for good times and bad times, i'll be on your side forever more, that's what friends are for // @Ali Nordgren

OUTFIT. La journée passée à réviser lui avait filé la migraine. En se levant le matin, Charlie s’était fait un programme détaillé heure par heure afin de rattraper le retard qu’il avait pris dans ses révisions. Il n’avait même pas fait de pause pour le déjeuner et c’était contenté d’un sandwich fait à la va vite. Après avoir loupé les cours pendant des mois, il avait pris un certain retard. Certains camarades de classe avaient gentiment partagé leurs notes avec lui et maintenant, il devait faire des recherches, apprendre, réviser. Un semblant de journée sans fin, lunettes sur le bout du nez, les jambes engourdies à force d’être assis. Ce n’était qu’une fois que son ordinateur affichait dix-huit heures qu’il décidait de s’arrêter. En tournant la tête, il s’apercevait que la nuit commençait déjà à tomber et que les heures avaient défilées sans même qu’il ne s’en rende compte. Un long soupir traversait ses lèvres alors qu’il s’étirait bruyamment. Capuche sur la tête, il se jetait dans son lit, le corps envahit par la fatigue. Il s’empressait d’ouvrir Netflix sur son ordinateur, et s’enterrait sous sa couette avec la conviction d’y rester jusqu’au lendemain. Son index lançait l’épisode et un sentiment de satisfaction envahissait le gamin. Il l’avait mérité.

Il avait fini par piquer du nez, Charlie. Les yeux qui restaient difficilement ouverts, pendant un instant il avait pensé rêver la voix d’Ali qui l’appelait. Mais les pas lourds dans le couloir annonçaient autre chose. Il grognait déjà, parce qu’il savait ce qu’il l’attendait. Il se cachait sous sa couette en laissant le son de l’ordinateur tournait en fond. Comme un enfant qui se cache et qui pense disparaitre, il pensait qu’Ali laisserait tomber. La porte s’ouvrait et seul un ordre traversait les lèvres de son meilleur ami. Charlie ne pouvait retenir un gémissement traduisant sa flemme et son manque d’énergie. Il allait dire quelque chose le gamin, mais l’autre était plus rapide. Quand la voix d’Ali s’imposait de la sorte, il n’y avait pas de négociation possible. Il savait qu'Ali ferait tout pour l'embarquer ce soir. Une fois qu'une idée était dans sa tête, personne ne pouvait la déloger. Mais Charlie pouvait quand même lui faire remarquer que ça l’emmerdait de sortir. « Ali, j’ai la flemme. J’ai bossé toute la journée. Tout ce que je veux faire c’est dormir là. » Il fermait les yeux tentant de regrouper le peu d’énergie qui lui restait pour lui tenir tête. « Y a personne d’autre avec qui tu peux sortir ce soir ? » lâchait-il en sortant enfin sa tête d’en dessous de sa couette. Un autre soupir. « Embarque Maia, elle ne dit jamais non pour sortir. » Total opposé de Charlie qui ressemblait plus souvent à un grand-père qui ne sortait qu’une ou deux fois par an. Devant le regard insistant de son ami, Charlie poussait les couvertures et fermait son ordinateur, une moue boudeuse accrochée solidement à son visage. Il avait envie de le baffer, Ali, quand il souriait comme ça. Sans ajouter un mot, il attrapait quelques vêtements dans son placard et filait à la salle de bains, lançant un sourire forcé à son ami resté dans l’encadrement de la porte. « Bon, on va où ? » demandait-il avec sa brosse à dent dans la bouche évitant de peu de tâcher ses vêtements avec du dentifrice. Ali, il le connaissait depuis toujours et c’était toujours celui qui le trainait en soirée. Depuis le berceau, les deux ne se lâchaient pas et malgré leurs différences, ils formaient un duo équilibré que beaucoup enviaient. Maintenant qu’il y réfléchissait, ils n’avaient pas passé tant de temps que ça ensemble récemment. Tous les colocs s’entendaient bien et passaient le plus clair de leur temps tous ensemble. L’idée de passer une soirée avec Ali en face à face semblait valoir le coup de combattre la fatigue et l'envie de rejoindre son lit.

for good times and bad times, i'll be on your side forever more, that's what friends are for // @Ali Nordgren

OUTFIT Parfois, Charlie questionnait son existence même dans le groupe. Il ne comptait plus le nombre de fois où il s’était demandé ce qu’il faisait avec ces fêtards, qui se moquaient de ses habitudes de maniaque au moins cinq fois par jour. Avec le temps, il avait fini par comprendre que c’était leurs différences qui les rapprochaient. C’était la raison pour laquelle, plus jeune, il avait continué de trainer avec cette bande de bras cassés. Les professeurs à l’école n’avait jamais compris comment des garçons aussi différents pouvaient se révéler aussi inséparables. Le brun trouvait une certaine sérénité dans leurs dissemblances. Charlie fronçait les sourcils entendant la réflexion d’Ali qui sous-entendait qu'il n’était jamais drôle. Ali était celui qui ne cessait de l’entrainer dans ses escapades, le poussant à sortir de sa zone de confort, encore plus depuis que Tim n’était plus là. Si au départ, ce comportement l’agaçait, avec le temps, Charlie avait réalisé combien il devait à son meilleur ami. Il était le seul qui avait eu le courage de le bousculer, de le forcer à sortir de ses habitudes bien rangées et rassurantes. Peu y arrivait, mais Ali avait ce don pour le convaincre, pour lui changer les idées. Son regard se posait sur la moue attendrissante qu’il tentait d’arborer, ce qui avait pour effet de le faire sourire, contre son gré. Un long soupir traversait les lèvres de Charlie alors qu’il cherchait la force de se lever de son lit. Mais avant de se lancer, il tentait une dernière chose. Maia serait forcément d’humeur fêtarde, plus que lui en tout cas. Mais Ali insistait, c’était avec lui qu’il voulait sortir. « D’accord, c’est bon, j’arrive. Donne-moi deux minutes. » Comprendre vingt, mais Ali avait l’habitude. Il levait les yeux au ciel amusé, Charlie, quand il voyait son ami lui adressait un clin d’œil. Il n’avait pas vraiment le choix, le garçon, son ami l’aurait harcelé toute la soirée pour sortir s’il n’avait pas bougé. Alors, il prenait son temps pour s’habiller et se préparait parce qu’il savait que l’autre n’oserait pas râler, de peur que Charlie perde la motivation qu’il avait rassemblé. Il en jouait un peu pour le coup. Charlie rinçait sa bouche et rangeait sa brosse à dents avant de se tourner vers Ali, les sourcils froncés. « Je suis quoi ? Un grand-père ? » La réponse était évidemment positive, mais il ne l’avouerait jamais. Silencieusement, il remerciait son meilleur ami qui avait prévu le coup. Pas de taxi à payer, et s’ils buvaient un peu trop, ils ne peineraient pas trop à retrouver leur chemin. Il venait lui taper légèrement l’épaule avant de retourner dans sa chambre s’emparait de son téléphone et de son portefeuille. « C’est bon ? » lâchait-il, posté au milieu du couloir, en écartant les bras. Comme si son apparence lui importait. Peut-être, si Maia trainait dans le coin. Il secouait la tête pour chasser cette pensée idiote de sa tête et suivait Ali jusqu’à la porte d’entrée. « Tu sais que je suis en couple, Ali ? Je sais que ce n’est pas un terme qui t’est très familier, mais… » Et la phrase restait en suspens parce qu’un léger rire traversait ses lèvres. Il savait qu’Ali se moquait, comme il avait pris la sale habitude de le faire. Le dire à voix haute lui paraissait étrange pourtant, mais il ne s'attardait pas sur ce sentiment. Leurs pas résonnaient dans la cage d’escalier jusqu’à ce que Charlie pousse la porte du bâtiment. L’air froid venait s’écraser sur son visage alors qu’Ali arrivait à sa hauteur. « Je ne bois pas comme la dernière fois, j’ai des révisions à faire demain. Je te préviens tout de suite » lançait-il accompagné de gestes fermes et clairs. Comme s'il tentait de se convaincre au passage. Même si son côté rabat-joie prenait le dessus, il remerciait silencieusement Ali pour ce qu’il faisait pour lui. Il avait besoin de ça en ce moment.