When the night has come and the land is dark, and the moon is the only light we see // @Ali Nordgren

Nouveau réveil en sursaut, la faute au même cauchemar. Celui qui hante la majorité de ses nuits et la poursuit depuis qu'elle est gamine. Cette mère qui abandonne son bébé sur le pas de la porte d'une maison dont la devanture pourrie laisse déjà présager de ce qui se trame derrière les murs. Et ce nourrisson qui pleure à chaudes larmes et dont les hurlements ne trouvent pas de réconfort. Cette scène qui se répète sans cesse et qui n'a que peu de sens finalement. Vision biaisée d'une enfant qui ne comprend pas ce que les adultes tentent de lui expliquer. Car dans les faits, tout est fondamentalement différent. Bien que Maia n'ait jamais connu son géniteur, sa mère, elle, ne l'a jamais abandonnée. Au sens strict du terme. La mort avait juste frappée trop tôt. Malgré tout, les années, la faculté à pouvoir comprendre son histoire, le sentiment d'abandon persistait et continuait à la ronger. On ne l'avait peut-être pas déposée sur le pas d'une porte une froide nuit d'hiver, mais perdre sa mère avait fait d'elle une orpheline et créée toute sorte d'angoisse. Parmi elles, le fait que les personnes qu'on aime finissent toujours par partir, nous laisser seules et nous faire du mal.
Les cauchemars étaient plus fréquents, mais aussi plus violents depuis son départ précipitée de chez les Wheeler. La dispute avec celui qu'elle considérait comme un père en était à l'origine, elle le savait pertinemment. Cette histoire n'avait fait que rouvrir une blessure dont elle peinait encore à guérir. D'une certaine façon, lui aussi l'avait abandonné, ce jour là, en agissant comme un sombre crétin. Les accusations et les reproches portés contre elle, au delà d'être injuste, étaient comme des coups de couteaux plantés droit dans son cœur. Ce mauvais rêve l'avait laissée haletante, anéantie, le cœur battant à tout rompre. La pénible impression que tout ce bordel dans sa tête ne s'arrêterait jamais et la douleur dans sa poitrine avec. Après avoir écarté les mèches de cheveux que la sueur avait plaquées sur son visage, elle s'obligea à respirer lentement, profondément, et au bout d'une minute qui lui avait paru durer une éternité, son rythme cardiaque se calmait enfin. Assise au bord de son lit, les yeux clos, la brune apparaissait plus fragile que jamais. Elle qui semblait toujours si solide, si forte, il n'en était finalement rien. Le genre qu'elle se donnait n'était en fait qu'un leurre pour cacher sa véritable nature. Celle d'une gamine sensible, écorchée et terriblement angoissée. La solitude qui l'étouffe presque et ce besoin irrépressible, presque vitale, de rejoindre l'un de ses colocataires pour respirer à nouveau. Combat dans sa tête qui se joue à chaque fois. Tiraillée par le besoin d'avoir une présence à ses côtés et la peur de les réveiller ou d'être de trop. Ce soir, la bataille sera courte et Maia rejoindra la chambre la plus proche. Celle d'Alistair. Seule la lumière, rassurante, de la lune éclaire la pièce où le brun dort. Il semble paisible et cette simple vision lui réchauffe déjà le cœur. Le plus discrètement possible, la gamine se glisse sous la couette du garçon et grimace à chaque bruit qui perturbe le sommeil d'Ali et le fait bouger. « Désolée. » chuchote-t-elle, la mine navrée, en voyant Ali se retourner et ouvrir les yeux. « Ce n'est que moi, rendors-toi. » ses lippes qui s'étirent timidement avant que ses yeux ne se ferment tout doucement pour indiquer qu'elle ne perturberait pas plus longtemps le sommeil du brun.