bisexuelle) ; ses douces caresses et ses tendres baisers ne connaissent aucune frontière. Qu'importe les courbes qui se dessinent, elles attisent ses plus désirs.
Non sans une légère appréhension, Eva dînait chez ses parents ce soir. Une soirée à l'occasion de ses retrouvailles, sachant que son frère n'était pas forcément au courant de son prompt retour dans sa ville natale. Après tout, malgré l'amour qu'elle portait à son aîné, on ne peut pas dire qu'ils vivaient sur un même pied d'égalité. Narcisse avait toujours fait la fierté des parents, un modèle à suivre pour les Wynford, alors qu'Eva, quant à elle... Disons que simplement elle ne menait pas la vie que se parents avaient imaginé. Aventurières, sans attache, la brune avait vagabondé de pays en pays, loin de tout, loin d'eux et de la pression sociale qu'ils infligeaient aux mômes. Dans le taxi qui se dirigeait vers la demeure Wynford, la demoiselle se noyait dans les paysages déformées à travers la vitre, soucieuse néanmoins des émotions et réactions que susciterait son retour au bercail. Une fois arrivée à destination, Eva resta un instant sans bouger malgré l'instance du chauffeur à lui donner son dû pour le trajet, sans oublier le pourboire. A vrai dire, elle n'avait qu'une boule au ventre qui l'empêchait de faire ces quelques mouvements jusqu'à l'extérieur. Quelques billets verts sortis tout droit de son porte-monnaie, la demoiselle lâche un Gardez la monnaie avant de s'extirper du véhicule. Un vent d'air frais s'infiltra à travers ses narines, non sans lui laisser un frisson parcourir ses bras nus face à la température de ce soir. Au lieu, elle aperçoit la silhouette de son ainé sur le perron. Pire que le paternel, dis donc... Marmonnait-elle en secouant la tête, tandis qu'elle empruntait l'allée jusqu'à rejoindre son frère aîné qui l'accueille plutôt froidement.
- Oui, enfin ! C'est fou, hein. Je te jure, je me suis perdue cette dernière année, je trouvais plus du tout le chemin. Plaisantait-elle tout en abordant son sourire angélique qui lui avait sauvé la mise à de nombreuses situations.