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 Dancing in your dreams (PV Jodie)


Cecilia Nordgren
just something that we wanna try
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Cecilia Nordgren
lost and insecure
messages : 143
pseudo : ITW
pronom irl : Elle
id card : Rose Leslie (La Blatte)
personnage : permanent
multicomptes : /
nbre de mots : 800-1000
disponibilités : full / non dispo
trigger warning : tw joués : potentiellement dépression je ne veux pas jouer : usage de drogues
pronom : Elle
âge : 32 ans
statut civil : Célibataire, préférant officiellement prendre du recul, se demandant officieusement si le bonheur n'est pas à portée de mains, et n'osant pas réellement le saisir, de peur d'être trop fragile
orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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same old story

· Dancing in your dreams (PV Jodie) Jeu 18 Mar - 18:59

- Dancing in your dreams -
@Jodie Dawley
. . . . . . . . . . . . . . .

Satisfaite de ses maquettes, Cecilia posa ses crayons, avant de regarder sa montre … et de s’apercevoir, horrifiée, du retard cataclysmique qu’elle avait engrangé. Certes, la ponctualité n’avait jamais été une de ses qualités – licence artistique, avait-elle coutume d’offrir comme excuse avec un sourire confondant d’innocence, mais tout de même, Jodie allait l’assassiner. Avec son stéthoscope. Ce qui ferait fort mauvais genre dans la presse, la gynécologue-obstétricienne embarquée pour tentative de meurtre sur une malheureuse peintre en détresse. Bref, il était temps de s’habiller, ce qu’elle fit en enfilant à la va-vite sans trop faire attention à ce qui lui tombait sous la main et en sautillant pour mettre ses chaussures avec la grâce d’un cabri alcoolique, avant d’empoigner son célèbre pardessus rouge et de sortir en trombe de son logis pour retrouver l’autre femme à l’heure presque dite. Pourtant, elle attendait avec une certaine impatience ce rendez-vous, mais, déterminée à donner pleine et entière satisfaction à leur collaboration, et peut-être aussi, à l’éblouir un peu, elle avait retouché une bonne cinquantaine de fois ses propositions pour les flyers de sa future campagne de prévention, cherchant l’idée parfaite, la composition qui arracherait un sourire et une appréciation sincère. D’abord, parce que la cause était trop noble, trop importante, pour qu’elle se laisse aller à sa mélancolie créative et ne soit en mesure de proposer que des maquettes bateaux, sans intérêt, vues et revues. Non, il fallait un ensemble percutant, quelque chose qui parle immédiatement, qui fasse parler aussi, qui permette à une personne de se dire « je peux prendre ce flyer, et peut-être que je vais agir ». C’était devenu l’un des rares moments où elle arrivait à créer véritablement, à laisser libre court à ce qui, jadis, avait fait sa renommée, ce coup de crayon à la fois délicat et sûr, parfois provocant, souvent délicat, toujours empathique, vivace. Elle avait l’impression d’être utile, tout simplement. Et si l’art n’avait pas pour but de l’être, utile, l’artiste trouvait du plaisir à ce que ce soit le cas, au milieu de son marasme ordinaire. Et une petite partie d’elle-même se pressait d’oublier que son attention aux détails était éventuellement lié à la commanditaire, et à des souvenirs qu’elles s’étaient efforcées toutes les deux de mettre de côté, avec un succès plus ou moins grand. La solitude devait lui peser. Voilà pourquoi, parfois, dans son esprit, apparaissait les reflets d’une chambre qui n’était pas la sienne, et que ses mains se prenaient à enserrer un corps qui n’était plus là, mécaniquement, doucement, dans les limbes fantomatiques de ses regrets inavoués.

Après une course homérique, Cecilia arriva, hors d’haleine, au lieu de rendez-vous et s’engouffra avec sa délicatesse habituelle, soit en manquant défoncer la porte en s’écrasant dessus, dans le bar. L’atterrissage se fit donc avec plus ou moins de grâce, et l’artiste pantelante, une fois remise, chercha donc avec curiosité Jodie … qu’elle découvrit déjà attablée, et en apparente conversation avec une touffe de cheveux, de ce qu’elle pouvait apercevoir. N’écoutant que sa logique implacable, la trentenaire en conclut que ladite touffe devait surmonter une tête, et que ladite tête devait appartenir à quelqu’un. Cette conclusion digne de Sherlockette Holmes atteinte, elle s’approcha donc, la curiosité l’emportant. Etait-elle à ce point en retard que Jodie avait abandonné tout espoir de la voir pointer le bout de son nez et avait décidé de passer sa soirée avec quelqu’un d’autre ? Quelqu’une d’ailleurs, manifestement, si elle en croyait la voix qui arrivait à ses oreilles. Quelqu’une particulièrement charmante aussi, si elle en croyait ses yeux. Yeux qui ne risquaient pas de rencontrer ceux de l’inconnue, puisque les siens étaient glués à la gynécologue avec une application qui frôlait l’indécence, du moins de son point de vue totalement objectif et absolument dénué d’une jalousie puérile et stupide. Mue donc par un sens aigu du devoir et une capacité éprouvée à ne pas se laisser démonter par une déconvenue, la trentenaire opta donc pour la voie qui lui semblait la plus normale, à savoir marcher d’un bon pas vers la table, se planter devant et interrompre la conversation d’un sonore :

« Pardon, pardon, je suis affreusement en retard, mais la créativité n’a pas d’heure, et je suis sûre que je saurais me faire pardonner ! »

Et de planter deux bises sur les joues de Jodie d’autorité, avant de se retourner vers l’inconnue et de lui tendre une main particulièrement ferme :

« J’oublie mes bonnes manières, Cecilia Nordgren, et vous êtes … ? »

made by rivendell.


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Jodie Dawley
in the lane, snow is glistening
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Jodie Dawley
lost and insecure
messages : 156
pseudo : sarah.
pronom irl : elle
id card : gemma arterton (tearsflight)
personnage : permanent
multicomptes : delilah c.
Dancing in your dreams (PV Jodie) Af882dd8691c2cf2bf2192cd09b288d8e8e44aee
nbre de mots : 500-1200 environ
code couleur : indianred
disponibilités : juliancecilialunamaude (fb)riley
en attente › temperance, jenna

trigger warning : tw joués : deuil, violences faites aux femmes. je ne veux pas jouer : sexe explicite, inceste.
pronom : she/her
âge : trente-deux ans (15 septembre 1988)
statut civil : célibataire ; une vie sentimentale moins éteinte que ce qu'elle laisse entendre, des résolutions raisonnables qui vacillent à chaque fois qu'elle croise ses yeux clairs et la crainte entêtante de finir par tout gâcher.
orientation : lesbienne discrète mais assumée.
gif : Dancing in your dreams (PV Jodie) Ijam0uJ
occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
habitation : #183 dryden street, en colocation avec Julian
en vrac : Jodie participe à des journées de sensibilisation autour de la contraception et du consentement dans les lycées de la région. › Il y a beaucoup de livres chez elle, certainement trop pour qu’une vie entière suffise à les lire tous. › Jodie boit beaucoup (trop) de café, habitude prise pendant ces longues nuits sans sommeil qui ont rythmé ses études de médecine. › Elle dort toujours dans des draps colorés. Le blanc immaculé lui rappelle trop l’hôpital et ses chambres impersonnelles. › Jodie est végétarienne. › Elle déjeune avec son père chaque dimanche.
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Ven 19 Mar - 13:56


- dancing in your dreams -
@cecilia nordgren
. . . . . . . . . . . . . . .


Jodie déposa sa blouse dans le bac à linge du vestiaire, et jeta un rapide coup d'œil à sa montre avant de soupirer. Elle aurait pu le prédire : elle n’avait plus le temps de passer chez elle pour se changer. Ce n’était pas très étonnant, il y avait toujours un dernier dossier à examiner, un dernier papier à signer, une dernière autorisation à donner avant de décaler un rendez-vous. Il y avait toujours quelque chose à faire à la clinique, et c’était toujours quelque chose de plus important que de prendre une douche et enfiler des vêtements propres ; quelle futilité, n’est-ce pas ?
Jodie n’aurait pas dû s'en préoccuper autant. Vraiment, ça ne valait pas la peine de risquer d’accentuer sa ride du lion de la sorte. Après tout, ce n’était qu’un rendez-vous informel avec une amie. Un rendez-vous qui avait plus ou moins trait avec sa vie professionnelle qui plus est. Alors pourquoi ne pouvait-elle pas s’empêcher d’être agacée à l’idée de ne pas avoir le temps de se rafraîchir un peu ? Et pour ne rien arranger, elle s’agaçait elle-même de raisonner ainsi. Le serpent qui se mord la queue.

Avant qu’elle n’ait pu s’embourber davantage dans ses pensées, la porte du vestiaire s’ouvrit et entra l’une de ses collègues. “Tiens, tu pars déjà ?” s’étonna Olivia en se dirigeant vers son casier. Preuve s’il en fallait que la gynécologue passait décidément bien trop d’heures à la clinique. “Oui, j’ai rendez-vous avec une amie. Tu sais, l’artiste peintre qui a fait les flyers.” Elle s’était permis cette précision parce qu’elle savait qu’Olivia avait beaucoup aimé les-dits flyers. D’ailleurs, cela lui donna une idée qu’elle s’empressa de soumettre à sa collègue. “Tu peux venir avec moi si tu veux ! Je suis sûre que ça ne dérangera pas Cecilia.” En fait, si elle était honnête, c’était elle que sa présence rassurerait, et elle ça la désolait de s’en rendre compte. C’était ridicule. A quel moment avait-elle commencé à craindre de se retrouver seule avec Cecilia ? Inutile de chercher longtemps la réponse à cette question. Jodie savait exactement à quel moment leur relation avait basculé, et elle ne comptait pas y penser davantage. A quoi bon puisque ce souvenir hantait déjà bon nombre de ses nuits ?

Olivia ayant accepté de l’accompagner - son enthousiasme évident faisant sourire Jodie - les deux femmes se dirigèrent ensemble vers le pub où elles s’étaient donné rendez-vous. Elles avaient quelques minutes de retard, mais Jodie ne s’en inquiétait pas outre mesure ; Cecilia était beaucoup de choses, mais la ponctualité n’était définitivement pas son fort. A cette pensée, et en imaginant son amie utiliser la carte de la licence artistique comme excuse, Jodie ne put s’empêcher de sourire discrètement avant de reprendre le fil de sa discussion avec Olivia.

Si Jodie était incapable de dire combien de temps s’était écoulé avant l’arrivée de Cecilia, elle ne pouvait toutefois pas manquer cette dernière. Elle connaissait les manières directes de son amie, bien loin de sa propre discrétion, et ne s’en était jamais offusquée - du moins pas depuis qu’elles avaient terminé le lycée - même si elles lui faisaient parfois lever les yeux au ciel. Seulement cette fois-là, il y avait un je-ne-sais-quoi de nouveau dans sa voix, ou peut-être dans son attitude générale, dans sa tête haute et son menton relevé, dans la manière dont elle planta deux bises sur ses joues. Une fois libérée de son étreinte, la gynécologue porta toute son attention sur Cecilia alors que sa collègue se présentait à son tour et répondait à sa poignée de main. “Olivia, enchantée.” Les joues légèrement rougies par l’effort, les yeux brillants, elle lui faisait penser à un ouragan, une tornade rousse à qui rien ni personne ne pouvait résister. En tout cas pas Jodie. Même si elle refusera de l’avouer.
Reprenant rapidement ses esprits, Jodie se décala légèrement pour laisser un peu de place à Cecilia sur la banquette à côté d’elle. “J’ai proposé à Olivia de se joindre à nous, un troisième avis ne sera pas de trop, n’est-ce pas ?” Evidemment, elle ne précisera pas l’autre raison qui a mené à cette invitation de dernière minute. Elle ne parlera pas de sa lâcheté et des questions qui tourbillonnaient continuellement dans son esprit depuis des semaines.

Olivia tourna son visage rond vers Cecilia, et esquissa un sourire avant de s’adresser de nouveau à elle. “Jodie m’a montré les flyers de la dernière fois, je les ai trouvés très réussis. Je n’y connais pas grand chose, mais je suis sûre que tu as beaucoup de talents.” A ces mots, Jodie baissa les yeux et attrapa sa tasse de café pour en avaler une gorgée, alors qu’un léger sourire étirait ses lèvres. Elle n’avait jamais douté du talent de son amie et le lui avait dit à plusieurs reprises, mais elle savait aussi que ces mots avaient une portée différente lorsqu’ils étaient prononcés par une quasi-inconnue. Cachée derrière sa tasse, Jodie en profita pour observer l’échange entre Cecilia et Olivia. Alors que sa collègue lui posait une nouvelle question à propos de sa méthode de travail ou que sais-je encore, Jodie reposa sa tasse sur la table en bois avec plus de force qu’elle ne l’avait voulu, faisant passer un peu de café par-dessus bord. Sa réaction démesurée la surprit elle-même, mais elle ne s’y attarda pas davantage et préféra réorienter la conversation vers le sujet initial. “Très bien, qu’est-ce que tu nous as apporté de beau, alors ?”
Pendant que Cecilia se penchait sur son sac pour en extraire les fameuses maquettes, Jodie ferma les yeux quelques secondes et tenta de vider son esprit des pensées parasites qui s’y étaient invitées sans son consentement. Les yeux toujours fermés, elle ne remarqua pas Olivia qui tapota sur l’écran de son téléphone. “Je suis désolée, je vais devoir y aller.” La voix de sa collègue la ramena sur terre et Jodie rouvrit brusquement ses yeux. “Oh c’est dommage !” Elle se mordit immédiatement l’intérieur de la joue en réalisant que sa panique était parfaitement audible dans sa voix et son empressement. Elle se reprit bien vite et redevint la Jodie modérée que tout le monde connaissait. “On se voit demain ?” Olivia acquiesça en souriant puis salua Cecilia avant de quitter leur table. Jodie se tortilla discrètement sur la banquette, brusquement terriblement consciente de la proximité entre elles. Tentant de reprendre contenance, elle pencha légèrement la tête sur le côté et jeta un rapide coup d'œil au dossier désormais posé sur la table. “Alors comme ça tu penses que ce sera suffisant pour pardonner ton retard ?”
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Cecilia Nordgren
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orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Ven 19 Mar - 18:20

- Dancing in your dreams -
@Jodie Dawley
. . . . . . . . . . . . . . .

« Plaisir partagé alors. »

Un sourire aux lèvres, Cecilia répondit à Olivia tout en enlevant son pardessus, avant de s’asseoir aux côtés de Jodie sur son côté de la banquette, cette dernière s’étant décalée pour lui faire de la place. L’artiste peintre la frôla légèrement, puis le contact s’en fut aussi soudainement qu’il était arrivé alors qu’elle remettait de la distance entre elles. Tournant la tête vers la gynécologue pour l’écouter lui expliquer les raisons de ce trio impromptu, son regard ne put s’empêcher de fureter sur le visage de l’autre femme, alors que le souvenir de ses lèvres sur ses joues, quelques secondes auparavant, venait la hanter, parce qu’elle avait humé pendant de fugaces instants le parfum si particulier de la sœur de Julian. La trentenaire avait toujours été sensible aux odeurs, ayant coutume de dire que chacun en avait une particulière. C’était plus particulièrement vrai pour les femmes qu’elle aimait. Il y avait quelque chose de magnifique à découvrir un corps pour la première fois, mais plus encore à le sentir, à le respirer, au moment où la respiration, précisément, se perdait souvent dans d’autres lèvres, sur une autre chair, et que l’attention dérivait vers les sens. Le kaléidoscope hypnotique de sensations qui résultait de cette acmé si particulière n’avait pas d’équivalent, en ce monde. Et elle avait souvent essayé de la saisir dans ces toiles, de capturer sur le châssis cet afflux, cette merveille, cet enfer, en grands aplats colorés dont elle avait le secret, parsemé de traits bruts, pour démontrer le jaillissement du plaisir qui affleurait, comme parfois, de sentiments plus complexes. La flagrance de Jodie lui revenait, de même que les souvenirs. Il était difficile de leur résister. Il le fallait, pourtant. Une expression nonchalante étira ses lèvres, si typique de Cecilia, tandis qu’elle répondait finalement à l’assertion de celle qu’elle observait :

« Bien sûr. Plus on est de folles … »

Et elle tourna son regard vers Olivia, pour lui décocher un clin d’œil amusé. Cette dernière prit la parole, expliquant avoir apprécié ses dernières propositions. Cela eut le don d’attirer pleinement son attention, et de la détacher de Jodie. Parler d’art était l’un des meilleurs moyens d’avoir une Cecilia toute ouïe en face de soi, et évidemment, complimenter le sien avait tendance à obtenir le même résultat. Surtout en cette période de doutes qui se prolongeait, où même ses galeristes ordinaires tentaient aussi poliment que possible de lui expliquer que ses créations n’avaient plus leur faveur. Trop attendue, incapable de se renouveler, commerciale, vulgaire parfois : elle avait tout entendu, sur tous les tons, de toutes les façons possibles. Alors, évidemment, savoir qu’elle était encore capable de créer quelque chose de satisfaisant, même pour des yeux simplement amateurs … Oui, c’était agréable. Elle n’allait pas le nier. Et elle passa donc les minutes qui suivirent avec une joie presque enfantine à répondre aux questions d’Olivia, détaillant avec passion ses différentes techniques, son processus créatif … Ses mains s’agitaient toutes seules, tandis que son visage s’était animé, et sa voix s’était faite légèrement plus précipitée. Transfigurée, Cecilia respirait pour sa peinture, et pour le plaisir de faire partager la grande passion de son existence à une tierce personne. Parce que sa plus belle maîtresse, son merveilleux amour, c’était son pinceau, c’était sa toile, c’était leur combinaison. Et si elle avait commis des adultères en se perdant dans les bras de la sculpture, de la plastique, elle y revenait encore et toujours, à ce duo infernal, dans un triolisme artistique qui battait de l’aile, mais survivait malgré tout, dans les yeux intéressés d’Olivia, dans ceux de toutes ces personnes qui appréciaient son travail. Puis Jodie reposa sa tasse – avec suffisamment de force pour décorer un peu le bois de la table, ce qui l’amusa – et mit fin à cette parenthèse en rappelant que l’objet de l’appréciation de son amie était encore dans son sac, et qu’elle était là pour montrer ses projets, et non pour disserter des mérites de la peinture à l’huile. Avec un sourire d’excuse, Cecilia mit donc fin à sa conversation avec Olivia et se pencha pour récupérer ses maquettes, soigneusement enveloppées dans son sac. Elle les posa devant elle, et sembla réellement déçue quand leur troisième comparse parut vouloir leur fausser compagnie. Gentiment, la Nordgren répondit donc :

« Rien de grave, j’espère. En tout cas, ce fut une conversation délicieuse. Au plaisir de se recroiser, Olivia. »

Un bref instant, Cecilia laissa son regard couler pour suivre le départ de la jeune femme, avant de reporter son attention sur Jodie, assise à ses côtés. Qui n’avait pas l’air si ravie que cela de leur position, à en juger par la légère tonalité paniquée dans sa voix au moment où Olivia était partie. Et la peintre de tenter de ne pas être trop vexée. Tout de même, elle n’était pas de si mauvaise compagnie … A moins que la gêne, encore ne soit trop présente ? La révélation la laissa pantoise, et elle contempla Jodie, peut-être un peu trop longtemps sans rien dire, avant de rendre compte que cette dernière avait reporté son attention sur elle après avoir salué sa collègue. Reprenant contenance, l’artiste afficha un sourire cette fois conquérant, avant de lui donner un léger coup de coude taquin :

« Eh bien … Si ce n’est pas le cas, il me reste toujours l’option de te soudoyer en t’offrant un autre verre. »

La phrase faisait écho à une autre soirée. Et brusquement, quelques flashs revinrent. Qu’elle écarta aussi vite que possible, et, pour rattraper sa bévue un peu trop charmeuse, ajouta en une tentative de disgression par l’humour, tactique de fuite bien connue :

« Si tu as le temps, bien sûr. Ton oreiller mérite de te voir de temps en temps, vu que tu lui fais des infidélités répétées. »

Tout en parlant, elle avait dévoilé la première maquette. On y voyait une silhouette à une fenêtre prendre un téléphone. En face, en arrière-plan, une autre, plutôt masculine, paraissait menacer une silhouette féminine à terre. L’ensemble était baigné dans l’ombre, seul le téléphone étant éclairé par une utilisation classique mais efficace du clair-obscur. Et au-dessus, en lettres blanches, les mots « Tous témoins. Tous responsables. ». Avec en bas, le plus attendu : « Si vous êtes témoins de violences conjugales, appelez. ». Elle la tendit à Jodie pour qu’elle observe le rendu. La seconde était plus explicite, moins attendue aussi. Une silhouette derrière des barreaux, tête baissée, dans l’ombre encore, se trouvait sur la gauche. Celle d’une femme, souriante malgré des traces sur le visage. Libre. Enfin. Et au-dessus le slogan tracé en lettres rouges « La honte doit changer de camp. » Avec en bas, le numéro d’appel pour les victimes. Le troisième, enfin, présentait deux femmes enlacées dans une pièce avec sur les murs le signe de l’association à laquelle participait Jodie, et le slogan « Plus jamais seules. ». Laissant Jodie les observer toutes les trois, Cecilia finit par demander, un peu nerveuse :

« Tu en penses quoi ? Ce ne sont que des ébauches, je peux encore changer les couleurs, la disposition … Bon, tout si vraiment, ça ne convient pas, ça me prendra juste un tout petit peu plus de temps pour le rendu final. J’ai réfléchi à ce dont tu m’as parlé la dernière fois, et j’ai essayé de traduire tout ça dans les maquettes, mais j’ai pu me tromper, ou c’est peut-être trop … »

Cecilia, ou l’art de se perdre dans une logorrhée fébrile. Alors, en attendant le verdict, elle finit par se taire. En espérant ne pas avoir trop déçue la gynécologue qui lui avait fait confiance.

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Jodie Dawley
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Dim 21 Mar - 11:55


- dancing in your dreams -
@cecilia nordgren
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Il existait un océan de différences entre Cecilia et Jodie. L’enthousiasme et la passion d’une artiste d’un côté ; la discrétion et la minutie d’une médecin de l’autre. L’une était flamboyante quand l’autre se fondait aisément dans le décor. D’ailleurs, tout au long de leur scolarité, qu’elles avaient passée côte à côte, elles n’avaient jamais été particulièrement proches. Pas les mêmes centres d’intérêt, pas la même manière de fonctionner. Elles se croisaient pourtant chaque jour, que ce soit en classe où chez les Dawley, parce que pour une raison que Jodie n’avait jamais cherché à comprendre, Cecilia était la meilleure amie de Julian. Elle avait cru au départ qu’il y avait plus que de l’amitié entre eux. Quand Julian lui avait assuré que leur relation était strictement platonique, elle s’était dit que, peut-être Cecilia était secrètement amoureuse de son frère aîné et n’osait pas lui avouer. Jusqu’à ce que Julian lui rit au nez en lui assurant que si sa meilleure amie devait être secrètement amoureuse d’un Dawley, il était mille fois plus probable que ce soit d’elle que de lui. Jodie avait rougi et, vexée, s’était enfermée dans sa chambre jusqu’au dîner. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle se vexait à propos de Cecilia. Elle avait d’abord été vexée en réalisant que malgré leurs innombrables différences, elle ne parvenait pas à rester insensible face à elle. C’était vexant parce qu’elles n’avaient jamais réellement discuté de quoi que ce soit, et que cela sous-entendait que son attirance était principalement physique. Or Jodie se targuait d’être l’intellectuelle de la fratrie. Alors en tant que telle, elle aurait dû être attirée par des idées, un raisonnement, des questionnements, pas par des cheveux de feu et un regard pétillant. Fort heureusement, depuis, Jodie avait mûri et son arrogance de première de la classe s’était atténué. Elle avait aussi compris que cette fameuse attirance n’était pas que physique. Certes, elle n’était toujours pas insensible aux reflets du soleil dans ses cheveux roux ou à son regard flamboyant, mais ce n’était pas tout. Il y avait aussi son humour piquant, sa sensibilité et ses convictions affirmées. Parce qu’avec le temps, les deux jeunes femmes avaient réussi à se trouver presque autant de points communs qu’elles avaient des différences. Quant à son crush d’adolescente, vous remarquerez de vous-même que Jodie avait bien du mal à s’en débarrasser.

Pour sa défense, Cecilia ne lui facilitait pas la vie non plus. Comme lorsqu’elle sous-entendait qu’elle pourrait toujours lui offrir un verre pour la convaincre. Or, n’était-ce pas exactement de cette manière que l’incident avait débuté ? C’était d’ailleurs pour cela qu’une tasse de café - vide maintenant - était posée devant elle, et non pas un verre de vin. Consciente que ce n’était pas le moment de laisser ses pensées divaguer, Jodie tenta de ne rien laisser paraître de son trouble. Fort heureusement, des années de pratique lui permettaient d’arborer un masque neutre dès que la situation l’exigeait. Cela ne l’empêcha pas de répondre de manière assez enjouée à son amie lorsque cette dernière remarqua qu’elle dormait peu en ce moment. “Oh peut-être que boire un verre m’aidera à m’endormir plus facilement que ces derniers jours,” soupira-t-elle. Il fallait dire qu’entre son emploi du temps plus que chargé, les imprévus de dernière minute, et surtout le retour de Julian, son esprit surchargé ne lui laissait que peu de répit et qu’elle peinait chaque soir à trouver le sommeil.

Jodie n’eut pas l’occasion d’épiloguer davantage, puisque Cecilia avait commencé à dévoiler ses maquettes. La gynécologue accorda donc aux travaux de son amie toute son attention. Et dès l’instant où ses yeux se posèrent sur la première maquette, elle sut qu’elle avait eu raison de lui faire confiance. Le contraste des couleurs attirait précisément l’attention sur le message qu’elles souhaitaient faire passer. Grâce à son style, reconnaissable entre tous, elle n’avait pas de simples flyers publicitaires entre les mains, mais presque une pièce d’art que l’on garde précieusement chez soi, que l’on distribue à ses amies, autant pour l’esthétique que pour le message. Et c’était exactement ce que Jodie avait voulu.

Lorsque Cecilia lui tendit la troisième maquette, la gynécologue sut immédiatement qu’elle tenait là sa favorite. Au-delà des violences - qui était le sujet principal des premiers flyers - il y était question de solidarité, de sororité même. Plus que le présent douloureux de ces femmes, on y lisait la promesse d’un futur plein d’espoir, entourée de personnes bienveillantes et à l’écoute. Jodie resta silencieuse de longues minutes, observant avec minutie chaque détail et notant mentalement les quelques légères modifications à apporter. Son silence eut l’air d’inquiéter Cecilia, qui commença à lui expliquer nerveusement qu’elle était prête à tout modifier si besoin. Cela eut le mérite de faire revenir Jodie sur terre. Elle releva alors les yeux et les plongea dans les iris océan de son amie, posa sa main sur son avant-bras - réfrénant tant bien que mal un frisson face à cette proximité physique - et lui adressa un sourire qu’elle voulait réconfortant. “Hey respire, c’est parfait, comme d’habitude.” Jodie retira ensuite sa main et reprit la troisième maquette pour l’observer une dernière fois avant de la pousser vers Cecilia. “Je proposerai les trois au bureau de l’asso, mais c’est celle-ci ma préférée. Ça change de ce qu’on voit partout et de ce qu’on a fait la dernière fois. J’y vois de l’espoir, et de la sororité, et je crois qu’on a aussi besoin de ça en ce moment. Certaines femmes ont besoin d’être rassurées sur ce qu’elles trouveront une fois qu’elles seront parties du seul quotidien qu’elles connaissent depuis parfois des années. Bref, je m’égare, et je t’ai déjà parlé de tout ça la dernière fois.” Jodie conclut sa tirade par un léger rire gêné et reporta son regard sur Cecilia. “Tout ça pour dire, que tu as encore fait un super travail, Cecilia.” L’espace d’un instant, Jodie se perdit dans le regard de son amie, et des bribes de souvenirs d’une certaine nuit lui revinrent en mémoire. Réfrénant le rougissement de ses joues du mieux qu’elle le pouvait, elle détourna son attention sur les travaux de Cecilia et reprit sur un ton qu’elle espérait à la fois professionnel et amical. “Tu m’autorises à les montrer aux filles ?” Évidemment, elle n’était pas la seule à avoir son mot à dire sur ces flyers, mais elle ne doutait pas de l’enthousiasme qu’ils susciteraient dans le bureau de l’association.
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Cecilia Nordgren
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trigger warning : tw joués : potentiellement dépression je ne veux pas jouer : usage de drogues
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âge : 32 ans
statut civil : Célibataire, préférant officiellement prendre du recul, se demandant officieusement si le bonheur n'est pas à portée de mains, et n'osant pas réellement le saisir, de peur d'être trop fragile
orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Dim 21 Mar - 22:23

- Dancing in your dreams -
@Jodie Dawley
. . . . . . . . . . . . . . .

« Si je peux t’aider à faire de beaux rêves, alors c’est une mission d’utilité publique. Deal. »

La réplique, là encore, résonnait curieusement aux oreilles de Cecilia, comme si une part d’elle-même ne pouvait s’empêcher de tendre la perche pour se faire battre, puis repoussait l’idée et se réfugiait dans l’humour pour atténuer la tension qu’elle venait de créer, et qui n’existait peut-être que dans son imagination. Le pire étant que parfois, elle sentait confusément que Jodie n’était pas entièrement insensible à ses pirouettes. Puis, elle balayait la chose d’elle-même, pour ne pas l’entendre le faire. C’était idiot, que de savoir qu’on plaisait à une personne, ou plutôt, qu’on avait plu, sans être certaine que ce soit toujours le cas, sans réellement oser creuser la question, de peur … de peur de quoi au juste ? D’être rejetée, déçue ? De voir une amitié douce, facile, se morceler pour une histoire un peu bancale ? D’être la cause d’une fragilité dans le dispositif qui s’était peu à peu mis en place autour de Julian pour l’aider à aller mieux ? Il avait besoin d’elle, comme il avait besoin de sa sœur, et il n’avait absolument pas besoin que les deux femmes se disputent, ou qu’il y ait un conflit entre elles, un malaise. Alors pourquoi ne pouvait-elle s’empêcher de commettre bévue sur bévue, de marcher sur la corde raide de leurs sentiments respectifs ? Pourquoi n’arrivait-elle pas entièrement à ne pas se demander, de temps en temps, si elle n’avait pas manqué quelque chose, si, finalement, la réponse à ses questions avait toujours été plus proche qu’elle l’avait pensé, fut un temps ? Pourtant, il aurait été faux de dire qu’elle ne l’avait jamais envisagé. Bien sûr que non. Elle l’avait même fait un peu trop tôt. Parce qu’au-delà d’être une femme charmante, Jodie était une femme intelligente, dont le calme serein avait tendance à apaiser son tempérament bouillonnant, à la conversation toujours agréable, à l’engagement sincère. Dès leur adolescence, Cecilia l’avait observée de loin, décelant chez l’appliquée bonne élève une couleur plus chaude, furtivement. Elle voyait l’éclat d’amusement luire dans ses yeux, à certaines de ses extravagances. Cela l’intriguait. Son instinct affuté d’artiste en devenir lui soufflait qu’il y avait là un secret à dévoiler, qui se méritait. Curiosité de jeunesse, assurément, mue en partie par le maelstrom complexe de découvertes qui arrivait à cet âge, et évidemment de cette attirance qui se révélait pour les femmes, et non pour les hommes. En vérité, Cecilia n’était pas certaine d’avoir eu un jour une réelle épiphanie. Cela lui était paru logique. Et puis, elle l’admettait, un jour, en classe, alors qu’elle rêvassait en regardant par la fenêtre, puis en balayant la classe de son regard clair, elle s’était rendu compte que Jolie était vraiment jolie, baignée dans la lumière douce du début d’après-midi, penchée sur ses feuilles, appliquée, à prendre des notes, la concentration se lisant sur son visage. C’était arrivé sans crier gare, sans qu’elle ne s’en rende compte, à bas bruit, insidieusement. Et ça lui avait éclaté à la figure. En fait, ses actes manqués se comptaient par dizaines. Jusqu’au dernier, qui avait à la fois été le franchissement de la ligne interdite, et encore un échec. Parce qu’elle avait été certaine que ce n’était qu’une erreur, qu’un égarement dû à la solitude et au mal-être, à l’envie d’oublier et en même temps de le faire avec une figure familière, qui comprenait ce qu’elle traversait. C’était ce qu’elles avaient conclu, non ? Et elle avait tiré un trait, puis avait eu cette relation avec Isley. Et maintenant, elles étaient seules toutes les deux, proches toujours, et Jodie était toujours aussi jolie, à la lumière tamisée de la lampe éclairant mal leur table, à être penchée sur ses maquettes. C’était difficile à oublier, encore plus quand l’autre femme mit sa main sur son avant-bras, que le contact soudain la surprit, et en même temps, l’enveloppa dans une forme de bien-être confus. Puis la main s’en alla, tandis que Jodie commentait ses propositions, enthousiaste.

Ainsi donc, elles lui plaisaient. Les compliments ravirent Cecilia, qui, compte tenu de son estime de soi quelque peu foulée aux pieds par un certain nombre de galeristes ces derniers temps, en avait bien besoin. C’était peut-être l’une des autres raisons qui faisait qu’elle était attachée à la gynécologue, à savoir son inébranlable soutien dans son art, et sa capacité à l’encourager, même si elle ne comprenait pas forcément toutes les nuances que la Nordgren lui expliquait entre telle ou telle technique. Peu importait, in fine : elle-même n’était pas certaine de saisir, la moitié du temps, le quart de ses explications médicales, mais l’essentiel était ailleurs, dans la sororité trouvée, qui tenait contre vents et marées, et s’était muée de la gentillesse de l’ancienne amitié d’enfance distante à la mutuelle venant de deux femmes adultes qui croyaient aux vertus de l’entraide féminine, et avaient également conscience de l’importance qu’une telle posture pouvait avoir. Du reste, elle était heureuse de voir Jodie si emballée, au point de commencer à lui parler de cette voix passionnée qu’elle appréciait tant chez les autres, et encore plus particulièrement chez la discrète médecin. Jodie n’en était que d’autant plus captivante, à s’animer ainsi, à vibrer pour sa cause. Avec son œil si particulier, Cecilia la peignait dans sa tête comme une toile au fusain qui se mouvait au gré des lignes, qui trouvait soudainement sa pleine expression. Avec une touche de pastel pour souligner l’éclat des yeux, les joues qui se coloraient, les mains qui s’échauffaient. Avec cette once de couleurs qui éclatait sur son châssis imaginaire et face à elle. Elle avait presque envie de sortir son carnet pour capturer l’instant. A la place, elle se contenta de l’observer, et quand leurs yeux se croisèrent, elle ne se déroba, prolongeant aussi longtemps que possible l’échange muet, l’enveloppant de ses iris incandescentes, de cette curiosité pour le tableau de contraste qu’était Jodie. Pour aussi, tout ce qu’elle avait envie de peindre dans ce fameux tableau, toutes les couleurs qu’elle aurait aimé y ajouter. C’est pourquoi elle mit un petit temps à répondre à la question posée par la gynécologue et bégaya légèrement avant de se reprendre :

« Oh euh … Oui, bien sûr, évidemment, les maquettes sont là pour ça. »

Peut-être parce qu’elle avait été happée par un autre monde, celui qui vivait dans sa tête et qu’elle laissait transparaître dans ses toiles, à moins que ce ne soit la collusion entre les souvenirs d’avant et les visions d’aujourd’hui, elle laissa échapper, dans une franche candeur :

« Désolée, je pourrai t’écouter des heures quand tu es passionnée ainsi. Tu ressembles aux lignes colorées d’un tableau qui se met en mouvement et qui éclatent soudainement. »

Sans doute qu’un tel compliment ne devait pas vouloir dire grand-chose pour des oreilles profanes. Bon, Jodie était habituée, depuis le temps, à ces éclats un peu farfelus. Elle penserait probablement que Cecilia était encore partie très loin, dans son univers si particulier. Elle l’espérait. Et pour changer de sujet, la trentenaire ajouta :

« En tout cas, si tu as besoin que je vienne pour expliquer des choses aux autres, répondre à leurs questions … ça ne me dérange pas, on peut se caler ça à ta convenance. Même si tu n’en auras pas réellement besoin puisque tu as parfaitement saisi le message que je voulais faire passer. C’est vrai que la première esquisse est plus classique, et la seconde … peut-être plus percutante, plus indignée. Mais la troisième, oui, je voulais créer une bulle dans le dessin, comme celle que vous essayez de créer au sein de l’association, montrer que si partir et demander de l’aide, c’est vertigineux … c’est aussi une lumière, c’est ne plus être seule.

Je suis contente si ça se voit. »

Dans un souffle, elle ajouta, aveu un peu triste :

« J’entends rarement de telles éloges, en ce moment. Alors … c’est bien, si ça convient. Surtout que je sais que ça servira à quelque chose d’important. Je veux dire, ce ne sont que trois flyers, l’essentiel, c’est ce que vous faites, avec l’association.

Je dois dire que j’admire cet engagement. C’est … concret. »


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Jodie Dawley
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occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
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en vrac : Jodie participe à des journées de sensibilisation autour de la contraception et du consentement dans les lycées de la région. › Il y a beaucoup de livres chez elle, certainement trop pour qu’une vie entière suffise à les lire tous. › Jodie boit beaucoup (trop) de café, habitude prise pendant ces longues nuits sans sommeil qui ont rythmé ses études de médecine. › Elle dort toujours dans des draps colorés. Le blanc immaculé lui rappelle trop l’hôpital et ses chambres impersonnelles. › Jodie est végétarienne. › Elle déjeune avec son père chaque dimanche.
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Jeu 25 Mar - 18:40


- dancing in your dreams -
@cecilia nordgren
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Aux yeux d’un observateur extérieur, l’existence d’une gêne entre les deux jeunes femmes était certainement évidente. Leur langage corporel, autant que les hésitations de leurs voix ne trompaient pas. A tour de rôle, Jodie et Cecilia se cherchaient du regard avant de baisser les yeux avec obstination pour éviter de croiser les iris de l’autre. Elles s’effleuraient avant de s’éloigner, se souriaient parfois timidement et d’autres fois non, fronçaient les sourcils et mordaient leurs lèvres inférieures quand elles regrettaient une phrase immédiatement après l’avoir prononcée. Honnêtement, elles n’étaient pas faciles à suivre. Pourtant, Jodie s’était comme habituée à cette gêne sous-jacente qui colorait chacune de leurs interactions. Il fallait dire qu’elle ne datait pas d’hier. Cecilia était la meilleure amie de Julian, pas la sienne, et Jodie avait toujours mis un point d’honneur à bien faire la distinction. Mais alors qu’était-elle pour elle ? C’était une question à laquelle elle n’avait jamais réellement trouvé de réponse. Parce qu’elle s’était perpétuellement refusée à empiéter sur l’amitié qui la liait à son frère sans pouvoir empêcher une certaine connexion entre elles. Parce qu’elle avait longtemps été fascinée par cette personnalité aux antipodes de la sienne, tout en y trouvant des points d’ancrage qui l’attirait inévitablement, mais que là encore, elle s’était toujours refusée à aller plus loin. Parce qu’il y avait eu cette unique nuit aussi, qui avait encore davantage brouillé les lignes entre elles. Et comme souvent quand Jodie se trouvait empêtrée dans des sentiments qu’elle ne parvenait pas à démêler les uns des autres, elle préférait occulter plutôt que s’y confronter. Alors elle avait fini par s'habituer à cette gêne, qui était progressivement devenue un élément à part entière de leur relation, sans que l’une ou l’autre y trouve quelque chose à redire.

Alors quand Cecilia parlait de l’aider à faire de beaux rêves et que leurs joues à toutes les deux prenaient une délicate teinte rosée face à ce que cela pourrait sous-entendre, Jodie trouvait presque ça normal. Il y avait là de quoi faire lever les yeux au ciel dudit observateur extérieur, mais personne dans leur entourage n’avait encore eu le courage de les obliger à faire face à ce qu’elles cherchaient continuellement à éviter depuis des mois, des années peut-être. Alors elles continuaient obstinément à simplement attendre que la gêne se fasse moins visible, qu’elle les laisse parler sans faire trembler leur voix, que leurs joues reprennent leur teinte habituelle. Le travail était pour cela très utile ; parler de ces flyers était une manière efficace de laisser ces étranges sentiments de côté le temps de quelques minutes. Jodie pouvait ainsi se concentrer sur autre chose que la douce chaleur qui gagnait ses joues à chaque fois que leurs regards se croisaient, ou ses mains devenues soudainement moites. Concentrez-nous donc sur ces maudits flyers, voulez-vous.

Ce serait toutefois plus facile à faire si Cecilia ne la fixait pas de son regard perçant. Ce regard qu’elle réservait d’ordinaire à ses toiles et aux modèles qu’elle peignait avec passion. Jodie ne l’avait que rarement vue à l'œuvre, mais à chaque fois le spectacle l’avait bouleversée. Elle avait alors entreaperçu une autre facette de celle qu’elle considérait maintenant comme une amie. Si elle trouvait déjà Cecilia relativement fascinante avant cela, ce n’était rien par rapport à ce qu’elle avait alors découvert. Et maintenant, ce regard habité était dirigé directement vers elle, et tout cela était bien trop intense pour l’équilibre mental de Jodie. On n’avait pas idée d’être aussi intense. Fort heureusement pour elle, Cecilia finit par reprendre pied dans la réalité avant qu’elle ne perde définitivement la raison. Jusqu’à ce qu’elle la compare aux lignes colorées d’un tableau qui se met en mouvement. Evidemment, tout aurait été bien trop simple sinon. Jodie sentit ses joues rougir de nouveau et elle détourna vivement le regard pour le tourner vers un espace plus sûr, quelque chose qui la porterait pas au bord du malaise cardiaque du moins, et elle fut reconnaissante de trouver les flyers sur son chemin. La gynécologue tenta de reprendre la main sur sa respiration erratique. Après tout, cela n’était pas nécessairement un compliment, n’est-ce pas ? Elle pourrait être en train de la comparer à un tableau de Picasso, et dans ce cas elle insinuait peut-être que les traits de son visage n'étaient pas des plus harmonieux, qui sait ? Comme Jodie n’était pas certaine de vouloir avoir une réponse à cette question absurde, elle resta silencieuse et laissa Cecilia poursuivre sur un sujet plus terre à terre. “Je n’osais pas te le demander,” lui répondit la gynécologue en lui souriant doucement. Jodie avait effectivement pensé proposer à Cecilia de venir présenter son travail devant les autres membres de l’association. Elle méritait d’entendre de vive voix les éloges qui allaient sans aucun doute être faits sur son travail, comme cela avait été le cas lors de la fois précédente. “Je ne voudrais pas que ça empiète trop sur ton emploi du temps, surtout maintenant que tu travailles aussi pour l’université, mais personne ne peut aussi bien les présenter que toi.” Jodie savait que Cecilia traversait une période relativement compliquée depuis quelque temps. La disparition de Julian, entre autres, l’avait ébranlée, et son inspiration se faisait fluctuante depuis. Le sujet avait déjà été abordé entre elles, mais il restait assez sensible, et Jodie ne se sentait pas légitime pour parler d’art, elle qui n’y connaissait pas grand-chose. Pourtant, elle connaissait le talent de son amie, et n’avait jamais douté de sa capacité à rebondir. “Tes flyers sont importants, Cecilia. Il n’y a pas de petit soutien de toute manière, dans une cause comme celle-là. Et ça nous aide vraiment, crois-moi.” Sans s’en rendre compte, Jodie avait une nouvelle fois poser sa main sur l’avant-bras de la jeune femme, comme pour appuyer ses propos, pour lui montrer sa reconnaissance de toutes les manières possibles. Ce n’était d’ailleurs même pas un mensonge. La situation était telle que l’association dont Jodie faisait partie ne refusait aucune aide, aussi minime soit elle, et les flyers de Cecilia avaient très bien circulé dans la région, les aidant à se faire connaître auprès d’un cercle de femmes beaucoup plus élargi qu’auparavant.

“Ton art est important, d’ailleurs, quoi qu’en disent ces snobs de galeristes.” Cette fois, Jodie était peut-être un peu moins objective, mais ça ne diminuait pas la sincérité de ses propos. Elle le pensait réellement, et elle espérait que ces remarques n’affectaient pas trop la confiance de Cecilia, même si elle avait la preuve, devant ses yeux, dans le regard triste de son amie, que c’était tout de même le cas.

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occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Jeu 25 Mar - 22:42

- titre du rp -
@"pseudo"
. . . . . . . . . . . . . . .

Dans une autre vie, face à une autre personne, Cecilia aurait poussé son avantage. Elle aurait cherché, en voyant les joues de Jodie s’enflammer et son regard s’enfuir face à l’intensité du sien, à ce que la couleur ne quitte jamais son visage, parce que le rouge lui allait trop bien, surtout quand c’était elle qui provoquait son apparition. Il y avait quelque chose de superbe à percer, même brièvement, cette merveille de composition et de calme qu’était la gynécologue, à réussir à voir, au moins un instant, la douceur, la beauté pure de l’émotion sous la logique scientifique, et sans doute aussi, si elle était honnête avec elle-même, la sensualité sous le masque de l’amitié simple, et au-delà de la relation platonique. Oui, il y avait de la perfection dans cette brutale et soudaine imperfection, dans ce chassé-croisé de regards, dans ses mots qui se perdaient, dans ses compliments qui s’échouaient, et dans la tension qui se créait, et qu’elle ne cherchait pas à fuir, pas encore. Si seulement le temps pouvait suspendre son vol, et lui laisser savourer les rapides délices des plus beaux de ces jours-ci, avant que tout n’éclate et qu’elles ne reprennent leurs positions de pieuse ignorance d’une réalité dérangeante, que le professionnel ne fasse taire le personnel, et que ses espoirs déçus par elle-même arrêtent de surgir, vils tentateurs. Et pourtant … Encore une fois, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle effleurait du bout des doigts et du creux de son regard les contours de quelque chose, dont elle ne connaissait pas le contenu, ou plutôt, qu’elle craignait de trop bien reconnaître et qu’elle s’évertuait pourtant à fuir. Comme si, confusément, Cecilia se refusait la possibilité de croire à ce qu’elle voyait. Comme si elle se l’interdisait. Oui, dans une autre vie, sa main se serait aventurée vers le menton de Jodie pour lui faire gentiment tourner la tête vers elle. Elle aurait laissé ses doigts tracer l’ovale des joues, savourer leur texture et apprécier le frisson de la peau sous sa propre chair. Elle se serait penchée pour lui murmurer à l’oreille qu’elle était l’un des plus beaux tableaux qui lui avait été donné de voir. Son souffle aurait dérivé de l’oreille à ses lèvres. Et après … Avec un soupir intérieur, elle repoussa l’image qui s’imposait en elle, semblable à ses souvenirs d’une autre nuit, dans une autre vie. La sienne, et en même temps, celle d’une autre, tant ce temps lui apparaissait confus, complexe, instable. Elle avait tenté, mais n’était pas parvenue à oublier. Sans doute parce qu’elle savait que cette scène s’était jouée de nombreuses fois dans sa tête, et elle avait renoncé à chaque fois. Et quand enfin, elle avait surmonté ses craintes … L’avait-elle fait pour les bonnes raisons ? Pas entièrement. Pas seulement. Ce qui aurait dû être pur avait été teinté. Elle n’avait pas pu y croire entièrement. Et le lendemain, tout avait été effacé. C’était mieux ainsi. Cette phrase, à force de se la répéter depuis ses dix-sept ans, était devenue l’ombre familière d’un regret latent, d’une interrogation douce, de ce si qui hantait leur relation, de ce point final qui se refusait à être mis au profit de ces trois points de suspension qui ponctuaient désormais leurs interactions, de leurs couleurs si étranges : vert de la jalousie, rouge de la gêne et jaune du mensonge. Tableau criard, doucereux, amer. Tableau de regret. Tableau jamais terminé, car il y avait toujours sous les aplats de couleurs de leurs sentiments mêlés le blanc de la toile, le blanc de l’espoir. A moins que ce ne soit le blanc du peintre qui désire consacrer son canevas à une toute composition. Plus apaisée. Plus joyeuse. Peut-être. Mais trop tard.

Pourtant, l’envie revenait, dès que Jodie reprenait la parole. Dès qu’elle la complimentait. Dès qu’elle croyait en elle. Dès que sa main se perdait contre son épaule. Cecilia savait qu’elle aurait dû, après son incartade précédente, se dégager subtilement, en s’étirant par exemple. Elle ne le fit pas. Au contraire, elle resta parfaitement immobile, se contentant de ne pas rompre le contact visuel, de se gorger de la passion dans les yeux de la gynécologue, de celle qui teintait à ses oreilles quand elle parlait, de tout ce qui, finalement, la caractérisait. Lentement, elle sentit ses yeux se poser sur les lèvres qui bougeaient, qui délivraient leurs encouragements, dont, à sa grande honte, elle se trouvait avoir tant besoin. A nouveau, la vision de ce qu’elle aurait voulu, à ce moment précis, se matérialisa sous ses yeux, avant d’entrer en collision avec ce dont elle se souvenait. Il lui semblait que le passé et le futur qui n’arriverait pas se moquaient d’elle, accentuant une mélancolie profonde que le rappel de ses échecs n’arrangeait en rien. La reconnaissance se mêlait, à cet instant précis, à une insondable peine. Toute sa vie, Cecilia avait su croire en elle. Au début, elle l’avait fait contre la plupart de son entourage, notamment ses parents. Et de ses camarades de classe, dans sa jeunesse, peu avait réellement cru que l’éternelle rêveuse en train de griffonner sur tout ce qui lui tombait sous la main, de préférence un cahier de cours, parviendrait à se faire nom dans ce milieu si fantasmé et concurrentiel. Mais ce n’était pas grave. Le plus important, c’était qu’elle-même croit en sa vision, en ce qu’elle pouvait partager. Quand est-ce que ça avait cessé ? La réponse était facile. Quand son équilibre avait éclaté, quand elle avait appris que Julian ne reviendrait pas, quand l’un de ses piliers s’était abattu au sol, et que le temple de son existence s’était ébranlé, s’était même écroulé avec. Alors, elle avait définitivement perdu l’envie de se battre pour prouver que son message avait encore du sens, parce que plus rien n’en avait de sens. Et alors qu’il était revenu, contre toute attente, contre tout espoir … Rien n’avait changé. Parce que ces trois années ne se rattraperaient jamais. Parce que rien n’avait changé, mais tout avait changé. Furtivement, sa main se posa sur celle libre de Jodie, l’enserrant, pour la remercier, alors que l’émotion l’empêchait de parler. Puis elle la relâcha, parce que la proximité était trop merveilleusement intolérable, et qu’elle aurait probablement eu un mouvement que toutes deux auraient regretté. A la place, elle murmura :

« Je viendrai. »

Bien sûr. Peu importe l’heure, elle s’arrangerait. Parce que cela avait du sens, et que tout en manquait cruellement. Même maintenant.

« Merci de croire en moi, quand je n’y arrive pas. »

Aveu cruel. Aveu nécessaire.

« C’est juste que … Julian est revenu, mais moi, j’ai l’impression d’être restée. »

Là-bas, dans ce continuum de trois ans qui n’avait pas de fin, dans cet entre-deux où il avait fallu vivre, sans y parvenir tout à fait. Où il y avait des joies, et des peines. Où eux étaient présents, mais pas lui. Ou les souvenirs s’étaient fabriqués, en dépit de l’absence. Et parfois, en raison de l’absence.

« Comme si je n’arrivais pas à … avancer. Tu vois ce que je veux dire ? Comme si … soudainement, je comprenais que ces trois ans, on ne les rattrapera jamais. Qu’ils seront toujours là. »

Cette fois, elle chercha fermement son regard, avant de conclure, avec franchise :

« C’est la première fois depuis presque trente ans que je ne lui dis pas tout, y compris des choses qui ont compté.

Et en même temps, j’ai conscience qu’elles sont arrivées … parce que … »

Parce qu’il n’était pas là. Pudiquement, elle n’acheva pas. Elle n’avait pas non plus indiqué précisément à quoi elle faisait référence, mais l’expression de son regard, alors qu’elle enveloppait Jodie de ce dernier, avec une tendresse indéfinie, une once de regret et un soupçon d’incertitude, était trop transparente pour qu’elle ne devine pas. Non, Cecilia n’avait pas oublié. Comment aurait-elle pu ? Quoique. En réalité, l’avait-elle seulement voulu ?

« Il faut que je retrouve le monde que j’ai envie de transmettre aux autres. Alors, je sais que je serai capable de produire à nouveau quelque chose qui aura du sens.

Quelque part, en travaillant sur ces flyers … J’en ai effleuré une petite partie. Et j’ai envie de continuer. De raconter … ce que je n’ai pas encore peint. Ou de le faire différemment. »


Pensive à nouveau, elle contempla Jodie, et acheva :

« Tu n’as pas … l’impression d’être face à une toile blanche, et d’avoir perdu les pinceaux avec lesquels peindre ta vie, depuis trois ans, et même après quatre mois ? »

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Jodie Dawley
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Dancing in your dreams (PV Jodie) Af882dd8691c2cf2bf2192cd09b288d8e8e44aee
nbre de mots : 500-1200 environ
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disponibilités : juliancecilialunamaude (fb)riley
en attente › temperance, jenna

trigger warning : tw joués : deuil, violences faites aux femmes. je ne veux pas jouer : sexe explicite, inceste.
pronom : she/her
âge : trente-deux ans (15 septembre 1988)
statut civil : célibataire ; une vie sentimentale moins éteinte que ce qu'elle laisse entendre, des résolutions raisonnables qui vacillent à chaque fois qu'elle croise ses yeux clairs et la crainte entêtante de finir par tout gâcher.
orientation : lesbienne discrète mais assumée.
gif : Dancing in your dreams (PV Jodie) Ijam0uJ
occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
habitation : #183 dryden street, en colocation avec Julian
en vrac : Jodie participe à des journées de sensibilisation autour de la contraception et du consentement dans les lycées de la région. › Il y a beaucoup de livres chez elle, certainement trop pour qu’une vie entière suffise à les lire tous. › Jodie boit beaucoup (trop) de café, habitude prise pendant ces longues nuits sans sommeil qui ont rythmé ses études de médecine. › Elle dort toujours dans des draps colorés. Le blanc immaculé lui rappelle trop l’hôpital et ses chambres impersonnelles. › Jodie est végétarienne. › Elle déjeune avec son père chaque dimanche.
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Mar 30 Mar - 18:19


- dancing in your dreams -
@cecilia nordgren
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Jodie était ravie de voir que Cecilia acceptait de venir présenter elle-même ses travaux aux membres de l’association. D’une part, elle savait qu’elle était sans aucun doute la mieux placée pour expliquer sa vision. Cela lui permettrait aussi de prendre note des remarques de chacune sans intermédiaire qui pourrait déformer leurs propos. Même si Jodie faisait toujours attention à noter scrupuleusement chaque phrase prononcée pour pouvoir les retranscrire au mieux à l'artiste. D’autre part, Cecilia pourrait entendre de vive voix les louanges qu’elle méritait de recevoir, et qui ne manquerait pas d’être prodiguées, Jodie en était certaine. Et enfin, cela leur donnait l’occasion de passer du temps ensemble. Bien que la gynécologue se refusait à prendre cela en compte. “Super, je t’enverrai toutes les infos dès que la prochaine réunion sera fixée. Et merci, pour tout ce que tu fais. Je crois que je ne te le dirais jamais assez.” Leurs remerciements se téléscopent et Jodie se sentit rougir. Elle resta silencieuse alors que Cecilia lui confiait ses doutes, et elle dut à nouveau se retenir pour ne pas la serrer dans ses bras. Ces failles-là, la brune n’avait jamais su qu’elles existaient avant la disparition de Julian. Avant ça, Cecilia était cette fille extravertie, qui parlait beaucoup et riait fort. Cette fille qui devait sans aucun doute se servir de son sourire charmeur pour parvenir à ses fins. Puis elle l’avait vue s’effondrer devant ses yeux, et tout avait changé.

Jodie sentit son cœur se serrer à mesure que ses mots se frayaient un chemin jusqu’à elle. Elle se sentait impuissante, comprenant ce qu’elle voulait dire par cette incapacité à avancer, mais n’ayant aucune idée de comment soulager sa peine. Elle, s’était forcée à avancer, à courir même, se noyant dans le travail pour éviter de penser. Parce que rester immobile, c’était se confronter à son absence et elle se sentait incapable d’y faire face. Elle n’était pas sûre que ce soit la bonne solution non plus. “On n’effacera pas ces trois années d’absence, mais peut-être que tu finiras par lui raconter ? Peut-être qu’il te faut, qu’il vous faut plus de temps pour réapprendre.” Tout en parlant, Jodie se refusa à penser à ce que Cecilia pourrait avoir à confier à Julian. Elle se refusait à penser à un événement en particulier en fait, et fut soulagée d’entendre son amie dévier sur des paroles qui faisaient moins douloureusement écho à une nuit qu’elle ne parvenait pas à oublier.

Cette question sur la toile blanche et les pinceaux perdus, et la sincérité qu’elle réclamait, la mettait face à ses propres questionnements, face à toutes ces choses qu’elle évitait d’affronter, préférant les laisser dans un coin de son esprit. Elle n’avait jamais utilisé la métaphore des pinceaux, évidemment, c’était le truc de Cecilia, pas le sien, mais Jodie comprenait où elle voulait en venir. Du moins elle croyait le comprendre. “Peut-être que tu ne l’as jamais quitté, ce monde-là.” Sa voix était hésitante, comme si elle craignait de s’aventurer sur un terrain trop intime, de prétendre comprendre ce qui se passait au plus profond de l’être de son amie, alors qu’au fond, peut-être ne la connaissait-elle pas tant que ça. “Peut-être que ce monde est resté le même et que c’est plutôt ta perspective qui a changé ? Peut-être que les pinceaux n’ont jamais cessé d’être dans ta main pendant que tu les cherches ailleurs.” En prononçant ces mots, Jodie fut envahie du soudain désir de s’emparer de ces mains. Ces mains qu’elle sentait encore parcourir son corps, parfois, quand, seule dans son lit, elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Mais elle n’en fit rien, glissant les siennes sous la table, les serrant fort l’une contre l’autre pour s’éviter un geste malvenu. “Qu’il faut juste apprendre à les utiliser autrement.” Jodie fronça les sourcils, prenant conscience de ce qu’elle venait de dire, et qu’elle trouvait, après coup, relativement idiot. “Oh c’est idiot. Je ne suis même pas sûre que ça veuille dire quelque chose,” reprit-elle en laissant échapper un petit rire gêné.

La conversation aurait pu s’arrêter là. Jodie aurait pu ramasser ses affaires et prétexter un rendez-vous quelconque pour s’éclipser. Après tout, le sujet de leur entrevue avait déjà été traité, et rien ne justifiait qu’elle ne se prolonge. Rien de professionnel, du moins. Mais cela aurait voulu dire que leur relation ne se résumait plus qu’à des services rendus et des conversations gênées. Et Jodie détestait cette idée, autant qu’elle détestait ne pas vouloir se contenter de ça. Parce que Cecilia était la meilleure amie de Julian, celle à qui il se confiait, celle en qui il avait confiance. Et Jodie n’avait pas le droit de lui enlever ça. Il avait déjà tant perdu. Elle n’avait pas le droit d’accaparer son attention, comme elle n’avait pas le droit de prendre le risque de l’éloigner de lui. Elle savait les dégâts d’une rupture sur l’entourage, elle avait vu les regards désolés de ceux qui se retrouvaient à devoir choisir un camp. Et elle ne prendrait jamais le risque d’imposer ça à Julian. C’était irrationnel, peut-être. Peut-être que Julian lui-même lui dirait de mettre son cerveau sur pause de temps en temps et de se laisser vivre. Mais Jodie pouvait être particulièrement têtue, et cela faisait des semaines qu’elle se répétait quotidiennement que Cecilia était définitivement hors de portée.

Toutefois, cela ne l’empêchait pas de répondre à sa question. Cela ne les empêchait pas d’être amies, de se confier l’une à l’autre de temps en temps, sans penser à mal. Alors Jodie finit par trancher et par rester fermement assise à sa place, relevant enfin les yeux vers sa voisine. “Quant à moi, je n’ai jamais été vraiment habituée à tenir des pinceaux, alors… Je suis plus familière des spéculums à vrai dire.” Jodie baissa de nouveau la tête, honteuse devant cette tentative d’humour maladroite. Mais ne dit-on pas que c’est une manière de mettre un trop plein d’émotions à distance ? “Désolée, c’était nul. Et ehm, plus sérieusement, je ne crois pas le vivre comme ça.” La gynécologue prit quelques instants pour tenter d’exprimer le plus clairement possible ce qu’elle ressentait. “J’ai plus l’impression d’être en pilote automatique. Comme si ma vie défilait d’elle-même. Je ne m’en rends pas compte tout de suite, que j’ai tout mis en off. C’est quand je reprends pied que je me demande parfois comment j’en suis arrivée là.” C’était aussi dans ces moments qu’elle se retrouvait assaillie de tous les doutes et les questionnements qu’elle tentait tant bien que mal de maintenir à distance. Et c’était épuisant. “C’est plus calme, le pilotage automatique. Je me laisse porter, je me pose moins de questions.” Certains appelleraient ça du déni. “Je préfère ta métaphore des pinceaux en fin de compte. C’est plus poétique.” Mais était-elle vraiment objective ? Puisqu’elle trouvait que tout ce qui tournait autour de Cecilia était toujours plus poétique.

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Cecilia Nordgren
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orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Mar 30 Mar - 21:58

- Dancing in your dreams -
@Jodie Dawley
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« Peut-être. »

Un jour, Cecilia pourrait arrêter de se demander quels sujets aborder, et quels sujets éviter. Elle pourrait parler librement de ces trois années écoulées, des difficultés, des joies aussi, car il y en avait eu, au milieu du brouillard morose qui s’était emparé de son être. Cependant, elle se rendait compte, en offrant cette réponse si vague, à quel point là, tout de suite, maintenant, perdue dans les yeux de Jodie, qu’elle avait décidément bien du mal à quitter du regard, happée aussi sûrement qu’un papillon de printemps attiré par une jolie fleur et avide de l’effleurer, de s’y poser, de caresser le bord de la pétale ouverte, rosée dans son imagination, de la même teinte que les lèvres de la jeune femme en face d’elle, elle avait envie de partager certaines choses avec elle, et uniquement avec elle. Le constat, saisissant, la heurta avec la rudesse d’un mur pris en pleine figure, éclatant ses illusions, ses mensonges, ses dénégations, ses peurs et ses doutes, aussi. Parce que ce n’était jamais arrivé. Il n’y avait pas eu, avant, ce moment où elle avait eu envie de réserver, même brièvement, une partie de son existence. Non pas, bien entendu, qu’elle partage toute sa vie avec Julian, auparavant – sinon le pauvre homme, à une certaine période, aurait probablement eu une overdose de tableaux, de pépiements suraigus à propos d’une découverte architecturale quelconque ou encore, certes, de descriptions d’une jolie fille dans un bar. Mais ce moment si particulier, où elle avait aussi envie de parler à une autre personne de ses pensées personnelles … Encore une fois, elle avait d’autres amis proches, d’autres confidents. C’était une sensation entièrement différente, sur laquelle elle n’arrivait pas encore à poser un contour défini. C’était peut-être la certitude diffuse, confuse, que Jodie la comprendrait. Instinctivement. Malgré ses phrases alambiquées, ses réflexions confuses, sa manière si particulière de verbaliser, parfois de vivre les événements. Parce qu’elle avait vécu les trois dernières années. Différemment, sûrement. Elles n’avaient pas le même caractère, pas les mêmes expériences – encore que, avec ironie, on pouvait constater qu’elles avaient eu des histoires similaires, mais seulement dans un ordre divergent. Cependant, elles étaient confrontées aux mêmes décisions, à la même gêne, parfois, en abordant certaines choses – Maude et Alban, au hasard. Et surtout, Cecilia avait parfaitement conscience qu’il y avait au moins un événement qu’elles gardaient chacune pour elle. Et elle était presque certaine qu’il était là, entre elles, autant lien invisible que rempart infranchissable. Et elle, qu’est-ce qu’il voulait qu’il soit ? Longtemps, la trentenaire avait choisi la seconde option, renforçant cette muraille de sa propre volonté de ne pas se malmener davantage dans une histoire pour laquelle aucune n’était réellement prête. Elle n’avait plus vingt ans, et l’âge de se jeter à corps perdu dans les difficultés, pour le beau sourire d’une ombre aimée, et souvent fantasmée, loin de la réalité. Elle n’avait plus même vingt-cinq ans, et l’âme prête à tout tenter, pour ne rien regretter, pour s’assourdir, pour s’étourdir d’amour sans savoir ce que cela voulait dire. Elle avait trente-deux ans, l’âge de raison et l’âme déraisonnable, la capacité à savoir ce qu’elle devrait vouloir, et celle à vouloir ce qu’elle n’aurait pas dû.

Cecilia le savait. Elle l’avait toujours su, confusément. Mais elle n’avait pas voulu le voir. Et ça lui éclatait, comme un pot de peinture qui soudainement colorait une toile noire. Non, elle n’avait pas quitté ce monde où elle avançait, avec cette franchise et parfois, cette touche d’assurance inébranlable, en elle-même, en ses capacités. Il était juste enterré sous une barrière si haute de regrets, de remords, de doutes, de douleurs. Est-ce que, comme avec Jodie, elle avait décidé de barrer sa vue pour s’empêcher de réellement vivre, alors que Julian n’était pas là, comme pour ne pas entièrement profiter de ce que l’existence avait à lui offrir, puisqu’il n’en était pas capable ? Est-ce qu’elle avait fait sciemment le choix de barbouiller son existence de gris, parce qu’il ne voyait pas le bleu du ciel, l’or du soleil, qu’il ne voyait pas les nuances de la vie, dans tout ce qu’elle avait donner ? Peut-être que c’était en partie la réponse. Peut-être que les pinceaux étaient bel et bien toujours dans sa main, mais que sa main avait trop tremblé pour qu’elle en fasse bon usage. Peut-être que cette langueur monotone qui assaillait son âme avait transformé le beau temps de son humeur égale en une averse continue de souffrance distendue. Peut-être qu’il fallait qu’elle se confronte à ce qu’elle refusait d’affronter. Et dans cette arène de non-dits, il y avait une vérité qui lui enflait le cœur, privait ses poumons d’air et empêchait son cerveau de réfléchir correctement. Elle dansait devant ses yeux, aussi belle que terrible, au rythme des paroles de Jodie. Son regard, animé d’une nouvelle flamme, se posa sur la gynécologue. Il avait ce reflet halluciné de l’inspiration, qui la prenait comme un feu ardent, la brûlait, l’exposait aussi. Il la consumait aussi sûrement qu’elle se laissait dévorer par ce qu’elle entrevoyait brièvement, dans les cendres de ses incertitudes envolées.

« C’est parfaitement sensé, au contraire. C’est … si évident. Tout ce que je cherchai … je crois que … »

Je viens de le trouver.

« C’est à ma portée.»

Devant moi.

« Il faut juste … que je sache comment … le capturer. »

Je suis ta prisonnière.

« Merci … Je te le dis trop, et toi aussi. On fait la paire. »

L’humour, pour dissimuler tout ce qui se tramait dans son esprit, tout ce qu’elle ne disait pas, tout ce qui lui venait. Soudainement, Cecilia avait une vive envie de créer, de voir, de se demander. Ce n’était pas important, pas réellement, pas maintenant, que de savoir si oui ou non, cela avait une réalité. Elle pouvait vivre dans ses rêves, dans les chimères qui peuplaient depuis si longtemps son imaginaire. Elle pouvait se contenter de peindre ses envies, de les travestir aux yeux du monde. Elle comprendrait. Et parfois, c’était suffisant. On lui demandait souvent, pour ses compositions les plus abstraites, le sens qu’elle avait mis derrière ses compositions. Parfois, il n’y en avait pas. Parfois, chacun pouvait y trouver son propre sens. Et d’autres fois, elle préférait le conserver pour elle, et laisser les esprits vagabonder, se laisser porter par les lignes discontinues, les jaillissements colorés, les afflux sur la toile. Son art, c’était l’exposition de ses secrets, comme le coffre-fort de ses pensées. Oui, elle pouvait commencer par enfin créer pour elle, et non dans l’espoir de retrouver ce qu’elle avait été. Elle n’était plus la Cecilia d’il y a trois ans. Elle ne le serait plus jamais. Mais la Cecilia de maintenant avait aussi des choses à dire. Y compris à elle-même.

Un rire la secoua quand elle entendit Jodie remplacer les pinceaux par les speculums. Et elle se mordit la lèvre pour ne pas laisser un sourire particulièrement entendu apparaître sur son visage. Pour que la pensée grivoise qui lui était venue immédiatement ne franchisse pas ses lèvres. Même si c’était très difficile de se retenir, surtout quand son regard pétillait à nouveau, et que sa langue la démangeait. Et elle finit par répliquer :

« Si tu savais le nombre de plaisanteries que j’ai envie de faire, maintenant … »

A nouveau, un léger rire l’emporta. Puis elle redevint sérieuse, pour écouter Jodie, sans parvenir à se départir de ce regard perçant qui en mettait plus d’un mal à l’aise, comme si elle essayait de comprendre, réellement, ce que signifiait ce mot. Jodie. Ce qui se cachait derrière cinq lettres, une personne, une vie, des expériences, des sentiments, une façon de voir le monde. Et tandis qu’elle parlait, qu’elle décrivait ce pilote automatique qui était son mode de survie, in fine, Cecilia commença à chercher dans son manteau pour y récupérer son carnet fétiche, et un crayon. Attentive, elle dessinait à mesure que Jodie s’exprimait. Comme pour mettre des lignes dans les phrases, pour lier les sensations les unes aux autres. Tandis que sa main s’agitait naturellement, Cecilia répondit, avec cette tonalité pensive si caractéristique dans la voix :

« Je comprends parfaitement. Attends, laisse-moi … juste quelques instants … »


Son crayon noircissait le carré blanc, qui disparaissait sous les lignes et les aplats de la mine. Finalement, elle tourna le carnet dans sa direction, révélant une silhouette de dos, face à chemin de fer, un tunnel au bout, et une bifurcation sur le côté, qui menait à un côté blanc. Discrètement, elle avait ajouté une ombre sur le côté droit, indéfinie, qui se contentait de regarder le premier personnage. Comme l’empreinte de l’artiste qui se demandait ce que son modèle allait faire.

« Si tu pouvais … si tu voulais t’arrêter … Pour filer la métaphore au bout de mon crayon à défaut d’un pinceau … »

Elle lui tendit l’objet, avant de demander :

« Tu rajouterais quoi ? »

Elle avait une suggestion qui rimait, mais la garda pour elle. A la place, elle ajouta :

« Je ne sais pas si c’est possible d’arrêter le train, mais on peut toujours trouver un endroit vers lequel regarder à la fenêtre, pour que je retrouve l’usage de mon pinceau … et que tu ne restes pas accrochée à tes spéculums, même s’ils te vont à ravir. »

Cette fois, Cecilia ne chercha pas à fuir, ou à nier ce qu’elle venait de dire, ce que cela pouvait éventuellement supposer. Elle se contenta de regarder Jodie. Et de sourire, doucement.

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Jodie Dawley
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Ven 9 Avr - 18:28


- dancing in your dreams -
@cecilia nordgren
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Il y avait une question à laquelle Jodie n’avait pas de réponse et qui ne cessait de tourner en boucle dans sa tête à chaque fois qu’elle pensait à Cecilia - ce qui, croyez-moi, était relativement fréquent, bien plus fréquent que ce qu’elle voudra bien avouer, même. Une question qui la mettait mal à l’aise, qu’elle tentait d’oublier - comme tant d’autres choses qui bousculaient sa vie bien rangée - mais qui ne semblait pas prête à disparaître aussi facilement. Elle avait bien essayé de se convaincre que la réponse à cette fameuse question n’était pas tellement importante, qu’elle ferait mieux de se laisser porter en arrêtant de vouloir toujours tout sur-analyser comme ça, mais elle ne parvenait à s’y résoudre. C’était stupide, elle en était bien consciente, mais parfois sa seule volonté ne suffisait pas à faire taire ces petites voix parasites. Alors, quelle était donc cette question ? Jodie n’était pas prête à la formuler elle-même, mais heureusement pour vous, moi je le peux. Ne lui en parlez pas, cela risquerait de la mettre mal à l’aise, elle cherchera à se justifier, peut-être même à vous donner une réponse précipitée et cela ne règlera nullement son problème, si on peut vraiment le désigner ainsi. Cette question tenait en treize mots : se serait-elle autant rapprochée de Cecilia si Julian n’avait pas… disparu ? En apparence, rien qui ne menace l’équilibre de son existence. Qu’est-ce que cela changerait, que la réponse soit oui ou non ? Eh bien plusieurs choses en fait. D’abord cela questionnait les raisons de leur rapprochement. Les raisons profondes et par extension leurs motivations respectives. N’était-ce uniquement dû à leur peine partagée, au besoin viscéral de se confier à quelqu’un qui pouvait vraiment vous comprendre ? Et dans ce cas, comment cela allait-il évoluer maintenant que ce soutien autrefois si vital n’était plus qu’un vague souvenir ? Maintenant que Julian pouvait reprendre sa place dans leurs vies. Ensuite, il y avait cette formulation inconcevable selon laquelle les deux jeunes femmes se seraient rapprochées grâce à la disparition de Julian. Et Jodie refusait que quiconque pense cela, pas même elle. La disparition de Julian n’avait rien apporté de positif à sa vie, absolument rien. Cela avait été un cauchemar de le penser mort, de le pleurer, de l’enterrer même, et si elle pouvait effacer ces années de sa vie comme de celle de ses proches, son frère en tête, au risque de perdre ce qu’elle avait construit pendant ce laps de temps, elle le ferait sans hésiter. Elle effacerait Cecilia de sa vie si cela pouvait empêcher l’enlèvement de Julian et ses conséquences sur leurs vies. Et elle était effrayée de voir que cette pensée l’attristait. Evidemment, elle n’avait pas ce choix déchirant à faire, rien ne servait donc de se torturer avec ces enjeux purement imaginaires, et pourtant. Jodie avait la sensation que tant qu’elle ne trouverait pas une réponse acceptable à cette question lancinante, elle ne parviendrait pas à avancer et à faire face à son amie le cœur léger, comme elle aimerait le faire. Alors en attendant, elle se tenait face à Cecilia, et alternait à intervalles réguliers entre le désir irrépressible de sentir sa peau sous ses doigts tremblants et l’envie de s’enfuir en courant sans demander son reste. Présentement coincée sur sa banquette, entre l’artiste et le peintre, Jodie ne pouvait qu’attendre que son délicieux supplice prenne fin.

Ses paroles, qu’elle avait pensé maladroites, eurent pourtant l’air de faire écho à quelque chose chez Cecilia, dont le regard s’illumina vivement alors qu’elle le plantait dans celui de la gynécologue. Son intensité lui coupa le souffle un instant, et Jodie fut contente d’être assise, puisqu’elle n’était pas sûre que ses genoux tremblants auraient supporté le poids de son corps. Dans ces moments-là, elle avait la sensation d’être sur le point de s’embraser sous ce regard flamboyant. Une sensation qu’elle n’avait jamais connue avec quelqu’un d’autre. Et qu’elle accueillait étonnamment avec sérénité. Jodie était prête à se laisser embarquer par l’ouragan passionné qu’était Cecilia, prête à s’abandonner sans retenue. Du moins jusqu’à ce qu’elle reprenne pied avec la réalité et baisse les yeux pour se soustraire à son regard, le rouge aux joues. On fait la paire. Un rire étranglé s’échappa de la gorge de Jodie. Faisaient-elles vraiment la paire ou n’était-ce qu’une cruelle illusion ? Jodie n’en savait rien, elle n’avait absolument aucune certitude concernant Cecilia et cela l’angoissait délicieusement.

Toutes leurs plaisanteries étaient-elles destinées à se transformer en allusions à peine voilées à ce qu’elles avaient décidé, d’un commun accord, de laisser derrière elles. Plus difficile à dire qu’à faire, apparemment. Jodie avait envie d’enfouir sa tête dans ses mains, mais elle se retint, réalisant que ce n’était pas une attitude très mature. A la place, elle opta pour une réponse qu’elle espérait être une porte de sortie sans risques, accompagnée d’un sourire complice. “Crois-moi, je suis presque certaine de les avoir déjà entendues au moins trois fois.” Seulement Jodie n’était pas au bout de ses peines, parce que Cecilia riait, et en toute objectivité (non), c’était l’un des plus beaux sons qu’il lui ait été donné d’entendre. Il avait la capacité à réchauffer sa poitrine et tordre ses entrailles, ce qui ne l’aidait en rien à maîtriser le rougissement intempestif de ses joues. Et quand elle arrêta de rire, ce fut pour plonger son regard perçant dans les siens. Alors vraiment, elle ne savait pas combien de temps elle allait pouvoir endurer cela avant d’expérimenter l’auto-combustion au beau milieu du pub. Heureusement pour elle, Cecilia finit par détourner les yeux pour fouiller dans ses affaires et en sortir un carnet et un crayon. Le soulagement de Jodie fut de courte durée, puisque son amie commença à dessiner sur la page blanche, et honnêtement, elle pourrait rester là, immobile, à la regarder donner vie à ses pensées pendant des heures, des jours même.

Perdue dans sa contemplation, elle fut prise de court lorsque Cecilia lui tendit le carnet et lui demanda ce qu’elle rajouterait. Toi. Ce fut la première chose que son traître de cerveau pensa, mais Jodie se retint de justesse, peu désireuse de se ridiculiser de la sorte à cause d’une déclaration mièvre et irréfléchie. Elle se laissa quelques secondes pour faire le tri dans les pensées qui se bousculaient dans son esprit. “Je rajouterais… des couleurs,” finit-elle par répondre, hésitante. “Une explosion de couleurs. On a besoin de couleurs. Peut-être un arc-en-ciel, même. C’est bête, mais c’est ce qui réunit le soleil et la pluie, non ?” Et Dieu savait qu’ils avaient toutes et tous besoin de retrouver des liens entre le soleil et la pluie, entre la morosité qui avait teinté ces trois dernières années, et cet espoir de lumière au bout du tunnel auquel ils se raccrochaient.

Jodie ne savait pas s’il y avait un sens caché derrière les paroles de Cecilia, derrière son sourire sincère, et elle sentit la panique la gagner à nouveau alors qu’elle ne savait quelle réponse lui donner. Si elle acceptait d’écouter son coeur, et uniquement son coeur, sans se préoccuper de toutes les questions sans réponse qui parasitaient son esprit, elle savait qu’elle avait déjà trouvé cet endroit vers lequel regarder à travers la fenêtre. Elle l’avait trouvé dans les bras de Cecilia, dans son regard pétillant, son sourire tendre et ses baisers passionnés. Mais elle avait aussi l’impression que cet havre de paix resterait éternellement hors de sa portée, et cela la blessait beaucoup plus que ce qu’elle voulait bien admettre. Il était plus simple de se laisser porter par la douceur de l’illusion plutôt que de se confronter à un rejet qui la déchirerait. “Je… Je vais continuer à le chercher, cet endroit, alors,” bégaya Jodie en commençant à ramasser ses affaires. “Je n’avais pas vu l’heure, je suis désolée mais je vais devoir y aller.” Il était plus simple de prendre la fuite, aussi, apparemment. “Je te tiens au courant de l’heure et du jour de la prochaine réunion alors ?”

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trigger warning : tw joués : potentiellement dépression je ne veux pas jouer : usage de drogues
pronom : Elle
âge : 32 ans
statut civil : Célibataire, préférant officiellement prendre du recul, se demandant officieusement si le bonheur n'est pas à portée de mains, et n'osant pas réellement le saisir, de peur d'être trop fragile
orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Re: Dancing in your dreams (PV Jodie) Ven 9 Avr - 23:13

- dancing in your dreams -
@Jodie Dawley
. . . . . . . . . . . . . . .

La vie était un éternel recommencement. Et les petites lâchetés avaient le don de se retrouver, encore et encore, ad nauseam, jusqu’à devenir à la fois insupportables et terriblement banales. Ce moment, Cecilia le reconnaissait si facilement, pour l’avoir vécu trop souvent. Elle se perdait dans ses pensées, dans ses idées, quittait le monde et ses vicissitudes pour se réfugier dans celui, doux et sincère des rêves. Il était si aisé de préférer l’univers qui n’existait que dans son esprit, et qu’elle dessinait encore et encore, plutôt que la dureté de cette réalité où elle n’arrivait pas à exprimer ce qu’elle voulait, ce qu’elle ressentait. Elle avait presque attendu, comme un couperet, que Jodie se lasse et s’en aille. Elle ne serait pas la première. Sûrement pas la dernière. Elle comprenait, sincèrement. Elle avait conscience d’être parfois difficile à suivre, à supporter, avec ses lubies qui la traversaient d’un coup, ses questions étranges et sa manie de chercher des significations partout et de vouloir absolument rendre tangible ses rêves, aussi dérangeant que ce soit. Elle se laissait emporter par l’inspiration qui venait enfin, après tellement de temps à la chercher, de la heurter aussi vite que ce train qu’elle avait couché sur le fragile papier de son carnet. Accaparée par ce qui se peignait sous ses yeux, et pour ses yeux seuls, elle était capable de subir. Elle était déjà ailleurs, dans un endroit plus agréable peut-être, où elle était installée dans ce wagon crayonné, à regarder par la fenêtre avec Jodie dans ses bras, cheveux aux lèvres et rires aux vents, à moins que ce ne soit l’inverse. Elle la voyait danser devant elle, cette planète parallèle où elle ne restait pas paralysée, où elle ne se demandait pas si ce n’était pas le moment d’agir, de jeter aux orties sa prudence, de fouler du pied ses doutes et d’envoyer valser ses démons pour s’immerger dans les couleurs que la femme qu’elle désirait tant, à cet instant précis, avait commencé à dépeindre par ses mots, qui coulaient vers elle comme un fleuve alimentant sa divagation créative. Oui, au royaume de ses actes manqués, elle aurait arrêté la gynécologue. Elle aurait enroulé ses doigts autour de son poignet, se serait levée, l’aurait embrassée jusqu’à oublier qu’elle avait un jour eu besoin de respirer, avant de lui murmurer qu’elle attendrait aussi longtemps qu’il le faudrait pour qu’elle trouve ce qu’elle voulait regarder par la fenêtre. Parce qu’elle, elle avait déjà compris quel paysage était capable de défiler dans son cœur dans une boucle infinie. Peut-être qu’elle le savait depuis des années, sans vraiment l’admettre. On ne désirait que ce que l’on ne pouvait pas obtenir. C’était à la fois tristement humain et humainement triste, que d’ériger des barrières infranchissables tout en sachant pertinemment qu’elles avaient une raison d’exister, et en voulant tout de même se risquer à les franchir, quitte à tomber de haut. Les chutes étaient cruelles. Mais on se relevait. On avançait. Et ainsi, on vivait réellement. Au risque de se blesser. Or, Cecilia était certaine d’une chose : elle n’était pas encore en état de supporter un rejet. Pas alors qu’elle entrevoyait la lumière, que sa main la démangeait comme jamais, qu’elle avait tellement envie de créer. Elle ne pouvait pas sacrifier son art et sa santé mentale pour une impulsion, aussi dévorante soit-elle. Elle ne pouvait pas non plus nier que le moment était mal choisi, que ce serait risquer de compromettre l’équilibre précaire qui s’était installé dans leurs vies depuis le retour de Julian. Et à vrai dire, depuis le premier jour où elle s’était rendu compte que le soleil qui se reflétait dans les cheveux de Jodie, quand elle mâchonnait son stylo en réfléchissant, avait des reflets dignes des plus belles merveilles picturales, et qu’elle s’en moquait absolument, parce qu’elle ne regardait pas ces derniers, mais bel et bien ce qu’ils éclairaient. Dès ce moment, elle avait été lâche. Et quand le courage l’étreignait, c’était toujours à contretemps.

Ces moments à contretemps, elle les comptait par dizaines. Alors, clairement, elle la connaissait par cœur, cette sensation de pincement au cœur en voyant Jodie s’en aller. C’était la même qui l’avait étreinte si forte quand elle avait rebroussé chemin après avoir tenté de l’inviter au bal de leur promo, et l’avoir vue avec une autre fille. Toujours la même quand, au mariage de Julian et Maude, elle avait contemplé furtivement l’idée de l’inviter à la fin de la soirée à danser, avant de renoncer. Encore la même quand elle était partie de chez Jodie, au matin, après lui avoir assuré que tout serait oublié. Le mensonge était patent. Mais fuir, c’était confortable. Elle le connaissait, ce tango de l’esquive. Elle l’oubliait, au gré de ses autres amours. Et puis, immanquablement, une autre occasion manquée arrivait. Et elle y revenait. Elle ne pouvait s’empêcher. La lumière de Jodie l’attirait, comme un papillon de nuit. Elle s’y brûlait, assurément. Et en même temps, elle irradiait par cette dernière. Elle était inspirée. Elle devait laisser partir Jodie. Ces deux réalités coexistaient. Elle avait envie de la peindre pendant des heures, et de ne l’avoir que dans le secret de son atelier, sur la toile immaculée qui ne la quitterait pas. Pas comme maintenant. Pour qu’elle n’ait pas besoin d’afficher un sourire poli qui masquerait sa déception, alors qu’elle avait caressé furtivement l’espoir de l’inviter à dîner. Non, elle se contenta de se lever pour la laisser passer. Sa main frôla furtivement le poignet de Jodie quand cette dernière passa devant elle. Elle aurait pu … Elle était si proche. Sa résolution vacilla. Sa main se referma. Trop tard. Seul de l’air resta prisonnier de sa poigne. Et elle-même resta prisonnière de ses impulsions lentes, enfermée dans les regrets qui fleurissaient dans sa gorge et enrouaient sa voix, alors qu’elle déclarait :

« Bien sûr. Je ne te retarde pas plus longtemps avec mes futilités. Rentre bien, et salue Julian de ma part.

Tiens-moi au courant pour le reste. »


Elle ramassa également ses affaires, sortant à sa suite. Et une fois dehors, alors que leurs chemins se séparaient, elle murmura doucement :

« A la prochaine. »

Et c’était le moment où elle s’en allait d’un côté, Jodie de l’autre, comme cela devait être. Elle hésita. Son poing se referma encore sur du vide. La nuit tombée ne gâchait pas la lumière autour de l’autre femme. Définitivement, il y avait une couleur en elle qui l’attirait. Enfin, la bravoure revenait. Enfin, elle résolut de court-circuiter son cerveau. Elle se pencha au dernier moment, et sa bise échoua à la commissure de ses lèvres, rapidement effleurées, d’un millimètre, d’un souffle, avant qu’elle ne se retourne, lève la main pour dire au revoir, et s’en aille à son tour.

Cecilia aimait trop les actes manqués pour ne pas, parfois, toucher du doigt tout ce qu’elle manquait par un acte qui, in fine, ne l’était peut-être pas entièrement. Comme un aperçu de l’intégralité de leur relation, qui n’en était pas une, qui aurait pu l’être, qui ne devait pas l’être, qui l’était dans son esprit, au creux de sa main qui peignait déjà dans l’air ambiant des myriades de tableaux, dont les couleurs susurraient cinq lettres à l’infini.

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