- Nordgren family -
@sloane nordgren, @Ali Nordgren
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Cecilia avait beau se targuer d’être une artiste accomplie, en matière d’art culinaire, elle n’avait jamais dépassé le stade du désastre annoncé. Toute tentative de lui inculquer quelques éléments de survie gastronomique s’était soldée par des créations que l’on qualifierait pudiquement de désolantes. Certes, pour ne pas totalement mourir de faim, elle avait appris à faire cuire des pâtes, mais au-delà de cette réussite, il n’y avait pas grand-chose à sauver. Alors elle compensait par une connaissance particulièrement fine d’à peu près tous les endroits où commander de la ville. Au moins, toute personne débarquant chez elle savait à quoi s’en tenir : la cuisine, la commande, ou la faim – ou alors la folie de la laisser faire, mais personne de sensé ne s’y serait risqué. D’un autre côté, c’était souvent amusant, d’en avoir pour des monceaux de nourriture et de ne se préoccuper de rien. Sa méthode éprouvée pour occuper les samedis midi où son frère et ses sœurs venaient chez elle avait fini par faire des émules. Le rituel, commencé quand ils étaient adolescents et elle la première à avoir un logis qui n’obligeait pas à jouer au Twister pour y tenir à plus de deux personnes, perdurait depuis, au gré des possibilités des uns et des autres. Là par exemple, la cadette des Nordgren n’était pas certaine d’être présente, mais Ali et Sloane, eux, seraient de la partie. Et si, désormais, elle voyait davantage la petite dernière, pour l’avoir dans sa classe d’arts visuels comme élève, il était beaucoup plus agréable de la recevoir en tant que simple grande sœur, sans la barrière évidente qui existait, et devait subsister par équité, entre une professeure et une étudiante. Quant à Ali, l’unique élément masculin de la fratrie, la trentenaire en profitait toujours pour savoir comment il allait, dans ces études de droit à son avis bien étriquées. Comme la majeure partie de la fratrie, il avait une âme d’artiste, mais leur père avait encore une vision étroite, à son agacement majeur, qu’elle avait plusieurs fois vocalisé. En vain.

Adolescents, les plus jeunes aimaient se réfugier chez elle pour échapper au quotidien du changement d’adresse permanent, entre deux parents aux vues difficilement conciliables, chacun ayant ses propres réserves relationnelles avec un membre du couple parental éclaté. Alors, déjà indépendante, elle ouvrait sa porte, et offrait un répit au milieu de son joyeux bazar, de ses toiles à moitié achevées qui parsemaient déjà sa maison, de certains murs blancs qui ne l’étaient plus, recouverts de diverses esquisses, dessins, coups de pinceaux, au gré de ses idées et de sa joyeuse folie contagieuse. Entrer chez Cecilia, c’était entrer dans son univers bariolé, dans ces immenses aplats de couleurs agrémentés de fulgurances colorées, au milieu de dessins de grandes étendues maritimes ou terrestres, et parfois d’un visage jeté au mur ou sur le papier, constitué de ces lignes mouvantes qui faisaient son trait si particulier. Quelques-unes de ses toiles préférées parsemaient également les murs, qu’ils soient signés de sa main ou bien productions de ses peintres favoris. Et certaines, suggestives, avaient tendance à faire cligner des yeux le non initié. Inutile de préciser qu’elle n’y accordait aucune importance, ayant peint les corps, leurs pleins et leurs déliés pour mieux les déconstruire et les emmêler, depuis qu’elle avait été capable de réaliser un crayonné anatomiquement correct. Au milieu de tout cela, des sculptures, des vases, un océan de choses souvent étranges trônait sur les meubles modernes, achevant de créer cette bulle bohème qui constituait son univers. Elle-même était occupée dans le studio aménagé qui lui servait de lieu principal de création, à peindre frénétiquement, comme pour conjurer l’inspiration qui se faisait chancelante, maculant sa vieille blouse de nouvelles rayures. En même temps, la nourriture avait été commandée et le nécessaire pour l’apéritif déjà disposé dans le salon. Bref, elle avait encore un peu de temps. Ce dernier filait cependant, et bientôt, elle entendit la sonnette. Sa voix résonna alors :

« Entrez, je suis dans le studio, j’en ai pour une minute ! »

Laissant son pinceau, Cecilia fila se laver les mains et apparut peu de temps après pour saluer son frère et sa sœur nouvellement arrivés. Les saluant de loin, compte tenu de l’état de sa blouse, elle les invita d’un geste de la main à se mettre à l’aise alors qu’elle retirait l’objet du délit tout en expliquant :

« Désolée, je me suis perdue dans mes idées, comme d’habitude, attendez, voilà, sans ça, ce sera quand même mieux. »

La blouse enlevée et suspendue dans un coin, elle put revenir pour distribuer convenablement cette fois bises et accolades, avant de s’échouer sur le canapé et de demander, tout en faisant passer petits fours, olives et autres tartinades diverses :

« Alors, cette semaine ? »

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@Ali Nordgren & @Cecilia Nordgren
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En ce moment samedi matin, Sloane était réveillée depuis presque l'aube, ne trouvant plus le sommeil. Elle avait déjà fumé une cigarette sur le rebord de sa fenêtre de chambre, les yeux dans le vide, regardant la rue inanimée où elle vivait depuis sa majorité. Depuis, qu'elle avait pu quitté la maison familiale. Enfin plutôt ses deux maisons comme elle le disait si bien depuis que leurs parents avait divorcés et qu'elle s'était retrouvée avec son frère, baladés une semaine sur deux chez papa ou chez maman. Bien évidemment Sloane avait très mal vécu ce divorce et ce changement de vie du jour au lendemain, surtout qu'elle ne s'entendait pas avec sa mère. Et l'adolescence dans la maison maternelle était devenue un supplice pour la jeune adolescente qu'elle était. Heureusement, elle pouvait compter sur sa grande-sœur, Cecilia, qui l'accueillait elle et Ali pendant les week-ends, surtout le samedi midi. Et le repas du samedi midi chez leur grande-sœur était devenu un rituel, même encore aujourd'hui, alors qu'ils étaient tous majeurs. Mais ces moments familiaux permettaient aux deux sœurs et au frère de se retrouver sans une présence familiale. Même si les deux sœurs se voyaient maintenant plus souvent et notamment à l'université où étudiait Sloane et où enseignait Cecilia, la brunette appréciait toujours ce partage pour retrouver sa sœur, et non la professeure. Quand à son grand frère, elle le croisait de temps en temps dans les couloirs de l'université ou même dans le hall de l'immeuble où ils habitaient. Enfin, lui habitait en colocation alors que Sloane vivait seule dans son appartement, avec son chat Réglisse que son père lui avait acheté à sa majorité.

Mais ce qu'elle appréciait le plus chez sa sœur, c'était son côté artiste. Tout comme elle, la peinture, les crayons de couleur, les toiles étaient leur quotidien et on pouvait dire que chez Sloane, c'était aussi un désordre sans nom à certains moments de la semaine. Des tubes de peinture trônaient sur la table de la cuisine jusque dans la salle de bain, mais on ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir une âme d'artiste, puisque les trois enfants Nordgren avaient tous une âme d'artiste. Mais seul Sloane et Cecilia ont pu choisir cette voie pour leur futur. Leur père avait "choisi" une voie pour leur frère et elles voyaient bien que ce n'était pas ce qui lui plaisit. Et d'ailleurs, elle se rendait chez sa sœur, tout en tirant sur la cigarette qu'elle portait à ses lèvres. Elle retrouverait sûrement son frère là-bas.

Sonnant à la porte, elle n'entendit seulement la voix de sa sœur qui lui annonça qu'elle pouvait entrer et elle ne se fit pas prier pour entrer dans l'appartement de celle-ci, avec un léger sourire en coin des lèvres, attrapant un dernier skittles qui traînait dans un paquet de son sac. Posant ses affaires dans l'entrée, la brunette rejoignit le salon, s'asseyant sur le canapé attendant que sa sœur n'arrive.

« T'inquiètes pas, prends ton temps ! Je suis la première à être arrivée ! »

A ce moment-là, la porte d'entrée s'ouvrit sur leur frère qui entra dans la pièce principale de l'appartement. Sloane jeta un coup d'œil vers lui avant que leur sœur ne vienne leur faire la bise et une accolade. Etant déjà assise sur le canapé, la brunette attrapa un petit four qu'elle porta à sa bouche.  

« On s'est croisées presque tous les jours cette semaine à la fac ! Mais sinon, heureusement que le week-end est arrivé vite parce que j'en pouvait plus de cette semaine et vous ?  » Dit-elle mangeant le petit four qu'elle avait pris quelques secondes auparavant.

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@cecilia nordgren & @sloane nordgren
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(outfit) la fin de semaine approche doucement. et c’est le moment que t’attends impatiemment à chaque fois que le lundi te guette. oiseau de nuit que tu es, ali, toujours fourré dehors dès qu’il fait noir et que les lumières commencent petit à petit à s’éteindre. la fête comme mode de vie, quand t’as pas le nez plongé dans les livres de droit et leurs pages à n’en plus finir. carrière choisie par le paternel, rêves envolés avant même d’avoir pu les exprimer. mais la fin de l’année approche, les derniers mois avant de pouvoir dire que tu l’as fait. dans quelques semaines, tu seras enfin diplômé. enfin un peu plus libre de pouvoir faire tes propres choix. même si l’ombre de ton père continuera à flotter au-dessus de toi. et y’aura toujours ses remarques incessantes, ces mots que t’entendras à chaque fois que tu partageras un moment avec lui.
schéma qui se répète inlassablement depuis que votre bulle familiale a si violemment éclaté. et tu t’es retrouvé balloté chaque semaine d’une maison à l’autre, partageant ce fardeau avec celle que tu cherches tant bien que mal à protéger. sloane et toi, tous les deux les derniers dommages collatéraux d’un amour qui a fini par exploser. mais t’as eu la chance de pouvoir t’évader ailleurs, de trouver un soutien sans faille auprès de ta sœur aînée. et les habitudes n’ont pas changé depuis. la plupart des samedis midi passés chez cecilia, la réunion des quatre éléments, tous là sans exception. mais aujourd’hui, la cadette n’a pas encore accepté l’invitation. vous serez surement trois.
t’émerges doucement, ali, l’intérieur du crâne qui cogne un peu trop fort ce matin. la nuit a été courte, mais t’as choisi d’honorer tes engagements. alors tu te dépêches pour pas rater l’heure du rendez-vous. quelques instants plus tard, t’es devant chez cecilia, une boite de gâteaux entre les bras. le doigt sur la sonnette, le bruit qui retentit et t’attends même pas l’aval de l’aînée de la famille pour rentrer à l’intérieur. sourire lancé en direction de ta petite sœur, assise sur le canapé en train de commencer l’apéritif.
"même pas on m’attend pour manger."
petit sourire qui s’invite sur tes lèvres, comme pour taquiner tes sœurs. douce étreinte à chacune d’entre elle avant de t’affaler à ton tour sur le canapé. tu jettes un coup d’œil autour de toi. et à chaque fois que tu entres chez cecilia, l’impression est la même. cette espèce de désordre organisé où l’art devient roi. l’expression même de l’esprit de sa propriétaire, où en tant que petit frère, tu as le droit d’entrer. cet endroit chaleureux où les souvenirs se bousculent, ce lieu qui t’a accueilli quand t’as voulu t’échapper de ta triste réalité.
"pareil, c’était in-ter-mi-na-ble."
avachi dans le canapé avec la nonchalance qui te caractérise souvent, t’attrapes un des petits fours posés sur la table. toujours prêt à te gaver un lendemain de soirée.
"j’ai ramené des gâteaux pour le dessert, vos préférés."

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@"pseudo"
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« C’est vrai, mais j’ai tendance à préférer quand tu m’appelles Cecilia plutôt que Professeur Nordgren, j’ai l’impression d’être Papa, et c’est très flippant comme sensation … »

Tout en disant cela, l’aînée des Nordgren affecta un frisson d’effroi exagéré avant d’envoyer un clin d’œil en direction de sa benjamine. Quant à Ali, qui venait aussi de s’installer, elle se contenta de croquer dans une chips avec un air affecté, comme si elle le narguait. Leur famille avait peut-être été fracassée par les affres de la vie, et plus particulièrement ceux de l’existence conjugale qui se finissait mal, scénario si courant aux scènes déjà écrites à l’avance, leur fratrie avait réussi à survivre. C’était peut-être là le plus important, en dépit des vies d’adultes des uns et des autres, de ses propres escapades de jeunesse à parcourir le Canada pour ses expositions quand les plus jeunes n’avaient d’autres choix que de subir une adolescence à l’époque marquée par les allers-retours entre leurs parents. Mais le lien s’était maintenu, aidé probablement par sa rapide indépendance, et la capacité à accueillir le reste des Nordgren junior sous son toit. En dépit de leurs cercles amicaux, parfois espacés, notamment le sien par rapport aux fréquentations de son frère et de sa sœur, ils avaient tous eu à cœur de conserver cette famille de sang en plus de celle de cœur qu’ils avaient chacun pu se constituer au gré des années. Ils savaient être là quand il fallait, en cas de grande difficulté. Et s’accepter comme ils étaient – ce dont elle demeurait secrètement reconnaissante, sans forcément le verbaliser, mais en sachant qu’il était heureux d’être dans une position où elle pouvait aussi être tout à fait ouverte sur sa vie personnelle sans que cela ne déclenche un malaise ou ne soit pieusement ignoré. Comme lorsqu’elle écoutait Sloane et Ali se plaindre de leurs longues semaines, en remarquant les cernes sous les yeux du seul mâle de la famille, et que, notoirement amusée, elle ne pouvait s’empêcher de lâcher, alors qu’il déclarait avoir apporté des gâteaux :

« Toi, tu sais parler aux femmes … Je savais que tu tenais de moi. »

Avant d’ajouter implacable :

« Et vu tout ce que j’entends des jeunes filles en pamoison dans ma classe, plus que je n’aurai cru. Le charme Nordgren … »

Parmi tant d’autres choses, il fallait admettre que le frère et la sœur partageait clairement ce goût en commun. Certes, Cecilia avait en ce moment une vie nettement plus sage, et même depuis plusieurs années, mais il est vrai qu’à l’âge d’Ali … Eh bien, elle venait de faire sa première grande collection à succès, parcourait les grandes métropoles canadiennes et leurs bars plus achalandés que les adresses de drague entre femmes de Brackendale … Autant dire que ça avait été une période agitée, riche de rencontres, certaines dont elle se souvenait avec amusement, d’autres avec une forme de tendresse, et d’autres encore qui avaient tout simplement plaisantes. Plaisirs de jeunesse, frénésie de l’amour libre, amour de la séduction et séduction de l’amour … Elle ne savait si c’était une question de tempérament familial, ou de toute autre chose, mais la comparaison latente était plutôt drôle, et elle observait de loin les marivaudages des uns et des autres, comme toute grande sœur prête à consoler ou à rire, suivant les occasions.

« Pour répondre à la question … j’ai donc été la seule à avoir eu une semaine potable manifestement ! Mais non, ça allait, j’ai bien avancé sur un projet annexe pour une amie, et il paraît que certains de mes étudiants ont été très inventifs dans leurs rendus … »

Sourire en direction de Sloane cette fois-ci, avec le compliment savamment troussé, tout en gardant les apparences du secret professionnel – difficile à maintenir, parfois. Mais là, ça ne prêtait guère à conséquences.

« C’était à ce point horrible, les derniers jours ? »

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@Ali Nordgren & @Cecilia Nordgren
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« Je préfère aussi quand tu redeviens ma sœur, et non la professeur. C'est clair, j'ai l'impression que je m'adresse à papa à certains moments ! »

Sloane laissa échapper un petit rire en jetant un coup d'œil vers sa grande-sœur avant de détourner le regard vers son frère qui venait de s'affaler dans le canapé, à ses côtés, tout en haussant les épaules et lui lançant un clin d'œil à la suite de sa petite remarque sur le fait qu'elles l'attendaient pas pour manger. Son regard s'attarda quelques secondes sur son frère qui devait sûrement avoir participé à une soirée puisqu'il commençait à se gaver des petits fours que leur sœur avait déposé sur la table basse du salon où le petit trio était installé. Elle l'aimait ce trio, même s'il manquait un autre membre de la fratrie, la jeune brunette ne pouvait s'empêcher de sourire, presque niaisement à repenser à ses nombreux souvenirs qu'elle avait ici avec sa sœur et son frère, avec qui elle venait passer le week-end. Et puis Cecilia était un peu son modèle au vu de la carrière qu'elle avait en tant qu'artiste.

« Oh, arrête m'en parle même pas ! Ali par ci, ou Ali par là, même dans les toilettes, les filles parlent de lui ! » Dit-elle, avec un sourire amusé, en coin des lèvres, en fixant son frère.

Mais Sloane n'était pas du genre à faire des reproches à son frère, c'était bien tout le contraire puisqu'elle s'en amusait parfois de cette situation. Bon parfois, il lui arrivait de répondre froidement à certaines filles qui n'arrêtaient pas de l'attendre dans les couloirs pour avoir le numéro de son frère ou toute autre demande aussi farfelues qui soit. Reportant son attention sur sa sœur, prenant quelques chips dans la main et les mangeant une par une, elle écoutait ce qu'elle leur disait sur la semaine qui venait de s'écouler. Mais surtout ceux les travaux qu'elle leur rendus et qui lui avaient pris beaucoup de temps cependant elle prenait toujours du plaisir à créer, inventer avec ses crayons et ses pinceaux.

« Et oui, qu'est-ce que tu crois ? Je sais être créative et inventive. Je suis pas ta petite-sœur et ton élève pour rien Professeur Nordgren ! » Dit-elle, en direction de Cecilia, toujours avec un fin sourire amusé sur le bord des lèvres.

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@cecilia nordgren & @sloane nordgren
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(outfit) c’est dans vos habitudes depuis longtemps que de vous réunir le samedi midi. et aujourd’hui, ça sera juste cecilia, sloane et toi. le dernier élément des nordgren manque à l’appel et tu te demandes bien où elle peut être. part de mystère qui s’invite dans cette tradition familiale installée depuis longtemps. et quand tu débarques chez cecilia, y’a déjà sloane et les petits fours qui t’attendent. t’as à peine le temps de t’installer sur le canapé que ton père est déjà mentionné.
"heureusement t’es tout sauf papa, il manquerait plus que ça."
que tu lâches en levant les yeux aux ciels. le simple fait de le mentionner te rend dingue, mais t’essayes de contrôler, ali. parce que t’es pas venu ici pour passer une mauvaise après-midi. alors tu te laisses porter par la conversation qui dérive. et comme par hasard, elle arrive sur toi. ça t’arrache un sourire. un grand sourire qui quitte pas tes lèvres. parce que chacune à leur tour en vient à parler de ton charme qui opère sur toutes les filles de l’université.
"mais quel succès cet homme! dites moi tout, je veux savoir ce qu’elles disent sur moi."
le torse légèrement bombé, le rire qui secoue doucement les lèvres. tu serais presque prêt à tout pour qu’elles lâchent les bruits de couloirs qu’elles entendent toute la journée. l’avantage d’avoir une sœur professeur et une autre étudiante à la même université que toi. et tu peux pas t’en empêcher, ali, d’essayer d’en savoir plus. comme si ça te suffisait pas tout ce que tu entends sur toi. tu connais ta réputation, tu sais ce que les gens disent. mais t’es de ceux qui adore qu’on parle d’eux.
"mais ne vous inquiétez surtout pas, je ne vous oublierai jamais quand je deviendrai une star."
et tu laisses échapper un autre rire. parce que les oublier, ça n’arrivera jamais. t’es beaucoup trop proche de tes sœurs pour rompre ce lien si sacré. elles ont toujours été là pour toi, dans les meilleurs comme dans les pires moments. et même si maintenant y’a l’âge qui vous sépare un peu plus qu’avant, tu perds pas une occasion de passer du temps avec elle. et y’a sloane qui vous demande plus de précisions sur votre semaine. encore une fois, tu vas un peu loin, ali. parce que même si le temps semble avancer à reculons en ce moment, c’était pas si horrible que ça.
"non en vrai, j’exagère comme toujours mais heureusement que le weekend est enfin là."
et t'attrapes l'un des derniers petits fours encore posés sur la table. parce que t'as trop faim, ali. y'a les effets des lendemains de soirée qui commencent à se faire ressentir.

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@Ali Nordgren, @Sloane Nordgren, @Johan Nordgren
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« Elles disent que tes chevilles vont encore enfler si on se met à tout répéter, et que tu ne pourras plus passer ma porte d’entrée pour partir les retrouver. »

La répartie fusa, taquine, renchérissant sur ce que Sloane avait pointé alors qu’Ali plaisantait sur son cortège d’admiratrices. C’était, il fallait l’avouer, l’un des plaisirs de se retrouver en famille, ainsi, sans leurs parents, que de pouvoir s’envoyer des piques moqueuses ou d’échanger des histoires amusantes, pour la joie d’un bon mot, de déclencher un sourire, et de se retrouver ensemble. C’était aussi sans doute ce qui avait préservé leur fratrie éclatée aux quatre vents après le divorce parental, entre les deux cadets soumis aux contingences de la garde alternée et les deux aînées ayant préféré déserter les désormais deux maisons, paternelle et maternelle, plutôt que de subir les conséquences du choc. Elles avaient chacune construit des carrières leur offrant une certaine indépendance, l’une partant carrément dans d’autres pays. Certes, Cecilia avait voyagé, notamment à ses débuts, mais essentiellement pour des périodes ponctuelles, jamais en s’installant ailleurs. La gloire ne l’avait pas grisée, ou du moins, pas suffisamment pour oublier les étendues sauvages et perdues qui avaient nourri son inspiration et construit son œuvre. Cette pensée la fit sourire davantage, et elle ne put s’empêcher de pépier, après la provocation gentille de son frère :

« Oh, moi je vous ai bien oublié quand j’étais célèbre. Bon, quelques nuits, et pour ma défense, j’étais extrêmement saoule, et en très bonne compagnie. »

Elle leur tira la langue avec vivacité, avec ce côté grande gamine qui ressortait de temps en temps chez l’aînée, qui n’avait jamais été capable d’afficher le sérieux que ses parents auraient apprécié chez leur première enfant, pour tirer les autres en avant. Non, il n’avait jamais fallu compter sur elle là-dessus. Bien qu’elle n’ait jamais rechigné à s’occuper des plus jeunes quand elle était adolescente, c’était moins pour les surveiller que pour les aider à joyeusement patauger, déjà, dans ses peintures, ou s’enquérir avec émerveillement de leurs idées, de leurs problèmes, de leur vie de petits humains, sans aucune arrière-pensée ou tentative de sévir quand ils faisaient trop de bruit pour qu’elle puisse réviser correctement, les encourageant même parfois dans leurs jeux, pour le plus grand malheur de ses parents retrouvant un joyeux capharnaüm en revenant. Heureusement qu’elle n’avait pas d’enfants elle-même, sinon, ce qui lui restait de mur non peinturluré risquait de connaître un sort funeste … Mais en même temps, une Cecilia sévère aurait eu autant de crédibilité que Mr Bean, peu ou prou. Repassant à sa sœur, la maîtresse des lieux acquiesça, retrouvant un sérieux rare, qui donnait son poids à sa réponse, sincère :

« Je n’en ai jamais douté, Sloane et tu le sais. Tu as du talent, comme chacun d’entre nous. »

Le compliment était aussi, implicitement, destiné à Ali, et si elle évitait de retourner le couteau dans la plaie trop ouvertement, il n’en demeurait pas moins qu’elle le pensait. Son écriture était une perle cachée au monde, et elle espérait qu’un jour, il la révélerait, comme Sloane pourrait suivre ses traces dans le monde de l’art contemporain. Ironiquement pour des parents qui avaient davantage en tête des métiers plus communs et correspondant à un certain idéal de vie bien remplie, tous leurs enfants avaient cette fibre artistique, parfois dans des domaines différents, mais impossible à démentir. Parfois, elle se demandait si son père ne regrettait pas de lui avoir laissé une si grande liberté, à voir ses trois filles voguer loin de ses rêves d’autrefois. Restait le fils, dans cette antique vision paternaliste qui l’agaçait. Engoncé dans un rôle, mais dont il se contentait pour le moment. Et après tout, philosophait sa sœur, une fois installé, rien ne l’empêchait d’écrire à côté, quitte à se faire publier ainsi. C’était, somme toute, relativement commun. En attendant, ils pouvaient tous se soutenir. Alors que la sonnette retentissait, Cecilia se leva, faisant signe aux deux autres Nordgren de rester assis :

« C’est sans doute le déjeuner, je reviens. »

Inutile de préciser qu’elle avait passé commande, pour le bien-être de tous. Personne ne risquait d’oublier certains ratés de jeunesse – en même temps, une soupe bleue, c’est original, avait-elle coutume de râler avec une mauvaise foi évidente – aussi, ils avaient convenu que leurs retrouvailles régulières se feraient sous le patronage des différents restaurants et bars de la ville, sauf quand certains décidaient d’apporter eux-mêmes le repas. Arrivant à la porte, elle trouva bien le livreur … et Johan.

« Le déjeuner et une superbe femme sur le pas de ma porte … Que demander de plus ! »

Adressant un clin d’œil ravi à sa sœur, Cecilia l’étreignit brièvement, avant de se retourner vers le livreur qui attendait son dû. Une fois ce dernier parti, elle invita sa sœur à rentrer et s’exclama :

« Je ramène de quoi soulager les estomacs en détresse … et une invitée surprise en prime. »

Laissant Johan se dévoiler pour faire la surprise aux deux plus jeunes, elle défit les paquets dans des assiettes, se bénissant d’en avoir trop pris, comme d’habitude, avant de débarrasser la table et d’improviser leur apéritif-déjeunatoire.

« J’ai commandé chez Julian, il m’a mis un peu de tout, suivant ce que vous préférez. Oh, et pour ceux qui en boivent, j’ai promis de faire tester sa nouvelle bière maison. Avis aux amateurs. »

Le prénom était suffisamment familier chez les Nordgren pour qu’ils sachent tous, tout de suite, de qui il retournait – tout comme elle-même était familière avec leur cercle intime, au moins de nom ou de vu. La famille choisie avait sa place dans la famille de sang, après tout, l’un et l’autre n’étant pas antinomique. Une fois tout le monde installé, elle se retourna vers Johan et déclara :

« On ne savait pas si tu viendrais, avec tout ce que tu dois faire ces derniers jours je suppose. Mais c’est vraiment chouette de te retrouver, sis’.

Tu nous as manqué ! »

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@Ali Nordgren, @Sloane Nordgren, @Cecilia Nordgren
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Si elle avait encore quelques doutes sur la véracité de sa situation, il était certain à présent qu'il n'y avait plus vraiment de doute sur l'état qui était le sien. Elle ne savait plus depuis combien de temps, elle était accrochée à la cuvette des toilettes en train de rendre ses tripes, coup après coup. Quand elle pensait que certaines femmes n'avaient aucun désagrément pendant leur grossesse, elle, elle avait le droit au cocktail fantastique des vertiges, et des vomissements au petit matin. Qu'est-ce qui l'attendait en plus ? Les vergetures ? Les pieds gonflés ? Les incontinences une fois qu'il se sera bien installé et qu'il viendra à appuyer sur sa vessie ? Comment on pouvait espérer vivre une telle chose, et surtout le redemander plusieurs fois. Elle avait eu le loisir de tomber sur des émissions totalement stupides à la télévision française qui faisaient des reportages quotidiens sur les familles nombreuses. A quel moment on trouvait agréable d'avoir été enceinte cinq, six ou même dix fois. Ca s'appelait clairement du suicide programmé. Cela lui semblait déjà compliqué avec un et il n'était en plus même pas arrivé. Sans parler qu'avec le décalage horaire, elle avait l'impression d'être totalement exténuée, ayant du mal à s'acclimater, neuf heures à se prendre dans les dents ce n'était jamais agréable mais bon, ce n'était qu'une question de quelques jours avant que tout redevienne dans l'ordre. Au moins pour ça, en tout cas.

En attendant, elle avait follement envie de voir ses sœurs et son frère. Cela faisait une éternité qu'ils ne s'étaient pas retrouvés tous les quatre ensemble, elle qui vivait une bonne partie de l'année dans un autre point du globe, elle ne pouvait pas profiter de ces moments-là aussi souvent qu'elle l'aurait voulu, et maintenant qu'elle était de retour, elle n'avait nullement envie de continuer à jouer le rôle de la sœur absente, bien que son estomac continue à l'agacer et qu'elle ne savait pas si elle arriverait à avaler quoique ce soit aujourd'hui. Pour autant, elle ne voulait pas se priver de ces retrouvailles, et quand enfin il sembla que son ventre s'était un peu calmé, elle se glissa enfin sous la douche avant de se préparer pour pouvoir rejoindre le petit rituel familial du samedi. Cecilia pouvait bien refuser de porter le titre de secondaire mère, celui qui revenait bien souvent à l'aînée de la famille quand la séparation des parents était trop douloureuse pour chacun des enfants, il n'en était pas moins que c'était la vérité. Elle avait été la première à prendre son envol et à s'installer dans son propre domicile, alors que Johan était sur le point de filer en internat pour suivre ses études et son entraînement intensif de danse, elle avait de nombreuses fois recueillis les plus jeunes, et elle continuait à le faire, avec une certaine désinvolture, peut-être poussée par ce côté bohème qui la faisait voir sa vie d'une autre manière.

A présent fin prête, elle quitta la maison qu'elle avait trouvé à louer à quelques mètres de chez sa sœur, pour pouvoir gagner le domicile de cette dernière. Elle avait réussi à trouver assez de place pour pouvoir installer une bonne partie de ses affaires, et installer la chose dans quelques mois, si elle décidait de l'élever ici, mais même s'il ne lui fallait que peu de temps pour se rendre chez Cecilia, elle avait mis quand même quelques maisons entre elles deux, histoire que chacun garde quand même son intimité et ne voit pas tout ce qui se passe chez l'autre en venant à passer la tête au-dessus de la haie. Elle arriva en même temps que le livreur de nourriture, son ventre se mit à nouveau à gargouiller, sans trop savoir si c'était parce qu'elle avait envie de vomir ou si c'est parce qu'elle avait faim, avec tout ça elle n'avait encore rien mangé depuis qu'elle s'était levée. Quand la porte s'ouvrit, Johan décocha un sourire radieux à sa sœur face au compliment de cette dernière et après une brève étreinte, elle vint à la suivre dans son intérieur, posant dans une position digne du statue grecque devant les deux autres membres de la fratrie. Puis elle vint embrasser Sloane et Ali avant de s'asseoir à leur côté. « J'étais aux prises avec un horrible carton, qui s'est avéré bien plus lourd que ce que je n'avais pensé, et je voulais absolument finir de le vider, je n'ai pas envie de passer ma convalescence à devoir vivre au milieu des cartons. Et finalement, me voilà, l'appel du ventre sans doute. » Elle fit un clin d'oeil à sa sœur aînée. « J'espère que vous n'avez pas encore commencé à débriefer sur les potins les plus croustillants ! Bien que la première question est : comment vous allez tous ? »

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@Ali Nordgren @Cecilia Nordgren @Johan Nordgren
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« C'est clair qu'elles vont enfler, qu'elles vont finir par exploser si on te donner tous les petits potins des toilettes des filles ! Autant gardé un peu de secret pour nous ! »

Secouant la tête amusée par la répartie de sa sœur ainée et de son frère sus ses nombreuses admiratrices de l'université. Et aux toilettes des filles de l'université, c'était l'endroit idéal de connaître les avis de certains groupes de filles sur les mecs. Et son frère en faisant souvent parti d'ailleurs. Sourire aux lèvres, prenant un autre petit four dans sa bouche, la jeune Nordgren profitait de ce moment avec sa sœur et son frère, même s'il manquait - encore - leur autre sœur, Johan. Cela faisait un certain temps, qu'elle ne l'avait pas vu ni même eu au téléphone d'ailleurs. Bon après tout, elle vivait à l'autre bout du globe et c'était parfois difficile de prendre des nouvelles. M'enfin, Sloane reporta son attention sur son frère en riant doucement, suite la phrase qu'il venait de dire s'il devenait célèbre en de regarder sa sœur avec les sourcils haussés.

« On ne veut pas connaître ta vie sexuelle Cecilia !  » Dit-elle, avec un sourire amusé sur les lèvres, regardant sa sœur.

Un sourire fier apparu sur les lèvres de la brunette après le compliment de sa sœur en coulant doucement un regard vers son frère qui lui n'avait pas cette chance de vivre de sa passion, suivant ce que lui imposait leur père. D'ailleurs, elle n'avait jamais compris pourquoi il faisait comme tout lui disait celui-ci. Après tout, il allait construire une carrière professionnelle qui n'allait pas lui plaire. Il faudrait qu'elle en touche deux mots à son frère sur ça. Ils s'étaient toujours soutenu l'un et l'autre dans les moments les plus difficiles, surtout quand l'un préférait être chez maman ou inversement. Peut-être était-ce le caractère qui avait joué sur le fait qu'elle avait eu le droit de choisir ses études et son choix de carrière professionnelle comme ses deux autres sœurs aînée ? Mais pour la brunette se n'était pas une raison pour que son frère ne puisse pas faire sa passion son métier. Cecilia se leva quand la sonnerie retentit dans l'appartement de celle-ci, laissant les deux benjamins de la famille, seuls quelques instants avant qu'elle ne revienne avec le déjeuner mais une autre personne qui n'était qu'autre que leur autre soeur aînée, à elle et Ali.

« Oh ! Mais tu es arrivée quand ici ? Enfin, je suis contente de te voir parmi nous ! » Dit-elle à Johan en se levant pour lui faire la bise avant de s'installer à nouveau dans le canapé, auprès de sa fratrie.