un battement de cils, frêle, fragile, encore trop endormie pour sentir les premiers éclats du soleil, les premiers rayons venir chatouiller sa peau. une nuit, douce, chaude, que la fille de la lune n’oubliera pas tant elles sont rares, les nuits comme celle-ci. la blonde gagne bien trop souvent son lit au beau milieu de la nuit, soit parce qu’elle travaillait au pub, soit parce qu’elle veillait sur sa mère. peu de réels moments de repos, peu de réels moment de bien-être pour se ressourcer, pour se retrouver. mais cette nuit est particulière. ce bref week-end est particulier. parce qu’elle, -comme quelques autres membres du norman rudy's pub-, se trouve au cottage des wynford. une invitation atypique à tes yeux mais qui n’en est rien aux leurs, habitués à recevoir leurs futurs clients pour un week-end de dégustation. une occasion que tu ne manques pas, luna, pour t’aérer un peu l’esprit et fuir tes responsabilités. et au-delà des liquides alcoolisés, elle prend aussi beaucoup de plaisir à côtoyer narcisse. le fils, l’héritier wynford. une information qu’elle ne détenait pas lorsqu’un petit jeu s’est installé entre eux. une séduction réciproque pleine de nuances et subtilités. tu sens que tu lui plais et t’aimes ça, luna. malgré le manque d’estime que t’as pour la gent masculine, ton naturel sulfureux et provocant prend souvent le dessus pour créer ce genre de rapport de force. quelques minutes prises pour se préparer et elle descend rejoindre les autres, persuadée qu’ils sont sûrement déjà tous prêts. persuadée, jusqu’à tomber sur narcisse. seul être éveillé et peu vêtu. ton regard se perd naturellement sur son corps et tu ne t’en caches pas luna, tu t’approches telle une féline en rétorquant à ses paroles. faux. mes nuits sont souvent très courtes. un sourire vient étirer ses lèvres alors qu’elle acquiesce, attendant la tasse près de la machine à café. merci. elle n’en oublie pas moins les bonnes manières, la barmaid, tout en sentant, déjà, au fond d’elle, le même manège qui reprend. celui du pub, depuis le soir de leur rencontre. café lancé, elle observe toujours d’un œil l’héritier, comme si son regard ne parvenait pas à s’en décrocher. oh, tu es bien présompteux. qu’elle lâche, échappant un léger rire pour appuyer ses propres. j’espère que tu ne prends surtout pas ma présence pour un signe envers toi. elle taquine à son tour, joue de ses charmes tout en testant sa répartie, tout en s’aventurant vers ce qu’il garde au plus profond de lui.

(c) mars.

dire qu’il n’a pas d’effet sur elle serait mentir. dire qu’il la laisse de marbre serait mentir. elle se sent bien, luna, lorsque narcisse la courtise. lorsque, dans la pièce, il ne semble avoir d’yeux que pour elle. elle sait qu’elle plait aux hommes, la fauve, elle en joue, canines acérées, mais avec lui, il y a quelque chose de différent. avec lui, elle ne désire pas que l’attraper dans ses filets pour mieux le détruire. t’as pas cette même haine envers lui qu’envers les autres hommes, luna. étrangement, elle disparaît, elle s’efface quand ton regard croise le sien. juste ce jeu, cette petite tension qui l’entraîne à se glisser vers lui. à tomber dans un geste toujours contrôlé. le destin semble les réunir, ou peut-être que c’est ce qu’il désire, l’héritier. après tout, elle n’est qu’une employée au pub, qu’une barmaid parmi d’autres, sa place n’est pas ici, dans ce cottage. mais elle s’y trouve, parce qu’elle y est invitée par ses soins. par les soins de sa famille. tu sais que je travaille une partie de la nuit. quand je travaille, je suis rarement au lit avant deux, trois heure du matin. une vie déséquilibrée qu’elle ne cherche pas à cacher. après tout, c’est là-bas qu’ils se sont rencontrés, tous les deux. pour le moment, t’as pas le choix, luna. tu ne te poses pas ces questions, parce que t’es pas une héritière, toi. t’es que la fille d’une femme bipolaire, d’une femme qui n’est pas toujours capable de subvenir à ses propres besoins. mais je dois avouer que le lit est très confortable ici. un sourire, léger, malicieux sur le coin de ses lèvres. une phrase qui pourrait être interprétée de toutes les manières et finalement, cela est peut-être ce qu’elle cherche. troubler l’esprit du beau brun. tu es sûr que ce n’est pas toi, qui trouve ma présence plaisante ? la dualité, le feu dans le regard, elle en est devenue professionnelle, luna. elle est devenue reine épineuse, félin sauvage. alors ? tu me fais découvrir ton univers aujourd’hui ? qu’elle demande, taquine, parce que finalement, ils ignorent tout l’un de l’autre.

(c) mars.