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 Don't let me go (PV Jodie)


Cecilia Nordgren
just something that we wanna try
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Cecilia Nordgren
lost and insecure
messages : 143
pseudo : ITW
pronom irl : Elle
id card : Rose Leslie (La Blatte)
personnage : permanent
multicomptes : /
nbre de mots : 800-1000
disponibilités : full / non dispo
trigger warning : tw joués : potentiellement dépression je ne veux pas jouer : usage de drogues
pronom : Elle
âge : 32 ans
statut civil : Célibataire, préférant officiellement prendre du recul, se demandant officieusement si le bonheur n'est pas à portée de mains, et n'osant pas réellement le saisir, de peur d'être trop fragile
orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Don't let me go (PV Jodie) Sam 10 Avr - 1:13

- Don't let me go -
@Jodie Dawley
. . . . . . . . . . . . . . .

Le pinceau se mouvait sur la toile, dansant une valse connue de lui seul alors qu’il ondulait, traçant de ses mouvements ordonnés les dernières touches de la création qu’il avait patiemment aidé à constituer. Les doigts qui le tenaient bougeaient par à-coups, au gré de l’inspiration, mais aussi avec la dextérité d’une technique assurée, affûtée, fruit d’années et d’années de perfectionnement. Le chaos apparent était en réalité savamment pensé, et les lignes déstructurées le fruit d’une réflexion particulièrement savante. Chaque aplat avait été étudié, chaque couleur, chaque parallèle, pour déconstruire ce qui était évident, et par la même occasion, créer une vérité particulière. Lentement, la main se détendit, et finalement, le pinceau fut rangé, son œuvre achevée. Elle éclatait dans toute sa globalité, à la lumière qui éclairait le studio de peinture pour faire ressortir les contrastes et les aspérités, les imperfections et les scories. La toile trônait, au milieu de ses sœurs, nées dans la même semaine, dans cette frénésie créative qui avait tout emporté sur son passage. Le sol était maculé, des palettes s’empilaient, abondamment usées, et les murs eux-mêmes comportaient de nouveaux stigmates, jetés au gré de l’inspiration subite. Les pots s’empilaient, de même que les instruments divers. Le fatras était impressionnant, et contribuait à faire régner dans la pièce une image de bouillonnement volcanique, à l’image de sa propriétaire, dont les cheveux roux partaient dans tous les sens, malgré le pinceau accroché à leur sommet et censé les retenir en un chignon grossier, fait à la va-vite et dont des mèches folles s’échappaient. Son visage portait les traces de son exaltation artistique, en étant presque aussi bariolé que le plancher. Quant à ses mains, il était difficile d’en retrouver la réelle couleur, tant elles étaient tachées. Sa blouse de travail était à l’image de la toile face à elle : plus un centimètre de son blanc originel ne s’y trouvait. Son imagination démente avait tant trouvé à s’exprimer que le sommeil était devenu une donnée annexe. Les cernes sous ses yeux en témoignaient, ajoutant une touche violacée à sa figure colorée. Elle avait peint encore et encore, comme rarement. Comme jamais depuis trois ans. Les toiles se remplissaient, et ses mains ne semblaient pas vouloir s’arrêter, prises d’une folie qui menaçait de l’engloutir tout à fait. Manger était devenu accessoire, comme à peu près tout soin à sa personne. Elle ne sortait que pour se rendre à l’université et donner ses cours, puis repartir ventre à terre chez elle afin de retrouver ses chers pinceaux et se remettre à l’ouvrage. La crise ne durerait peut-être pas, mais tant qu’elle serait là, elle l’exploiterait jusqu’à la fin, buvant le calice jusqu’à la lie. Elle ne dormait plus, hantée par les images qui emplissaient son esprit, la transportant dans un univers entièrement éloigné, et pourtant si proche. Elle peignait avec rage ce qu’elle n’avait pas su dire, ce qu’elle avait envie d’exprimer, ce qu’elle s’interdisait de rêver. Elle fixait sur la toile la fureur qu’elle ressentait contre elle-même, pour ce maelstrom de sentiments qui l’envahissaient, qu’elle désirait repousser, et qui ne s’en allaient pas. Pour ces désirs qui dévoraient son âme et l’empêchaient de retrouver ce chemin sain et posé qu’elle tentait de tracer depuis un an. Comme un écho à l’insanité qui la prenait, son inspiration était violente, imprévisible, et elle y cédait, déterminée à retranscrire ce monde qui vivait si fort dans son cœur, à défaut de pouvoir l’offrir en mots à celle qui avait déclenché cet état.

Il n’avait fallu que quelques encouragements pour que son état bascule. Il n’avait fallu que des regards pour qu’elle comprenne, et déraille. C’était habituel. Fut un temps, le vol d’une feuille morte avait été capable de l’emmener dans une transe créative d’un mois entier. Son œil avait toujours eu tendance à s’attacher aux détails, et à les déformer pour mieux les recréer à son image, à sa façon. Mais pour la première fois depuis trois ans, elle ressentait à nouveau cette adrénaline face au besoin de montrer son univers intérieur, et elle voyait ce dernier autrement que comme une infinité de noir ou de gris. Les variations sur la même thématique s’enchaînaient le jour. La nuit était le théâtre de dévotions plus secrètes, au fusain, dessinant les courbes, parfois le visage, s’attachant à chaque détail. Et dans ce continuum de création, Cecilia se perdait tout à fait, pour son plus grand plaisir. Dans ces moments, la réalité avait la fadeur d’un monde où tous les possibles ne se réalisaient pas. Et elle avait envie de se plonger dans celui qui vivait en elle, à travers sa peinture, pour se souvenir qu’exister, c’était autre chose que simplement vivre, et surtout, passer au travers de sa vie, comme elle avait tellement l’habitude de le faire. Comme, d’une certaine façon, elle le faisait en se retirant chez elle ainsi, à explorer son propre univers, et non celui dans lequel elle vivait. Pourtant, aujourd’hui, elle serait contrainte d’y faire face. Non sans une touche d’appréhension. Achevant sa contemplation, Cecilia déposa tout son attirail et laissa la peinture sécher, avant de se précipiter sous sa douche pour se décrasser. Une fois à peu près présentable – ce qui ne fut pas une mince affaire – la trentenaire jeta sur ses épaules une chemise blanche agrémentée d’un pantalon noir simple, une veste rouge par-dessus pour la couleur, évidemment. Elle se trouvait raisonnablement élégante, apprêtée mais suffisamment décontractée pour que cela ne se remarque pas trop. Quelques gouttes de parfum – mimosa, la flagrance qu’elle mettait depuis son adolescence, sans réellement pouvoir expliquer son attachement à cette fleur d’hiver, portée d’abord comme une déclaration invisible sur les amours qui n’osent pas dire leur nom, et désormais reflet de ses émois secrets – et un maquillage très léger plus tard, elle était parée. Et oui, elle avait définitivement pris le temps de s’apprêter. Oui, ce serait sans doute légèrement visible pour toute personne la connaissant bien. Non, elle n’en éprouvait aucune honte ou regret. Vivre, c’était cela aussi. Armée de son sac à main en bandoulière -toujours, beaucoup plus pratique qu’un sac réellement porté à la main ou sur l’épaule – et d’un paquet légèrement plus volumineux camouflé dans un sac cette fois en papier recyclable, l’artiste peintre put enfin sortir de chez elle, avant de gagner le centre-ville et les abords de la clinique. La réunion aurait lieu entre ses murs, c’est du moins ce que lui avait affirmé Jodie, par commodité comme ils avaient une salle de libre, et parce que ça l’arrangeait aussi, exceptionnellement, au milieu de son flux de patients. Une fois arrivée, elle déclina son identité à l’accueil avant de toquer à la porte de son bureau et d’y entrer. Ses yeux détaillèrent la gynécologue, l’enveloppant sans qu’elle ne puisse s’en empêcher de leur curiosité douce, et elle sourit avant de déclarer :

« Tu noteras que cette fois, je suis presque à l’heure, ce qui constitue un exploit à inscrire dans les annales. »

A peine cinq minutes de retard, un record ! Puis elle ajouta :

« Bonsoir Jodie. »

Cecilia aurait voulu ajouter qu’elle la trouvait toujours aussi radieuse, qu’elle était réellement heureuse de la revoir, mais la crainte de l’indisposer prit le dessus. A vrai dire, elle avait douté que l’autre femme la recontacte aussi vite, après leur précédent rendez-vous, qui la plongeait encore dans des affres de perplexité, et beaucoup de regrets mêlés. Mais elle l’avait fait. Bien sûr, c’était normal, c’était professionnel. Le fait qu’elle ait répondu dans la minute à son message l’indiquait avec une évidence certaine. A la place, elle se décida donc pour un factuel :

« Je peux juste poser ça ici ? Juste le temps de la réunion. »

Ça, c’était son sac légèrement encombrant, au contenu soigneusement emballé, et qu’elle n’avait pas dévoilé. Et ça, certes, ce n’était pas très pratique à emmener. Une fois débarrassée, elle assura :

« Voilà, je suis parée à te suivre. »

S’ensuivit bon nombre de poignées de mains, de bises, de salutations, de rires, le temps de reconnaître ou de se présenter à l’ensemble des bénévoles là. Puis, la réunion put commencer, avec donc en clou du spectacle la présentation de ses maquettes, et le débat sur laquelle prendre. Pendant un moment délicieux, Cecilia se perdit dans le plaisir d’observer les envolées intellectuelles, se gorgeant de l’enthousiasme communicatif, des déclarations enflammées et de la passion qui régnait en maître. Souvent, ses yeux se posaient sur Jodie, sans se détourner réellement, l’observant dans son élément, avant de papillonner vers le reste de la salle. Parfois, elle intervenait elle-même, expliquant sa démarche, débattant aussi avec conviction, échangeant argument et contre-argument avec vivacité. Le temps s’étira sans qu’elle ne s’en rende compte. Et bientôt, il fallut se quitter. Après une nouvelle tournée d’embrassades chaleureuses et de poignées de mains amicales, la trentenaire suivit Jodie dans son bureau. Et ne put s’empêcher de dire, comme souvent ces derniers temps :

« Merci. C’était passionnant d’être présente, et de voir l’enthousiasme de toute l’association. »

Une lueur taquine vint se nicher dans son regard alors qu’elle ajoutait :

« Et tu as su convaincre tout le monde de ton choix. Quelle oratrice, j’étais à deux doigts d’aller chercher un pinceau pour les reproduire sur le mur le plus proche après t’avoir entendue.

Ce qui est une excellente idée pour finir devant un tribunal pour vandalisme, ce qui n’est pas exactement dans mes plans. Vois à quoi tu m’aurais presque poussée. »


Un clin d’œil s’ensuivit, léger et rieur, pour agrémenter la plaisanterie enrobant le compliment sincère. Comme elle l’avait si souvent pensé, il n’y avait pas plus passionnant que de voir Jodie s’animer. Et lui inspirer à nouveau des figures dignes de ses nuits blanches, occupées à barioler cette fadeur de couleurs, pour l’occuper à autre chose que soupirer sur ce qui n’avait pas d’avenir, et la faisait rêver malgré tout.

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Jodie Dawley
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Jodie Dawley
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en attente › temperance, jenna

trigger warning : tw joués : deuil, violences faites aux femmes. je ne veux pas jouer : sexe explicite, inceste.
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âge : trente-deux ans (15 septembre 1988)
statut civil : célibataire ; une vie sentimentale moins éteinte que ce qu'elle laisse entendre, des résolutions raisonnables qui vacillent à chaque fois qu'elle croise ses yeux clairs et la crainte entêtante de finir par tout gâcher.
orientation : lesbienne discrète mais assumée.
gif : Don't let me go (PV Jodie) Ijam0uJ
occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
habitation : #183 dryden street, en colocation avec Julian
en vrac : Jodie participe à des journées de sensibilisation autour de la contraception et du consentement dans les lycées de la région. › Il y a beaucoup de livres chez elle, certainement trop pour qu’une vie entière suffise à les lire tous. › Jodie boit beaucoup (trop) de café, habitude prise pendant ces longues nuits sans sommeil qui ont rythmé ses études de médecine. › Elle dort toujours dans des draps colorés. Le blanc immaculé lui rappelle trop l’hôpital et ses chambres impersonnelles. › Jodie est végétarienne. › Elle déjeune avec son père chaque dimanche.
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Ven 16 Avr - 15:56


- don’t let me go -
@cecilia nordgren
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Sa journée de travail touchait à sa fin, mais Jodie savait qu’elle devrait attendre encore quelques heures avant de retrouver la chaleur réconfortante de ses draps. Pas que cela l’ennuie plus que cela, en fait. Ces réunions étaient une parenthèse sans équivalent dans son quotidien. Elle aurait aimé terminer de compléter ce dossier avant que l’heure de la réunion ne sonne, mais déjà trois petits coups secs furent portés à sa porte. Sans quitter l’écran des yeux de son écran, Jodie autorisa la personne de l’autre côté à entrer. Elle s’attendait à une collègue, ou peut-être quelqu’un de l’association, étant donné que l’heure de la réunion approchait. En tout cas, elle ne s’attendait pas à ce que les battements de son cœur s’affolent en entendant les accords rieurs de cette voix. Elle releva immédiatement la tête et ses yeux croisèrent les siens, n’arrangeant en rien son arythmie digne d’une adolescente - encore qu’elle n’était même pas sûre d’avoir expérimenté ce trouble lors de ces années réputées pour leurs émois passionnés. Il n’était jamais trop tard pour vivre de nouvelles expériences, n’est-ce pas ? Ce qui était le plus bête, dans cette histoire, c’était que Jodie aurait tout à fait pu se préparer à cette rencontre. Elle savait pertinemment que Cecilia serait présente ce soir. C’était même elle qui lui avait proposé de passer par son bureau avant que la réunion ne commence. Mais cela n’avait apparemment pas été cependant. Jodie espérait simplement que son trouble restait assez discret pour ne pas être remarqué par son amie, qu’à cette distance elle ne remarquerait pas le rouge qui avait coloré ses joues, et que son ouïe n’était pas assez fine pour détecter les battements erratiques de son cœur. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se reprendre et la saluer chaleureusement à son tour. “Bonsoir Cecilia,” commença-t-elle avant que son sourire ne devienne plus malicieux. “Il se pourrait que j’ai avancé de quelques minutes notre rendez-vous de toute manière.” Pour être honnête, ce n’était pas tant pour être sûre d’être à l’heure à la réunion de l’association - elles commençaient presque systématiquement en retard de toute manière - que pour pouvoir passer un peu de temps seule avec Cecilia, mais ça, Jodie n’était pas prête à se l’avouer une bonne fois pour toute.

“Bien sûr, fais comme chez toi.” Ce n’était pas grand chose, mais cette simple phrase déclencha de légers picotements dans le ventre de Jodie. Comme si son organisme lui-même tentait de lui faire passer un message, quelque chose qui ressemblait à “et si on faisait en sorte qu’elle se sente chez elle à chaque fois que tu es là ?” La gynécologue ne s’attarda pas sur ces pensées, ce n’était pas le bon moment. Elle ignora également la petite voix qui, dans sa tête, lui faisait remarquer que ce n’était apparemment jamais le bon moment de toute manière. Pour l’instant elles avaient une réunion à laquelle assister, et pendant laquelle il était de bon ton de mettre de côté toute distraction. D’ordinaire, Jodie y parvenait relativement bien, même quand sa journée de travail avait été particulièrement éprouvante ; il y avait tant à penser, tant à imaginer, tant à débattre, que ces réunions ne laissaient que peu de place aux pensées égarées. Ce soir-là cependant, la gynécologue se surprit à plusieurs reprises à laisser son esprit vagabonder du côté d’une certaine rousse.

Une fois les décisions prises et les prochaines actions définies, la réunion prit fin dans un brouhaha chaleureux, comme c’était toujours le cas d’ailleurs. C’était bien différent de l’effervescence à laquelle Jodie était habituée dans son travail, c’était différent de tout ce qu’elle avait connu jusque là d’ailleurs ; ces femmes connaissaient la version la plus brute d’elle-même, parce que dans cette bulle, Jodie s’autorisait à flancher, elle s’autorisait à exprimer sa colère et son indignation, elle s’autorisait à dire stop aussi, quand elle sentait le point de rupture approcher. Elle avait mis quelque temps à accepter cette vulnérabilité qu’elle tentait de dissimuler dans tous les autres aspects de sa vie, mais désormais elle aurait bien du mal à se passer de cet espace si nécessaire. Comme elle l’avait fait dans le sens inverse au début de la réunion, la gynécologue guida ensuite Cecilia jusqu’à son bureau. “C’est une énergie unique, hein ?” répondit Jodie lorsque son amie évoqua l’enthousiasme de l’association. “Je n’avais jamais connu ça avant. Et ça ne manque pas, à chaque fois je sors des réunions à la fois éreintée et reboostée.” La brune laissa échapper un léger rire à la fin de sa phrase. La problématique des violences faites aux femmes avait heurté Jodie de plein fouet lors de sa première expérience en gynécologie. Jusque là, elle n’y avait pas prêté une grande attention, trop absorbée par ses études et sa famille. Et une fois qu’elle eut mis le doigt dans l’engrenage, elle n’avait plus pu faire abstraction. Elle avait eu la nausée pendant plusieurs jours, alors que les chiffres, les témoignages et la colère défilaient sous ses yeux, sur l’écran de son ordinateur. Puis elle avait décidé d’agir, incapable de revenir à sa vie d’avant. Cela avait conforté son choix de spécialisation, d’abord, mais il n’était plus seulement question d’accompagner les femmes sur le chemin de la maternité, elle avait compris que ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. Elle avait ensuite rejoint l’association, désireuse de faire plus.

“Je ne sais pas si on arrivera un jour à passer du temps ensemble sans finir par se remercier mutuellement,” plaisanta Jodie avant de poursuivre. “Mais merci à toi pour ton travail, surtout. Tu as pu vérifier par toi-même que je ne mentais pas quand je te disais que tes flyers avaient fait grande impression.” La première fois, déjà, ils avaient fait l’unanimité et ce soir, la magie avait encore opéré. Cecilia laissa ensuite entendre que ses mots lui avaient donné envie de peindre à même les murs, et immédiatement, les joues de Jodie s’embrasèrent sans qu’elle ne puisse rien y faire. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait une telle allusion, ou du moins que son traître de cerveau faisait un raccourci embarrassant, lui faisant croire qu’elle aurait pu l’inspirer. Jodie n’avait jamais, ô grand jamais, rêvé d’être la muse de qui que ce soit. Elle préférait, et de loin, agir par elle-même plutôt que d’inspirer les actions de quelqu’un d’autre, merci bien. Et pourtant, dans un coin de son esprit, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’elle éprouverait, si elle se retrouvait devant une œuvre qui avait été peinte en pensant à elle. Surtout si ladite œuvre avait été peinte par, au hasard, une certaine Cecilia Nordgren. Jodie tenta de chasser son trouble en se concentrant sur l’autre idée que les paroles de son amie avaient fait naître dans son esprit. “Tu le ferais ?” Eh bien, il allait certainement falloir faire preuve de plus d’éloquence sur ce coupl-là. “Peindre sur les murs, je veux dire.” C’était un peu mieux, mais pas sûr que Cecilia y comprenne encore quoi que ce soit. “Je ne sais pas si on nous donnerait l’autorisation. Ni où on pourrait faire ça, mais pourquoi ne pas peindre une fresque sur les murs de la ville ? On pourrait même faire participer les femmes que l’on accompagne. On pourrait organiser des ateliers. Tu pourrais les organiser, même. Et ça interpellerait les passants, ça serait l’occasion de leur expliquer ce qu’ont fait, de les sensibiliser à la cause. Et en passant devant, tous les jours, on saurait qu’on n’est pas seules, et...” Jodie s’arrêta subitement, réalisant qu’elle avait parlé sans reprendre son souffle et surtout sans savoir si tout cela avait vraiment du sens. “Désolée, je me suis peut-être un peu emportée,” lâcha-t-elle en adressant un sourire timide à la jeune femme qui lui faisait face.
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Cecilia Nordgren
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Dim 18 Avr - 22:34

- Don't let me go -
@Jodie Dawley
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« C’est l’inspiration. Le désir de changer ce que nous pouvons changer, de bouleverser ce qui est hors de notre portée, l’envie de tout renverser, et la peur du précipice dans lequel on se précipite, la crainte de l’impuissance, de ne pas parvenir à réaliser ce qui devient soudainement, si ardemment, notre but, notre aspiration … »

Les yeux brillants, Cecilia parlait de ce qu’elle connaissait si intimement, qui avait rythmé toute son existence et continuait de constituer ce vers quoi son être se tendait en permanence, et que Jodie décrivait. On réduisait trop souvent l’inspiration à cet élan presque mystique de l’artiste, peu importe son domaine. Mais c’était aussi ce souffle de vie qui donnait envie d’avancer, cette capacité fulgurante à s’enflammer pour un sujet, cette facilité, soudainement, à créer quelque chose, peu importe finalement son contenu. C’était une motivation douce, un foyer ronronnant au creux des reins, qui apportait clarté d’esprit et chaleur à l’idée de réellement faire. C’était une action et une pensée, une pensée en action et une action de la pensée : c’était la matérialisation d’un jet d’esprit qui devait trouver un débouché dans la réalité. C’était enfin un moyen de tordre cette dernière pour la rendre un peu plus colorée, moins grise. Agir, c’était vivre. Et il y avait de l’ivresse dans cette sensation, unique en effet, un parfum de nouveauté, de puissance, de folie parfois, face aux obstacles à affronter. L’engagement, quel qu’il soit, avait cette flagrance d’absolu. Quand on le rencontrait, quand on découvrait ce moment de passion, on se rapprochait de la sensation si particulière du coup de foudre, et alors débutait une histoire intense, une relation entière. On se perdait souvent pour cette maîtresse-là, si prenante, si tentatrice, si délicieuse. L’obsession rendait parfois aveugle au monde extérieur. Elle avait aussi l’audace de colorer l’infortunée amante d’une nouvelle beauté, d’illuminer son regard, de rosir ses joues, d’accélérer le rythme de la respiration, pour former une valse lancinante, capturant le regard de son auditoire, le ravissant secrètement, parce qu’il n’existait rien de plus exquis qu’une femme brutalement emportée par son inspiration. Cecilia avait toujours adoré capturer ces moments si particuliers, et elle ne pouvait s’empêcher de laisser ses yeux s’attarder sur tout ce que Jodie pouvait à cet instant représenter de parfaitement fascinant. Elle éprouvait la sensation confuse, et en même temps si rare, qu’elles se comprenaient parfaitement. Le temps était suspendu, bercé par le rire de la gynécologue, qui tintait doucement à ses oreilles, achevant le tableau charmant de secondes hors du temps, et peignant dans son âme la toile parfaite de l’inspiration, et de sa transmission. Et s’il fallait revenir à la réalité, les sens en éveil, Cecilia avait déjà des couleurs plein les yeux, et la prudence emportée par le tourbillon évoqué. Jodie avait une capacité magnétique à attirer son attention, et à l’attirer tout simplement, quand elle s’illuminait de la sorte. C’est pourquoi elle ne résista pas à répondre, avec cette assurance fugace qui avait tant fait son charme, autrefois :

« Il faudra donc passer plus de temps ensemble pour le savoir. »

L’invitation était lancée. Et elle espérait, sans réellement imaginer qu’elle serait prise au vol, ce soir, que cette dernière essaimerait, sans être certaine de ce que temps pourrait être, ni de ce qu’elle en attendait elle-même, ou plutôt, en ayant conscience tout en repoussant l’idée pour une option plus sécurisante, moins enlevée. Mais une chose était certaine : peu importe sa nature, sa relation avec Jodie avait pris de l’importance, au cours des dernières années, et elle n’avait pas envie que le retour de Julian les pousse à redevenir ces deux personnes se côtoyant simplement, ayant le même cercle de connaissances, sans réellement avoir la possibilité de partager des moments ensembles, en dehors de ce dernier. Comme amies. Comme … Ses yeux se fermèrent brièvement pour empêcher le mot de se former dans sa tête. Ne pas y penser, ne pas le prononcer, c’était taire ce qui enflait dans son myocarde, et s’assurer le silence des âmes délatrices, capables de trahir le secret par une parole maladroite. Ce mot ne pouvait exister. Parce qu’il n’avait pas d’autre existence que des souvenirs enfouis, des regrets enterrés, des espoirs malmenés. Il était plus facile de marcher sur le fil étroit des possibles, et de se rétracter face à la vérité, quand cette dernière affleurait sous les rires, les compliments plus ou moins détournés et les joues rougissantes. Rêver, c’était ne pas prendre le risque d’être rejeté. Et pour commenter, simplement, afin de revenir à la réalité :

« En effet, et je suis contente que les propositions aient plu. Et j’ai noté que c’était ton choix qui était ressorti vainqueur. Tu as le goût sûr. »

Pas qu’en flyers. Certes. La pente était glissante. A nouveau. A moins qu’elle ne se pose trop de questions, et qu’elle analyse chaque phrase au prisme de ce qui, donc n’avait pas d’existence et ne devait pas franchir ni ses lèvres, dans son esprit ? Comme elle était présente, cette fantomatique pensée, à colorer ses moindres paroles, à lui faire réfléchir à chaque mot prononcé. A l’empêcher parfois de parvenir à rassembler son esprit. A l’obliger à fixer son regard sur Jodie, et à ne jamais s’en détourner. A se gorger de sa vision, de son excitation, de son inspiration. Tout y revenait. Jodie était inspirée, et elle l’inspirait. La sensation était magnifique, ardente, sublime. Elle l’emportait encore. Et, pire que tout, elle était manifestement communicative, puisque brusquement, l’autre jeune femme jetait une de ces questions tout à trac dont Cecilia était ordinairement la spécialiste. Voilà qui était, là encore, nouveau. Fascinant, même. La peintre l’observait dérouler le fil de sa pensée, ayant vite compris de quoi il retournait. La plaisanterie prenait soudainement une tournure plus réelle, exemple typique de ce jaillissement de pensée qui, d’un coup, prenait corps sous l’influence de cette inspiration qui transformait les chimères en réalités, les idées en projets. Elle observait Jodie s’animer, ses lèvres se mouvoir au rythme de sa direction accélérée. Elle l’enveloppait de son regard perçant, et sentit ses pieds s’approcher sans qu’elle ne s’en rende compte, attirés irrésistiblement par cet élan si caractéristique, par cette lueur qu’elle recherchait tant pour elle-même. La réponse saillit telle la rivière à flanc de montagne, en une évidence :

« Bien sûr. »

Cecilia aurait pu ajouter qu’elle peindrait tout ce qu’elle voudrait, pour espérer apercevoir encore cette lueur dans son regard, pour l’observer ainsi, charmante en train de la charmer, pour toucher du bout du doigt cette impression folle d’être habitée, illuminée, inspirée. Elle aurait fait, en vérité, probablement tout ce que Jodie aurait pu lui demander, dans le seul but de créer cet élan en elle, et peut-être, en toute honnêteté, d’espérer un peu l’impressionner, attirer son attention, juste quelques instants. Juste le temps de s’imaginer qu’elle existait à ses yeux. Juste un moment pour rêver à ne plus être une, et à être deux. Puis, la pause hors du temps fuirait, leurs regards se détacheraient, comme toujours, et le temps, encore, s’en irait, avec les espoirs informulés. Ce n’était pas grave. C’était mieux que rien. Tout plutôt que l’indifférence. Il ne tenait qu’à elle que ce répit dure, s’étire. Du reste, elle y avait pensé, à ces possibilités, sans oser les formuler. Alors maintenant, elle n’avait plus besoin que de dévider sa pensée. Et montrer que leurs esprits avaient beau être si éloignés, ils étaient capables aussi d’évoluer à l’unisson.

« On peut demander l’autorisation d’installer des fresques amovibles, plutôt que de faire des démarches qui risquent d’être longues, et contacter la galerie d’art pour une exposition extérieure, je pense que ça pourrait se faire. »

Avec un sourire sincère, quoique légèrement timide, Cecilia ajouta :

« Et pour le reste … en fait, j’y avais déjà pensé. La thérapie par l’art a de bons résultats, et je me suis renseignée auprès d’une association la dernière fois que je suis allée à Vancouver, j’ai pris des contacts … Au cas où. Je ne suis pas psychologue mais … peut-être que quelqu’un à la clinique pourrait servir d’appui pour mettre au moins des maquettes de cours ? Maintenant, ça au moins, je sais le faire. »

Avantage d’être réellement professeure. Les commissures de ses lèvres frémirent et un sourire plus taquin, et aussi plus doux apparut sur son visage. Face à Jodie, elle lui souffla :

« Je crois que c’est le moment de me donner un bulletin d’adhésion à l’association. Que ce soit officiel. »

Le mot avait quelque chose de très particulier dans sa bouche, face à la gynécologue. Comme s’il entérinait l’existence de leur relation, matérialisée par cet engagement commun qui se profilait, qui pouvait dépasser le cadre de l’aide ponctuelle, de ce coup de main d’une seule fois qui prenait le risque de perdurer. Il y a quelques années, Cecilia n’aurait jamais eu une telle démarche. La maturité avait fait son œuvre. Ainsi qu’un autre facteur, qui se trouvait en face d’elle. A croire qu’elle avait offert de l’inspiration un peu folle à Jodie, et que cette dernière l’empêcher de passer son temps à s’envoler pour rester fermement ancrée sur terre. A nouveau, son regard se perdit vers Jodie et elle ne put empêcher ce dernier de pétiller, alors qu’elle disait enfin le fond de sa pensée :

« Il n’empêche … Tu es une vraie rebelle, Dawley. »

Son sourire s’agrandit.

« Je n’ai pas l’habitude de te voir ainsi. »

Et …

« J’aime beaucoup. »

Tant pis. Les rêves, parfois, étaient faits pour se matérialiser. Les espoirs, pour être vécus. Et les regrets, aussi, pour exister, parce qu’ils prouvaient qu’on avait tenté.

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Jodie Dawley
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trigger warning : tw joués : deuil, violences faites aux femmes. je ne veux pas jouer : sexe explicite, inceste.
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âge : trente-deux ans (15 septembre 1988)
statut civil : célibataire ; une vie sentimentale moins éteinte que ce qu'elle laisse entendre, des résolutions raisonnables qui vacillent à chaque fois qu'elle croise ses yeux clairs et la crainte entêtante de finir par tout gâcher.
orientation : lesbienne discrète mais assumée.
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occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
habitation : #183 dryden street, en colocation avec Julian
en vrac : Jodie participe à des journées de sensibilisation autour de la contraception et du consentement dans les lycées de la région. › Il y a beaucoup de livres chez elle, certainement trop pour qu’une vie entière suffise à les lire tous. › Jodie boit beaucoup (trop) de café, habitude prise pendant ces longues nuits sans sommeil qui ont rythmé ses études de médecine. › Elle dort toujours dans des draps colorés. Le blanc immaculé lui rappelle trop l’hôpital et ses chambres impersonnelles. › Jodie est végétarienne. › Elle déjeune avec son père chaque dimanche.
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Mer 21 Avr - 0:56


- don’t let me go -
@cecilia nordgren
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Cecilia parlait d’inspiration, et Jodie sourit intérieurement en se disant que c’était un sujet qu’elle devait particulièrement bien connaître. Parce qu’elle était autant inspirée qu’inspirante. Du moins c’était comme ça que Jodie la voyait. Ca concernait l’artiste en elle, évidemment. Mais pas seulement. Tout son être respirait l’inspiration, de ses yeux pétillants à ses joues rougissantes, sa voix ronde et ses cheveux flamboyants. Elle était un spectacle vivant à elle seule. Une œuvre unique, à la fois éblouissante et particulièrement intime, et Jodie pouvait l’écouter parler pendant des heures. Des jours même. Peut-être que cela aurait dû lui faire se poser des questions. Parce qu’il n’était pas seulement question de sororité, de women support women. Ça allait plus loin que le soutien et l’admiration d’une amie. Au fond, Jodie le savait. Elle pouvait presque toucher du doigt ces questions qu’elle mourrait d’envie de lui poser. Si elle prenait la peine d’y réfléchir, elle pouvait comprendre ce qui se cachait derrière ce feu qui grondait au plus profond de son être. Mais elle se refusait à y penser. Craignant les réponses qu’elle y trouverait. Craignant de bousculer de manière irrévocable cet équilibre confortable dans lequel elle se drapait avec délectation depuis plusieurs mois. Jodie préférait se contenter de ces bribes, écouter Cecilia parler pendant quelques minutes, par ci par là, plutôt que tout perdre. Et la rareté de ces moments les rendait d’autant plus délectables. Jusqu’à ce que l’une des deux pose le pied sur la ligne. Cette mince démarcation entre la sécurité et l’inconnu. Cette fois-là, ce fut Cecilia. Passer plus de temps ensemble. Évidemment, la gynécologue aurait dû se douter qu’elle finirait par exprimer à voix haute ce qu’elle se refusait de faire. L’espace d’un instant, Jodie se laissa happer par ce qui pourrait être. Une complicité poussée à son paroxysme. Des confessions murmurées successivement. Des fous-rires partagés. Des regards échangés, par lesquels passaient plus que ce qu’elles pourraient jamais formuler. Oui, il y aurait tant de choses à découvrir si elles passaient plus de temps ensemble. Mais Jodie se trouva incapable de répondre à la perche lancée par Cecilia. Parce qu’elle avait la sensation de se tenir au bord d’un précipice, sur le point de sauter dans le vide, avant de se souvenir qu’elle n’avait pas de parachute. Et sans ce parachute, sans cette garantie de s’en sortir sans trop de dommages, Jodie refusait de prendre ce risque. Alors elle resta silencieuse, et adressa un léger sourire à son amie avant de baisser les yeux. Lâche. Et comme si Cecilia se trouvait dans la même impasse qu’elle, elle redirigea d’elle-même la conversation vers un sujet plus sûr. Les flyers. La réunion. L’association. Seulement ce n’était jamais aussi innocent que cela que l’aînée des Nordgren était impliquée. Du moins c’était ce que le cerveau de Jodie en déduisait, sans qu’elle soit vraiment sûre que c’était volontaire de sa part. “Arrête de me flatter comme ça,” s’offusqua-t-elle faussement en secouant la tête. “Choisir n’importe laquelle de tes propositions serait avoir bon goût.” Et voilà que les rôles s’inversaient. Comme si aucune des deux ne pouvait s’en empêcher.

Et l’idée lui vint soudainement, presque sortie de nulle part. Il avait fallu une seule phrase de Cecilia pour que son esprit s’embrase. Inspirée, elle pouvait l’être, elle aussi. Elle insinuerait que c’était l’association, ses convictions, l’énergie générée par la réunion, mais au fond, elle savait que ce n’était pas uniquement ça. Il y avait autre chose. Quelqu’un d’autre. Qui la mettait dans les dispositions idéales pour laisser libre court à ses pensées, pour oser formuler des idées nouvelles. Quelqu’un qui se trouvait à seulement quelques centimètres d’elle, et qui ne la quittait pas des yeux alors qu’elle exposait son plan, sûrement un peu bancal, mais plein de promesses. La réponse de Cecilia ne tarda pas. Il ne s’écoula pas un battement de cils avant qu’elle lui assure que c’était possible. Qu’elle le ferait. Et Jodie dut résister à la folle envie de la serrer dans ses bras. La remercier, une énième fois, de l’écouter et de la suivre sans hésiter. De lui donner confiance dans ses idées, dans ses projets. Peut-être même sans se rendre compte de l’importance de son soutien. De ce qu’il représentait pour Jodie. Elle ne dit rien, mais elle était certaine que toute sa reconnaissance se lisait dans ses yeux brillants. Cecilia poursuivit en donnant davantage de corps à l’idée relativement floue que Jodie avait formulée, et la gynécologue s’émerveilla un instant de la manière dont elles se comprenaient et se complètaient aussi aisément. “Ce serait parfait,” conclut-elle avec un sourire sincère. “J’enverrai un mail dès ce soir aux membres de l’asso pour que ce soit ajouté à l’ordre du jour de la prochaine réunion. On pourra commencer à contacter la mairie et la galerie d’art en attendant.” L’enthousiasme de la brune se lisait sur son visage, et ne fit que s’accentuer à mesure que Cecilia parlait. “Ce serait génial,” murmura-t-elle dans un souffle. L’engagement de son amie la touchait plus que ça n’aurait dû, Jodie en était bien consciente, mais elle ne pouvait empêcher ses réactions spontanées à la voir s’impliquer autant dans ce projet qui lui tenait tant à cœur. Pourtant, elle n’avait pas eu envie d’embrasser chacune des nouvelles membres de l’association. “Ca te plairait ?” demanda-t-elle en plantant son regard dans le sien. “Rien ne t’y oblige tu sais. C’est déjà énorme ce que tu as fait, et je sais que tu as déjà beaucoup d’engagements.” Jodie se doutait que les cours et leur préparation lui prenaient déjà beaucoup de temps. Elle ne voulait pas que l’association soit un poids supplémentaire pour elle, ou qu’elle se sente obligée de faire quoi que ce soit à cause d’elle. “On t’accueillerait avec plaisir en tout cas. Tu as bien vu comment ça s’est passé ce soir.” Cecilia s’était parfaitement intégrée à la réunion, au point qu’on n’avait pas eu l’impression que c’était la première fois qu’elle venait. Le cœur de Jodie s’était gonflé lorsqu’elle avait réalisé cela et elle ne pouvait que se réjouir à l’idée que cela se reproduise plus souvent. “Ce serait l’occasion de passer plus de temps ensemble, en plus.” Les mots avaient franchi ses lèvres avant que son cerveau n’ait le temps d’analyser ce qui était en train de se passer. Sans y réfléchir, elle avait fait écho aux paroles que Cecilia avait prononcées quelques minutes auparavant. Ces mêmes paroles qui avaient troublé la gynécologue au point qu’elle n’avait su quoi répondre. “Pas que j’insinue que tu n’ais pas de raisons plus valables pour adhérer, évidemment,” s’empressa-t-elle d’ajouter en sentant ses joues rougir. Eh bien, elle ferait peut-être mieux de se taire où elle risquait de se ridiculiser encore davantage.

Jodie ne put retenir un rire lorsque son amie la qualifia de vraie rebelle. Des quatre enfants Dawley, il était vrai que ce n’était pas à la gynécologue que l’on pensait en premier lieu lorsque l’on disait rebelle. James et Julian collaient bien davantage à la définition qu’elle. Cecilia le savait, évidemment, elle les avait tous plus ou moins côtoyés au fil des années. “J’ai bien peur que ce soit à cause de ton influence, Nordgren.” Réplique malicieuse adressée sur le même ton. Il était facile de se perdre dans ce jeu, elle pourrait facilement s’y perdre, Jodie le savait. Ce qu’elle ne savait pas, c’était si ça la ravissait ou si ça l’effrayait. Peut-être un peu des deux. “C’est… rafraîchissant ?” Son ton était hésitant. Il n’était pas facile de mettre un mot sur ce que cela lui faisait ressentir. La gynécologue planta ensuite son regard dans celui de Cecilia et resta silencieuse quelques secondes avant de poursuivre. “J’aime beaucoup ce que je découvre de toi aussi. Je ne pensais pas apprécier autant travailler sur ces projets avec toi.” Parce qu’elle ne pouvait se permettre de laisser une porte si grande ouverte. Combien de temps encore allait-elle se cacher derrière cette excuse, ces projets, ces contextes semi-professionnels ?
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Cecilia Nordgren
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Sam 24 Avr - 0:03

- Don't let me go -
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Parfois, Cecilia se demandait si Jodie se dérobait parce que ses intentions étaient trop transparentes, et qu’elle tentait gentiment un atterrissage aussi délicat que possible pour son ego, ou si au contraire, elles ne l’étaient pas assez. Difficile à dire, étant donné qu’elle-même avait tendance à avancer puis se rétracter, ne sachant pas réellement où aller. C’était un sentiment étrange d’ailleurs. Elle avait toujours été femme à savoir ce qu’elle voulait, et en l’occurrence, qui elle voulait. Puis, à ne pas être d’une grande timidité pour le montrer, et l’obtenir. Non pas qu’elle ait jamais été particulièrement insistante – c’eut été alors déplacé – mais elle avait toujours eu un don pour faire comprendre son intérêt. Généralement, c’était même limpide. Il suffisait de quelques regards, de compliments appuyés, d’un verre offert … ou d’une invitation franche à dîner, ou à danser. Puisque l’artiste n’avait jamais été particulièrement effarouchée face à un élan, elle avait souvent pris les devants, elle l’admettait, quand une personne lui plaisait. Lorsqu’elle avait vu Isley dans ce bar, elle l’avait observée un peu, et après un échange de regard, s’était approchée pour lui offrir à boire. Et elle n’était pas repartie seule. La plupart de ses histoires avaient l’avantage de cette simplicité agréable. Quelquefois, elle repartait au matin, et les choses en restaient là, parce qu’il n’avait jamais été question de plus. D’autres fois, elle restait, et l’histoire, à partir de là, s’écrivait sur de nouvelles pages. Mais il y avait un point commun à toutes ces idylles, courtes ou longues, passionnées ou tendrement sentimentales, amicales ou amoureuses : elles avaient un début, un milieu, et jusqu’à présent, une fin. Avec Jodie, elle avait eu l’impression qu’il y avait eu un début, une fin, puis un entre-deux. Parce qu’elles avaient convenu qu’il valait mieux ne pas penser plus loin. Parce que c’était plus facile ainsi. Parce que l’une sortait d’une rupture, et que l’état émotionnel de l’autre était proche de la dépression, et qu’elles se feraient du mal, ou s’aimeraient pour de mauvaises raisons, en soignant l’absence d’un homme dans les bras d’une des femmes de sa vie. Ironique et cruel, indigne d’elles, de leurs valeurs, de ce pour quoi chacune avait pu se battre, discrètement ou non. Et pourtant … subsistait la question : en d’autres circonstances, est-ce que Cecilia serait finalement partie ? Est-ce qu’elle aurait également ramassé ses affaires pour disparaître et laisser Jodie dans sa chambre aux draps colorés ? Le fait que l’interrogation demeure y répondait amplement. A partir de ce moment s’était étirée la lancinante délibération : avait-elle manqué un début ? Avait-elle écrit une fin trop tôt ? Est-ce, que réellement, c’était le cas ? Elles n’avaient jamais dit, explicitement, qu’elles désiraient rester amies parce qu’il n’y avait rien d’autre entre elles. Elles n’avaient jamais assuré que c’était une erreur comme cela pouvait l’être, quand deux personnes proches noyaient leur chagrin, ou leur taux d’alcoolémie, ensemble, pour se réveiller avec horreur le lendemain en constatant que l’alchimie embrumée ne laissait la place qu’à des rires mi-étouffés, mi-désolés. C’en avait été une d’une autre sorte. Une belle. Une précieuse. De celles qu’on gardait silencieusement dans son cœur, comme un papillon conservé dans la paume d’une main quelques minutes, de crainte qu’il ne s’envole trop vite, qu’il ne se dérobe entièrement, pour ne plus laisser que vide, regret, et absence. Souvent, encore, elle se demandait si elles avaient bien agi. Si, en dépit des difficultés, elles avaient réellement pris la bonne décision. Parce que, en dépit de la douleur, des sens obscurcis par l’alcool, par la souffrance, par l’envie irrépressible d’oublier, par celle encore plus indicible de trouver, au moins pour quelques instants d’une impossible fuite en avant, la certitude que la vie valait la peine d’être vécue, parce qu’elle était intense, et puissante, et belle. Le plaisir pansait temporairement les plaies, sublimait le mal-être. Dans la perte des sens, il n’existait plus que la chair enivrante, la respiration saccadée, l’odeur si particulière du désir, le goût si exquis de l’hédonisme. Malgré les promesses, Cecilia n’avait rien oublié de tout cela, ne parvenant pas à l’effacer, car au-delà de ces constats, cette nuit avait aussi eu le parfum plus timide, plus doux, de l’attente silencieuse comblée, des étreintes fantasmées et des réalités admises, dans un murmure, entre deux soupirs. Oui, en dépit de la finitude de leur étreinte, elle avait eu la sensation, confuse et déstabilisante, d’avoir compris que l’attirance n’était pas que physique. Ironique, que de l’accepter au gré de son expression la plus explicitement charnelle. Elle l’avait sans doute toujours su. Mais avait tout fait pour repousser cette idée. Parce qu’elle avait manqué de chance, n’avait aucune idée d’une éventuelle réciprocité. Et quand cette dernière arrivait, elle s’envolait tout aussi vite.

Alors demeurait l’éternelle question : est-ce qu’elle devait être plus honnête, envers elle-même autant qu’envers Jodie ? Sa raison la poussait à n’en rien faire. Mais, et c’était là son drame, Cecilia n’était pas un être de raison. Elle était la passion, virevoltante et exubérante, volcanique et vibrante. Et tandis qu’elle paraissait sur le point d’accepter l’enterrement de ses errements, voilà que l’interrogation ressurgissait, à travers les compliments encore une fois retournés de Jodie, puis dans son enthousiasme, dans l’expression de son regard pendant que leurs idées s’assemblaient, se complétaient, se mélangeaient, dans cette lueur au fond de ses prunelles lorsqu’elle la regardait, dans … elle. Tout elle. Juste elle. La trentenaire contemplait la gynécologue, momentanément sourde à la conversation. Elle s’intoxiquait de la présence de son interlocutrice, de sa surprise comme de sa joie. Pour ne revenir sur terre qu’au moment où Jodie lui rendait, enfin, sa perche. Pourquoi, à ce moment précis, est-ce qu’elle avait l’impression qu’un échange existait, qu’au milieu de leurs allers retours, des silences et des relances, des détournements et des timidités, il y avait eu un signe, qu’elle n’était pas seule à avoir conscience, confusément, qu’elles trouvaient dans cet élan commun une excuse pour poursuivre cette liaison intellectuelle et qui n’en portait pas le nom, de celles qui liaient les esprits opposés et par trop similaires, ces collaborations foisonnantes où naissaient les emballements ? Enfin, elle répondit, après avoir laissé l’autre femme parler, rompant son observation avide :

« J’en ai. Mais c’est aussi une raison tout à fait valable. »

Franche. Directe. Honnête. Elle ne se dédierait pas. Bien que oui, ce n’était pas la raison première. Elle n’aurait pas été aussi frivole. Et mieux valait l’en assurer :

« Plus sérieusement, oui, ça me plairait. Sinon, je ne te l’aurai pas proposé. Et je dégagerai du temps. J’ai trop de respect pour ce que vous faites pour proposer sur un coup de tête, j’y pense depuis un moment.

J’ai toujours cru que mes peintures étaient suffisantes pour m’engager, pour dire ce que j’avais à dire.

Mais ce n’est pas entièrement le cas. Et ce que je peux exprimer sur une toile, je le dirai autrement sur un poster.

Je peins. Mais maintenant, j’ai aussi envie de faire. »


Et c’était à Jodie qu’elle le devait. Ce changement dans sa façon d’appréhender le monde, comme ses moyens d’actions. Cecilia, qui vivait dans celui de son esprit, avait appris à se souvenir que les vicissitudes du réel comptait également, et qu’il ne suffisait pas, parfois, d’exprimer son émoi sur une toile. Agir, concrètement, cela avait du bon également. Y compris pour découvrir les facettes cachées des autres. Comme cette nouvelle Jodie qui osait, proposait, créait. Qui, par extension, lui donnait envie d’être à la hauteur de son ambition, de se surpasser aussi. Alors, oui c’était rafraichissant. C’était surtout charmant. Il fallut qu’elle se morde l’intérieur de la bouche pour s’empêcher de le dire à voix haute. Encore plus après avoir entendu Jodie lui retourner le compliment – toujours. Pourtant, il n’y avait que peu d’espace entre elles. C’eut été si facile de … Non. En dépit de ses pensées sans dessus dessous, et de ce désir qu’elle s’avouait à demi-mots, il y avait aussi toutes ces phrases entières qu’elle recueillait, et qu’elle n’avait pas envie de voir s’arrêter d’être prononcées. Vivre de lettres plutôt que créer un roman ensemble … C’était un peu triste, très facile. C’était le plus sage, ce vers quoi il convenait de se diriger. Alors pourquoi, pourquoi son cerveau fonctionnait-il si intensément ? Pourquoi, en regardant Jodie, en l’écoutant, les idées percutaient sa boîte crânienne avec virulence ? L’illumination vint, foudroyante. Comme possédée, elle leva sa main, et dressa son doigt, pour lui dire de faire silence, avant de déclarer :

« Attends, je crois que … oui, ça y est. J’avais oublié mais … »

Tout ceci n’était pas très cohérent.

« Avant d’envoyer le mail … J’ai peut-être … »

Mieux. Enfin, un embryon de mieux.

« Est-ce que … tu me fais confiance ? »

Elle lui tendit sa main.

« Pour que je te montre ? C’est … pas très loin. »

Manteaux enfilés et sorties rapidement, les deux femmes s’engouffrèrent dans les rues du centre-ville, avant que Cecilia ne bifurque vers un quartier moins cossu, où demeuraient quelques bâtiments industriels abandonnés. D’autres avaient été rénovés, mais il y avait toujours quelques vestiges. Après plusieurs détours, la trentenaire les conduisit vers une grille rouillée, qui contenait l’accès vers un hangar, à première vue du moins – en tout cas, une construction qui avait connu des jours meilleurs.

« Prête à exploiter ce côté rebelle ? C’est derrière. Et pas d’inquiétude : c’est complètement abandonné. »

Prenant un peu d’élan, Cecilia s’agrippa à la grille, grimpa aisément, avec une habitude évidente, et retomba de l’autre côté. Une fois Jodie arrivée également, elle lui fit signe de la suivre, contourna l’endroit et arriva devant une porte de secours dégondée. Elle la poussa un peu, suffisamment pour rentrer. Et une fois à l’intérieur, elle alluma son téléphone et brancha l’application lampe-torche, dévoilant des peintures murales qui maculaient une bonne partie de l’endroit. Une vieille estrade à l’abandon y était toujours, ainsi que des rideaux élimés, et un micro resté là, seul vestige des beaux jours. S’approchant de l’une des fresques, Cecilia sourit en retrouvant le « C » discret de la signature, au bas de la silhouette féminine peinte dans le plus simple apparat, avant d’expliquer :

« C’est un dancing désaffecté. Avec quelques amies, quand j’étais plus jeune, on avait pris l’habitude de se réunir ici pour peindre. Rébellion de jeunesse, pour avoir un endroit où nous exprimer.

Mais j’ai pensé … qu’on pourrait demander à y installer officiellement les ateliers de l’association ? Je doute que la mairie y fasse obstacle, surtout si on met en avant une réhabilitation des lieux. Quitte à faire des expositions murales plus tard, ou à créer des fresques ici pour les transporter devant la galerie d’art ? »


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Jodie Dawley
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Dim 25 Avr - 0:59


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@cecilia nordgren
. . . . . . . . . . . . . . .


C’était elle qui avait lancé une perche à Cecilia, en sous-entendant qu’intégrer l’association leur permettrait de passer plus de temps ensemble, alors Jodie n’avait pas le droit de frissonner lorsque cette dernière la saisissait au vol. Mais ça, c’était la théorie. En pratique, les choses étaient bien différentes. En pratique, il lui devenait plus difficile de soutenir son regard perçant. En pratique, il lui était de plus en plus difficile de repousser ses désirs dans un coin de son esprit. Heureusement pour elle, Cecilia réorienta d’elle-même la discussion vers des contrées moins dangereuses, et Jodie l’écouta parler des raisons qui la poussaient à vouloir les rejoindre. Au fond, elle n’avait aucunement besoin de se justifier. La gynécologue savait qu’elle ne ferait pas une telle proposition sur un coup de tête, qu’elle avait conscience de ce que cet engagement représentait. Mais elle ne l’interrompit pas. Elle l’écouta parler avec une attention non feinte, et plus elle parlait, plus Cecilia lui apparaissait sous un autre jour, et Jodie se demanda si elle arrêterait un jour de la surprendre. Pour être honnête, rien n’était moins sûr. A chaque fois qu’elles passaient du temps ensemble, elle avait l’impression de découvrir une nouvelle facette de l’artiste. Et chaque nouvelle facette ne faisait qu'accroître l’am-- l’affection qu’elle lui portait. “Je sais que tu ne proposerais pas ça à la légère.” Sa voix était douce. Elle ne savait même pas vraiment pourquoi elle avait trouvé ça important à préciser. Comme si elle voulait s’assurer que Cecilia le savait, qu’elle la prenait au sérieux. “Si tout le monde faisait le quart de ce que tu fais, le monde se porterait bien mieux.” Parce que ce qu’elle faisait, avec ses peintures, avec ses interventions publiques pour défendre son travail, c’était déjà énorme. Jodie le lui avait déjà dit des dizaines de fois. Peut-être même des centaines. Elle l’admirait pour ça, même si ça, elle le lui disait moins souvent. “On ne dira certainement pas non à des bras et un cerveau supplémentaires,” ajouta-t-elle en lui souriant. Et à l’arrière de son esprit, tout ce qu’elle aurait voulu ajouter si elle en avait le courage. Surtout des bras si accueillants et un cerveau si aimable, c’est surtout moi qui ne te dirai jamais non. Mais Jodie s’arrêta là, elle ne marcha pas sur cette ligne invisible qu’elle se refusait de franchir. De franchir une nouvelle fois, pour être exact. Elles l’avaient franchi une fois, cette ligne, ensemble et sans retenue, mais c’était aussi ensemble qu’elles avaient décidé que cela resterait une exception. C’était mieux comme ça. C’était du moins ce que Jodie essayait de se convaincre depuis. Mais elle divaguait, encore. Ça devenait une habitude ces derniers temps.

Des mots entrecoupés de silence et les yeux pétillants, il semblait que c’était au tour de Cecilia d’avoir une idée, et Jodie ne put s’empêcher de sourire en pensant à ce chassé-croisé inspiré qui se jouait entre elles. Hésitation qui se conclut par une une question qui attrapa la gynécologue alors qu’elle ne s’y attendait pas. Est-ce que tu me fais confiance ? Bien sûr, la question concernait un aspect en particulier, mais Jodie ne put empêcher son cerveau d’extrapoler. Ce qui était apparemment devenu sa spécialité. “Evidemment,” répondit-elle dans un souffle à peine audible. Ce n’était de toute manière pas le plus important, parce que Cecilia lui avait aussi tendu sa main, et qu’elle l’avait saisie sans aucune hésitation. La douceur de ses doigts dans le creux de sa paume lui fit l’effet d’un électrochoc, rappel timide d’autres contacts, d’autres bouts de peau qu’elle avait adoré sentir frissonner sous ses caresses. Mais le moment n’était pas aux souvenirs. Surtout pas les souvenirs qui avaient tendance à faire augmenter son rythme cardiaque et la moiteur de ses mains. Jodie enfila son manteau en vitesse et suivit Cecilia les yeux fermés, ou presque. Alors qu’elles s’enfonçaient d’un pas vif dans les rues de la ville, la gynécologue eut l’impression d’être une adolescente qui s’affranchissait du couvre-feu imposé par ses parents. Alors que c’était quelque chose qu’elle n’avait jamais osé faire pendant ces jeunes années. Mais il n’était jamais trop tard pour s’autoriser un peu de lâcher-prise, n’est-ce pas ? La sensation d’outrepasser les règles ne fit que s’accentuer lorsque Cecilia s’arrêta devant une grille rouillée. “Tu as définitivement une mauvaise influence sur moi Nordgren,” lui répondit-elle en laissant échapper un rire. Et de nouveau, cette répartie qui lui traversa l’esprit mais qu’elle garda pour elle seule : prête à tout, tant que c’est avec toi. Et ce qui la désespérait le plus n’était pas le côté guimauve d’une telle phrase, mais le fait qu’elle était malheureusement très vraie.

Jodie regarda Cecilia escalader la grille comme si elle avait fait ça toute sa vie, et immédiatement, elle se demanda toutes les aventures que son amie avait bien pu vivre pendant son adolescence, réalisant que la majorité d’entre elles avaient dû être partagées avec son frère aîné. Elle allait avoir des questions à leur poser, à ces deux-là. La gynécologue souffla profondément avant de suivre ses traces. A sa grande surprise, elle réussit à passer de l’autre côté sans dommages - certes, avec moins d’agilité que la peintre, mais compte tenu de son manque d’expérience en matière d’entrée par effraction, elle était plutôt fière d’elle. “J’en reviens pas de ce que tu m’fais faire,” murmura-t-elle à voix basse, comme si elle craignait qu’on l’entende. L’espace d’un instant, elle s’imagina interpellée par la police et obligée d’appeler Julian pour qu’il vienne la chercher au poste, mais elle balaya vite ses craintes. Dans le pire des cas, elle n’aurait qu’à rejeter la faute sur Cecilia. Cette pensée déclencha un sourire narquois sur ses lèvres, qui s’estompa lorsqu’elle découvrit les fresques qui ornaient les murs décrépis. Pendant quelques minutes, Jodie resta silencieuse et passa devant les différentes peintures, ses doigts restant à quelques centimètres du mur sans oser les toucher. Elle finit par rejoindre Cecilia qui s’était arrêtée devant une silhouette féminine qui lui semblait presque familière. Parce que déjà, on devinait les traits qui deviendraient la signature de son amie. Un léger sourire étira ses lèvres, et Jodie retourna son attention vers l’autre femme. "Ça a toujours été ta source d’inspiration favorite, alors ?”

Cecilia détourna la discussion sur l’endroit où elle se trouvait plus que sur les œuvres qui ornaient les murs. Au fur et à mesure, Jodie commença à comprendre là où elle voulait en venir. “Ne me dis pas que Julian a peint ici, lui aussi ?” Elle n’était pas sûre qu’il faisait partie des ami.e.s dont Cecilia parlait, mais étant donné le temps qu’ils passaient ensemble quand ils étaient plus jeunes, cela n’aurait pas été totalement improbable non plus. Si la Jodie de quinze ans n’aurait certainement pas trouvé son compte dans ce genre d’activités, la Jodie adulte se rendit compte qu’elle aurait tout de même aimé savoir ce qu’on ressentait quand on trouvait un moyen d’exprimer son identité, ses rêves et ses craintes de cette manière, quand, en plus, on partageait ça avec des personnes qui ressentaient le même besoin. Elle n’eut pas l’occasion de pousser sa réflexion plus loin, puisque les paroles de Cecilia attirèrent encore davantage son attention. Malgré l’obscurité, elle tenta de se projeter, d’imaginer les bénévoles de l’association et les femmes qu’elles accompagnaient évoluer entre ces murs, laisser libre court à leur imagination. Elles allaient certainement devoir faire quelques aménagements, évidemment, mais c’était une opportunité qui méritait d’y réfléchir sérieusement. “C’est une super idée,” finit par souffler Jodie en se tournant vers Cecilia. “Tu penses que la mairie acceptera ? Ce n’est pas dangereux d'accueillir du public ici ?” Bien que manquant de fraîcheur, les murs ne semblaient pas menacer de s’écrouler à la moindre secousse, mais il valait mieux en être certain avant de faire venir du monde. “Ce serait génial que ça puisse se faire,” conclut Jodie en souriant. Il allait falloir contacter la mairie dès que possible, et croiser les doigts pour qu’aucune objection ne soit émise.

Une lueur malicieuse s’alluma ensuite dans les iris de Jodie alors que son regard se posait sur l’estrade. Elle s’en approcha doucement et se retourna pour faire face à Cecilia. “Mais dis-moi, pendant votre rébellion de jeunesse, vous ne faisiez que peindre ? Parce que je t’imagine parfaitement faire ton show sur cette estrade sur une chanson de Britney Spears.” C’était vrai, elle imaginait parfaitement la jeune Cecilia danser et chanter sur cette estrade, face à ses amies.

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Cecilia Nordgren
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Cecilia Nordgren
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trigger warning : tw joués : potentiellement dépression je ne veux pas jouer : usage de drogues
pronom : Elle
âge : 32 ans
statut civil : Célibataire, préférant officiellement prendre du recul, se demandant officieusement si le bonheur n'est pas à portée de mains, et n'osant pas réellement le saisir, de peur d'être trop fragile
orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
en vrac : Fumeuse qui essaye d’arrêter mais n’y parvient pas – Aime les grands espaces, qui stimulent son imagination – Cuisinière déplorable, mais marmiton accompli et inspectrice des travaux finis de qualité – Amatrice de lectures en tout genre, y compris scientifiques (qui a dit que les artistes n’étaient que des littéraires patentés ?) – S’essaye à de nombreux logiciels de création numérique, et a dernièrement décidé d’apprendre à coder pour créer un jeu à destination des enfants afin de les sensibiliser à l’art – Sportive amatrice, à l’engouement fluctuant – Redoutable fanatique de jeux de société et (à peu près) bonne perdante - Se teint les cheveux depuis l'adolescence
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Lun 26 Avr - 23:20

- Don't let me go -
@Jodie Dawley
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Perdue dans les fantômes de sa jeunesse, Cecilia se laissa un bref instant à des réminiscences silencieuses, pendant que Jodie découvrait les lieux. Elle se revoyait, à dix-huit ans, entourée de ses amies de fac, et de quelques autres ramenées au fur et à mesure, que ce soit via les copines ou les amantes, et ainsi de suite, pour former une joyeuse bande presque exclusivement féminine, qui débattait de tout, mais surtout d’art, d’amour, de liberté. A l’origine, elle avait suivi une camarade de sa classe d’art visuel, et était restée dans cette compagnie délicieusement foutraque où se mêlaient les effluves de cigarette, de peinture, de sculpture, où les mains étaient à la fois bienveillantes, pour consoler ou soutenir, et de temps en temps, un rien baladeuses. En dehors de son foyer déchiré par le divorce sanglant de ses parents, elle trouvait dans cette compagnie bohème un exutoire, autant que lorsqu’elle débarquait chez les Dawley, lorsque Julian était là, puisque l’armée l’avait déjà pris. Elle s’était construit son propre refuge, où elle exprimait ses rêves, comme cette identité avec laquelle ses parents apprenaient à composer. Non pas qu’ils aient été hostiles, mais … surpris, cela, oui. Et les Nordgren, englué dans leur conflit, n’étaient pas l’endroit idéal pour cultiver ses aspirations, personnelles comme professionnelles. Parce que dès ces moments, elle avait cru dans son étoile, son talent. Elle savait ce qu’elle désirait. Elle n’avait jamais réellement envisagé une autre voie que l’artistique. Elle passait son temps à croquer tout ce qu’elle voyait, avec précision, puis en déformant, pour tester les textures, les formes, les courbes. Ce monde qu’elle avait toujours vécu en décalé prenait une autre forme, couché sur le papier, la toile, et bientôt le mur. Il devenait aussi le porte-voix de ce qu’elle pensait, de ce regard qu’elle espérait transmettre. Et comme ce dernier allait dans une direction bien particulière si souvent, il était normal que cela finisse par peupler ses œuvres. Elle l’avait dit, à quinze ans, à un ami qui se pâmait à distance devant une fille de leur classe. Elle avait remarqué ses regards. Parce qu'elle regardait dans la même direction. Cette fille, elle se trouvait à ses côtés. Et après, il y en avait eu, des regards, envers d’autres femmes, discrets, puis échangés. Se perdre dans leurs yeux, c’était toucher du doigt l’origine du monde et la beauté des choses. Elle avait commencé à les dessiner, ces femmes qui peuplaient son imagination comme son existence : celles qu’elle aimait, celles qu’elle admirait, celles qui étaient belles, celles qui ne pensaient pas l’être. Peut-être que c’étaient ces dernières, qu’elle préférait, parce qu’elle pouvait leur montrer, avec la tendresse de son pinceau, qu’elles l’étaient. Réellement. A travers son regard, il n’y avait pas d’autre grâce que celle d’un corps, quel qu’il soit. Elle aimait les représenter, dans leur pudeur, leur délicatesse, leur force, leur unicité. L’éternel féminin n’existait pas. A la place, elle représentait son éternel amour pour mille facettes. Et il y avait dans son tracé toute la tendresse, toute la passion qu’elle portait à cette envie de montrer à tous le secret de son existence. Elle ne s’était jamais arrêtée depuis. Inlassablement, elle traçait les contours des femmes, celles qui n’étaient passées que furtivement dans sa vie, ses amies, ses amantes. Parfois, elle gardait ces dessins pour elle, mystères personnels qui auraient probablement trop révélé aux autres. L’art savait se révéler traître, à être le miroir de l’âme de sa créatrice. Ainsi, même après toutes ces années, elle était capable de retracer les émotions qui l’avaient amené en peignant sur ce mur cette silhouette que le temps n’avait pas affadi. Elle pouvait voir dans le tracé léger, cotonneux, l’odeur des premières amours réelles, de celles qui n’étaient plus ces embrasements adolescents, mais au contraire l’incandescence la passion adulte, dans ce qu’elle avait de plus exaltant, et souvent, de plus cruel. Elle redécouvrait son propre regard, un peu émerveillé, fasciné, d’avoir accès à cette parcelle d’intimité. Comme toutes ses peintures, la pose n’était pas révélatrice par nature, et le corps présenté dans ses imperfections naturelles. Ce n’était pas pour autant un regard neutre, qui transpirait. C’était un regard complice, amoureux, mais aussi empreint d’une profonde douceur, comme si elle n’avait osé qu’effleurer ce qui avait été offert. Lentement, elle revint à Jodie. Les mots, cependant, lui manquèrent sur le moment. Alors, elle se contenta d’acquiescer, émue sans savoir exactement pourquoi. Sa question suivante, heureusement, l’arracha de ce maelstrom de pensées et de réminiscences, et un éclat de rire lui échappa :

« Oh non ! C’était au début de mes années universitaires, quand il était déjà dans l’armée … Et c’était pour … d’abord, des copines de ma classe d’art, puis on a élargi mais … c’est resté très féminin. Comme un espace … rien qu’à nous, pour discuter, pour peindre … »

Et un sourire un rien espiègle s’afficha sur son visage alors qu’elle admettait :

« … Et pour draguer, en toute honnêteté, c’était assez souvent le cas. »

Il y en avait eu, des histoires débutées entre ces murs, des aventures, des ruptures. Cela faisait aussi partie de la beauté du lieu, des souvenirs associés, des rires de jeunesse et des larmes discrètes, des jalousies tues et des joies sincères pour les autres. Au-delà des sentiments, des amitiés et des amours, demeuraient le plaisir de se souvenir de ces visages féminins heureux, qui avaient envie de croquer le monde à pleines dents et qui ne comptaient pas attendre pour s’y faire une place. Elles voulaient crier qu’elles existaient, avec leurs contradictions et leurs disputes, ainsi que leur implacable sentiment de sororité. Elles avaient un objectif. Et elles le montraient dans leur art, en construisant cet endroit qui leur était propre. Et ce serait sublime, d’après Cecilia, que désormais la bâtisse serve à l’association, pour qu’une autre sororité s’y établisse, pour que des âmes blessées réapprennent à s’aimer, pour qu’elles exposent leurs fêlures comme leurs rêves. Alors, les rebelles d’antan n’auraient pas de meilleures successeuses que les battantes d’aujourd’hui. Son sourire se fit teinté de nostalgie quand elle continua, suite à la suggestion – honnêtement drôle de Jodie :

« J’avoue qu’on a parfois organisé de sacrées fêtes ici. Les soirées LGBT, ça ne courrait déjà pas les rues dans les bars à l’époque, et puis … De temps en temps, c’était sympa de laisser les garçons entre eux et d’avoir un espace à nous.

C’est aussi pour ça que j’y ai pensé, en fait. Cet endroit … on en avait fait un lieu par les femmes, pour les femmes. Je me dis … que ce serait juste que ça perdure, différemment, mais … que l’esprit demeure. Tu vois ce que je veux dire ? »


Son regard se perdit à nouveau dans le fond de la salle :

« On n’a jamais eu de problèmes, peut-être qu’il faudra quand même faire un audit par un architecte pour vérifier les risques … mais en enclenchant la démarche, on pourra y voir plus clair.

Ce serait vraiment bien … que ça se fasse. Je me dis que ce serait un beau projet. Un projet que j’ai envie de mener … »


Avec toi manqua lui échapper. Elle retint les deux mots fatidiques de justesse, se mordillant la lèvre inférieure, ses yeux à nouveau perdus dans la contemplation de la silhouette de Jodie. Il fallait qu’elle dise quelque chose d’autre. Vite.

« Tu sais pourquoi je peins les femmes ? Parce que … à l’époque, avec plusieurs amies, on avait eu un débat sur l’existence d’un regard féminin, dans l’art, et de la pertinence ou non du nu. Alors, j’ai peint, pour exposer mon point de vue. C’était le modèle de ma classe d’anatomie. La moitié des garçons en était dingues, et moi avec. Quand elle m’a embrassé en soirée, j’ai compris pourquoi elle avait refusé de sortir avec chacun d’eux. »

Un éclat lui échappa, vite maîtrisé, tendre pour sa jeunesse un peu idiote.

« En la peignant, j’ai compris que je peignais les femmes que j’aimais. Mais pas seulement. Que je peignais avant tout des femmes, avec leurs imperfections, leurs aspérités, leurs pudeurs ou leurs impudeurs. Je voulais les montrer telles que je les voyais, avec affection, parfois avec amusement. Je voulais qu’on les voit comme moi : belles, dans l’infinité des corps que l’on peut avoir, avec les cicatrices, les bourrelets qu’on rentre ou qu’on assume fièrement, tout cela à la fois. Je voulais peindre … non pas la femme, celle de mon imagination ou un idéal qui n’existe pas, mais les femmes. Et ce qu’elles m’inspiraient : du respect. Pour leurs histoires, et par extension pour ce qu’elles disaient des miennes.

C’est ce regard que je voulais défendre. Et que je veux transmettre. Pour surmonter les douleurs, pour que chacune puisse se voir à travers des yeux bienveillants. »


S’apercevant qu’elle venait de soliloquer pendant un long moment, Cecilia rougit et baissa la tête, passant sa main dans ses cheveux avant de lâcher avec ironie :

« Aheum … Bienvenue à mon TEDtalk … En plus, je n'ai même pas répondu à ta question. Donc non, je ne chantai pas, ce serait trop atroce, j'ai toujours préféré danser.»

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Jodie Dawley
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statut civil : célibataire ; une vie sentimentale moins éteinte que ce qu'elle laisse entendre, des résolutions raisonnables qui vacillent à chaque fois qu'elle croise ses yeux clairs et la crainte entêtante de finir par tout gâcher.
orientation : lesbienne discrète mais assumée.
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occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
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en vrac : Jodie participe à des journées de sensibilisation autour de la contraception et du consentement dans les lycées de la région. › Il y a beaucoup de livres chez elle, certainement trop pour qu’une vie entière suffise à les lire tous. › Jodie boit beaucoup (trop) de café, habitude prise pendant ces longues nuits sans sommeil qui ont rythmé ses études de médecine. › Elle dort toujours dans des draps colorés. Le blanc immaculé lui rappelle trop l’hôpital et ses chambres impersonnelles. › Jodie est végétarienne. › Elle déjeune avec son père chaque dimanche.
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Dim 2 Mai - 19:09


- don’t let me go -
@cecilia nordgren
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La précision de Cecilia quant aux occupations de ce petit groupe d’amies déclencha un éclat de rire chez Jodie. Si elle se souvenait bien de la jeune femme à cette période, cela ne l’étonnait pas vraiment. Ce fut d’ailleurs ce qu’elle lui répondit, accompagnant ses mots d’un sourire en coin. “Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne m’étonne guère.” A cette période, elles s’étaient quelque peu éloignées ; Julian s’était déjà engagé dans l’armée, alors celle qui était avant tout sa meilleure amie avait moins d’occasions de venir passer du temps chez les Dawley, sans compter leurs études respectives qui les avaient menées sur des chemins bien différents. Mais ça n’avait pas empêché Jodie de l’observer de loin, toujours aussi impressionnée par l’aisance de la rouquine à interagir avec les personnes autour d’elle, et particulièrement les femmes. Elle avait compris assez vite que les garçons ne l’intéressaient absolument pas, et n’avait jamais été honteuse de son attirance pour la gent féminine, mais ça ne voulait pas dire qu’elle était du genre à prendre les devants pour autant. Si Cecilia ne semblait pas s'embarrasser de pincettes, Jodie préférait prendre son temps, observer de loin pour être certaine de ne pas commettre d’impair. A plusieurs reprises, cela lui avait donné l’impression de passer à côté de belles opportunités, de ne pas vivre sur la même planète que Cecilia, aussi. Comme si leurs existences étaient destinées à ne jamais se croiser. Trop différentes. L’avenir lui avait donné tort, c’était le moins que l’on pouvait dire, mais à cette époque, au début de leur vingtaine, Jodie avait cru qu’elle ne parviendrait plus jamais à faire partie des cercles où gravitait l’artiste. Qu’elle pouvait définitivement tirer un trait sur la période où son amitié avec son frère lui donnait un minuscule aperçu de cette vie parallèle qu’elle aurait pu embrasser, elle aussi, si elle l’avait voulu. Les fêtes clandestines organisées dans un bâtiment désaffecté. Une sororité pas vraiment théorisée, peut-être même à peine consciente, mais bien réelle. Les discussions à cœur ouvert, auprès de personnes qui nous comprenaient vraiment, puisqu’elles vivaient plus ou moins la même chose. Les expériences amoureuses maladroites et spontanées. Jodie ne s’en était pas immédiatement rendue compte, mais son sourire s’était quelque peu évanoui à mesure qu’elle prenait conscience de ces regrets vis-à-vis de cette jeunesse qu’elle avait passé le nez dans ses manuels de médecine. Elle se reprit aussi vite que possible en se rappelant que les choix qu’elle avait fait à cette époque l’avait menée là où elle était aujourd’hui, et ça, elle ne pouvait pas le regretter. Elle ne pouvait savoir ce qu’elle serait devenue si elle avait fait partie de ce petit groupe d’amies, elle aussi, si elle avait participé à ces soirées, à ces fêtes, alors il ne servait à rien de ressasser ce qui aurait pu être. Mieux valait se concentrer sur ce qui était, là, maintenant. “Oui, je vois ce que tu veux dire,” répondit Jodie en lui souriant doucement. “Et je trouve l’esprit aussi enthousiasmant que l’idée elle-même.” Ce bâtiment n’était pas qu’un lieu, il était un héritage, celui de jeunes filles pleines de vie et d’espoir, et la gynécologue n’aurait pu rêver plus adéquat pour y amener les femmes accompagnées par l’association.“Tu as raison, plus tôt on lancera le projet, plus vite on aura les réponses. Je vais faire un courrier à la mairie, et peut-être contacter un architecte aussi, pour savoir si on doit envisager des travaux...” Les considérations pratiques de Jodie furent interrompues par la réflexion de Cecilia, et elle ne put s’empêcher de poser sur son amie un regard plein de tendresse. Il lui semblait qu’elle avait interrompu sa phrase, mais elle ne chercha pas à en connaître les derniers mots - s’ils existaient bel et bien. Jodie s’efforçait d’être une oreille attentive, mais elle veillait également à ne pas forcer les personnes en face d’elle à verbaliser ce qu’elles auraient préféré garder pour elles, et Cecilia ne dérogeait certainement pas à la règle. Elle se permit toutefois une remarque qui lui tenait à cœur, et qu’elle espérait ne pas être trop intrusive. “Ce serait un beau projet, oui, et avoir la possibilité de le mener ensemble, c’est un peu la cerise sur le gâteau.” Une autre manière de lui avouer, sans le dire ouvertement, que passer du temps ensemble était une perspective très réjouissante à ses yeux. Stressante, aussi, si on prenait en compte le fait qu’une fois sur deux, elle paniquait à l’idée de laisser ses émotions prendre le dessus, ou de dire quelque chose qui la mettrait mal à l’aise, ou d’en dévoiler plus que nécessaire sur la tempête qu’elle déclenchait systématiquement dans tout son être à chaque fois qu’elles étaient ensemble. Ce soir-là ne faisait pas exception, mais dans cet environnement un peu hors du temps, Jodie parvenait à rester relativement calme. Du moins jusqu’à ce que Cecilia lui parle des raisons qui la poussaient à peindre des femmes. De son regard sur elles, et de ce qu’elle voulait retranscrire dans ses œuvres. Elle était incroyable. Voilà tout ce que Jodie était capable de penser à ces instant. Elle avait toujours trouvé ses peintures particulièrement puissantes, et elle avait la confirmation qu’elle ne s’était pas trompée sur les intentions de l’artiste. Ses oreilles finirent par bourdonner du flot de ses mots, alors que toute l’attention de Jodie se portait sur ses lèvres embarquées dans un ballet envoûtant. Ce n’était pas parce que ce qu’elle disait ne l'intéressait pas. Au contraire. C’était parce qu’elle était littéralement subjuguée par la justesse de ses mots qu’elle fut envahie par le désir soudain de l’embrasser. Elle ne voulait pas la faire taire. Au contraire. Elle voulait passer le restant de ses jours à l’écouter. Et à l’embrasser lorsqu’elle reprendrait son souffle. Si elle ne pouvait entendre qu’une seule voix jusqu’à la fin du monde, alors faites que cela soit la sienne. Toutes ses résolutions parties en fumée en un claquement de doigts, Jodie se sentit portée par un élan irrépressible dont la finalité ne pouvait être que la rencontre de leurs peaux. Seulement avant qu’elle n’ait pu faire ce geste qu’elle aurait certainement regretté ensuite, Cecilia se tut et baissa la tête. Ce changement eut l’effet d’une claque pour la gynécologue qui sentit la panique l’envahir. “T’arrêtes pas, je pourrais t’écouter parler pendant des heures.” Les mots s’étaient échappés de sa bouche sans qu’elle ait le temps d’y penser, et lorsqu’elle réalisa ce qui venait de se passer, il était trop tard pour faire marche arrière. Instinctivement, Jodie plaça une de ses mains devant sa bouche traîtresse, et, les yeux écarquillés, tenta de changer le plus vite possible de conversation. “Ehm… Je… Tu as conscience qu’en disant ça tu m’incites à te réclamer une démonstration ?” Son rire sonnait faux, elle en avait bien conscience, mais elle ne savait comment faire autrement. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas la voir danser, non, bien au contraire même, mais ce qu’elle voulait surtout à cet instant, c’était se laisser engloutir par le sol en béton. “On ferait peut-être mieux de rentrer. La démonstration de danse pourra attendre la prochaine fois.” poursuivit-elle en fixant un point invisible à quelques centimètre du visage de Cecilia, incapable d’affronter son regard perçant.

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Cecilia Nordgren
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orientation : Lesbienne
occupation : Artiste peintre ayant connu un certain succès, atténué depuis, et professeure d'arts visuels à la Quest University Canada.
habitation : Lawson Avenue, une jolie maison avec un studio de peinture aménagé, son jardin secret et sa principale occupation
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Lun 3 Mai - 0:11

- Don't let me go -
@Jodie Dawley
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Et son cœur, de battre, s’arrêta. Ses joues se colorèrent encore plus violemment, abandonnant le rouge de la honte pour celui de l’émoi troublé. Relevant la tête, Cecilia fixa son regard sur Jodie, et un sourire se mit à flotter sur ses lèvres, doucement, timidement, comme si elle craignait d’avoir mal entendu, de ne pas comprendre, de surinterpréter. Pourtant, là, au creux de ce temps qui paraissait en suspension, dans les contours cotonneux du silence qui les entourait, elle se tenait face à la gynécologue, respiration momentanément coupée, à l’observer porter sa main à ses lèvres. Elle devait réaliser ce qu’elle venait de dire. Le regrettait-elle ? Peut-être. Ses yeux s’attardèrent plus que de raison sur ce barrage de doigts qui l’empêchait de distinguer sa bouche, qu’à vrai dire, elle avait bien trop de fois contemplée furtivement pour qu’elle ne puisse pas l’imaginer entièrement. C’était ce moment qu’elle avait espéré, celui où elle aurait l’impression de ne pas être seule à … A quoi au juste ? A rêver trop vite, trop fort, autant que le rythme de son myocarde qui avait repris son activité et tambourinait comme un fou dans sa poitrine. A penser qu’elles n’étaient pas qu’un passé et une incartade. A oser considérer la possibilité que, peut-être … peut-être qu’elle n’était pas la seule à regretter sa lâcheté du matin, quand elle avait voulu ne pas s’en aller, puis avait renoncé. « Jodie … Je … Non, rien. » Ces quatre mots la hantaient. Elle se revoyait, après avoir passé à la hâte son t-shirt par-dessus sa tête, se retourner vers l’autre femme, dans le lit aux draps froissés et colorés, se mordre la lèvre, avoir envie de lui dire qu’elle pouvait rester, que ce n’était pas grave si elles n’allaient pas bien, elles guériraient ensemble. Que pour elle, ce n’était pas juste une nuit, parce qu’elle n’avait personne, se sentait mal, suffoquait, et parce que Jodie était là. Ce n’était pas uniquement un concours de circonstances qu’elle n’avait jamais imaginé auparavant. Ce n’était pas … C’était ce moment, qui s’était gravé dans sa mémoire et sur sa peau, où elle l’avait regardée, s’interrompant temporairement dans ses baisers sulfureux et ses caresses appuyées, et qu’elle s’était rendue compte que, sous ses mains, entre ses doigts, au bout de ses lèvres, Jodie n’était pas que belle. Elle l’était, assurément. Mais elle était aussi la douceur qui lui donnait envie de s’abandonner, le plaisir qui fascine et le désir brûlant. Et surtout, elle était l’espoir brutal et enfiévré, d’un monde qui ne s’arrêterait pas à la simple jouissance offerte. A l’instant précis où elle lui offrait l’acmée, elle avait compris qu’elle ne voulait pas connaître d’autres bras. Qu’elle voulait réentendre son prénom sur les lèvres de Jodie, pour l’étouffer encore et encore des siennes, pour le capturer entre ses dents, le faire rouler sur sa langue, et le partager dans une étreinte ardente. Le constat l’avait foudroyé. Elle en était restée coite, absorbée par ce qu’elle signifiait, avant que Jodie n’éteigne ses pensées par un baiser, et en la faisant basculer contre elle. Le matin, elles étaient revenues en force, alors qu’elles réalisaient ce qu’il venait de passer. Il avait fallu les chasser, parce que Jodie n’était pas prête … et, objectivement, Cecilia non plus. Pourquoi alors, n’arrivait-elle pas à se convaincre qu’elle n’avait pas eu tort, en ne lui disant pas ?

Depuis, certes, comme dans sa jeunesse, elle n’était pas restée sans aventure. Hormis quelques expérimentations, Cecilia avait une nette tendance à être une monogame en série. Elle ne s’offusquait pas, ainsi, que personne n’ait de mal à l’imaginer au cœur d’une joyeuse communauté libérée, à flirter outrageusement. Elle n’avait jamais caché son attrait pour la séduction, armée de sa franchise et de sa capacité à faire comprendre en quelques regards ardents qu’elle ne parlait pas uniquement de la pluie et du beau temps pour le plaisir de la météorologie. Elle ne reniait pas ses multiples égarements, parce que, pour une nuit ou avec l’espoir d’y passer toute sa vie, elle avait rencontré des femmes merveilleuses, qui avaient toutes nourries une part de son inspiration, et de son plaisir simple de les aimer et d’en être aimée. Elle avait conscience de ce que cette image pouvait provoquer chez les autres, et s’en moquait, ou s’en amusait. Elle allait de l’avant, constamment, pour vivre son existence sans regret. Elle n’était pas restée à se morfondre, à rêver de ce qui, manifestement, ne pourrait advenir. Elle avait connu d’autres femmes, eut cette relation stable avec Isley. Cela ne signifiait pas, cependant, qu’en dépit de tous ses efforts, Jodie ne lui avait plus jamais traversé l’esprit. Plus encore maintenant qu’elles paraissaient toutes les deux … en fait, que leurs tempos paraissaient enfin s’accorder. Elles étaient célibataires, sa santé mentale était meilleure, elle était certaine que Jodie avait tourné la page et était stable dans sa vie. Elles pouvaient … Il n’était plus question d’un abandon sous le coup de l’alcool et de la souffrance. L’attirance éprouvée ce soir-là, et pour sa part, présente depuis beaucoup plus longtemps, n’avait pas disparu. Elle s’était même approfondie, à mesure qu’elle découvrait son amie dans sa vie de tous ses jours, ses engagements. Ce qu’elle avait cru déceler durant leur adolescence s’était révélé bel et bien présent. Et il y avait aussi les petits détails qui comptaient beaucoup trop, comme le fait que la gynécologue paraissait être l’une des rares personnes capables d’écouter ses logorrhées enflammées et subites sans se lasser, ou du moins, sans le laisser paraître. Cecilia avait toujours eu l’impression de vivre en décalage de la plupart des gens, à évoluer dans son univers propre, avec des codes qui n’appartenaient qu’à elle. Ses amis et sa famille avaient appris à faire avec son génie de la phrase sortie de nulle part ou de la question n’ayant aucun rapport manifeste avec le reste de la conversation, quand ce n’était pas son art de la déclaration un peu trop franche. Sans parler de son don pour les longs exposés artistiques. Entendre Jodie déclarer qu’elle serait heureuse de mener ce projet avec elle l’avait ravi, déjà. Mais ce cri du cœur qu’elle avait laissé passer … Elle ne s’y attendait pas. Aucune d’entre elles ne s’y attendait, au vu de sa réaction. Et son cœur s’enflammait de reconnaissance, d’appréciation pour sa capacité à rassurer son ego mis à mal dernièrement, et tout simplement, sa gentillesse. Avec Jodie, Cecilia ne se sentait pas décalée, légèrement étrange. Elle se sentait … normale. Comprise aussi. Elle avait envie de lui parler d’art, de philosophie, de tout. Elle avait envie de ne jamais cesser de lui parler. Parce que Jodie savait l’écouter. Et que, manifestement, elle aimait aussi entendre ce qu’elle pouvait bien raconter. C’était peut-être l’une des premières personnes à le lui dire aussi franchement. Alors, peu importait qu’elle puisse regretter. Cecilia l’avait entendu. Et son âme se gonflait de reconnaissance, et de ce je ne sais quoi qui brillait au fond de ses prunelles, alors qu’elle sentait une vague de tendresse la submerger tandis qu’elle contemplait Jodie, gênée par son aveu, qui tentait de dévier la conversation, comme elle-même avait pu le faire si souvent. Elle la vit venir, la tentative de couper court, en une répétition symétrique d’une autre scène, arrivée si peu de temps auparavant, dans ce bar, sur cette banquette. Mais cette fois, elle ne flancherait pas. Parce que, même sans être certaine de la réciprocité de ses sentiments, elle n’avait plus envie de fuir. Elle éprouvait ce besoin impérieux d’enfin être honnête. De faire comprendre, doucement, sans la presser, qu’elle n’avait pas oublié. Qu’elle n’avait jamais oublié. Qu’elle n’y parviendrait jamais. Parce que son cœur battait aussi fort maintenant qu’il y a trois ans. Et qu’il battait pour Jodie, par Jodie. Pour son sourire timide, pour ses élans imprévisibles, pour les valeurs qu’elles partageaient, pour les projets qu’elles construisaient, pour l’inspiration qu’elle lui procurait. Lentement, elle se rapprocha de la gynécologue, et attrapa sa main dans la sienne. Le contact la fit frissonner. Son regard s’alluma de cette tendresse caressante caractéristique, et ses lèvres s’étirèrent en ce sourire en coin légèrement charmeur typique de sa personne. Puis, sans quitter Jodie du regard, elle porta sa main à ses lèvres, et déclara avec le défi d’un chevalier des temps anciens :

« Ou sinon … tu m’accordes cette danse, gente dame ? »

Elle se remit dans une position redressée, sans lâcher la main de Jodie, entrelaçant leurs doigts sans s’en apercevoir. Leur chaleur au creux des siens faisait écho à celle qui irradiait depuis sa poitrine. Comment était-ce possible qu’elle ait l’impression à la fois que son myocarde s’était arrêté, et qu’il battait plus fort qu’il ne l’avait jamais ? Elle sentait que le temps s’était stoppé, et que le monde entier tournait à une vitesse folle autour d’elle. S’approchant encore plus de la jeune femme, Cecilia se pencha pour murmurer à son oreille l’un des secrets de son cœur :

« J’ai toujours rêvé de t’inviter. »

Sa main était toujours dans la sienne. Ses yeux la fixaient de leur douce lueur honnête. Au-delà de leur ardeur ordinaire, il y avait aussi une once de vulnérabilité, celles des mots qui n’avaient pas été dit, et qui n’avaient pas besoin d’être prononcés, parce qu’ils se lisaient dans son regard, dans son sourire sincère, dans l’appréhension qui transparaissait sous le masque de l’assurance charmeuse. Parce qu’à cet instant précis, Cecilia n’avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Et autant d’espoir maladroit.

Mais au moins, cette fois, elle n’avait pas été lâche.

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Jodie Dawley
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Jodie Dawley
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trigger warning : tw joués : deuil, violences faites aux femmes. je ne veux pas jouer : sexe explicite, inceste.
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âge : trente-deux ans (15 septembre 1988)
statut civil : célibataire ; une vie sentimentale moins éteinte que ce qu'elle laisse entendre, des résolutions raisonnables qui vacillent à chaque fois qu'elle croise ses yeux clairs et la crainte entêtante de finir par tout gâcher.
orientation : lesbienne discrète mais assumée.
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occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
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en vrac : Jodie participe à des journées de sensibilisation autour de la contraception et du consentement dans les lycées de la région. › Il y a beaucoup de livres chez elle, certainement trop pour qu’une vie entière suffise à les lire tous. › Jodie boit beaucoup (trop) de café, habitude prise pendant ces longues nuits sans sommeil qui ont rythmé ses études de médecine. › Elle dort toujours dans des draps colorés. Le blanc immaculé lui rappelle trop l’hôpital et ses chambres impersonnelles. › Jodie est végétarienne. › Elle déjeune avec son père chaque dimanche.
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Jeu 6 Mai - 18:28


- don’t let me go -
@cecilia nordgren
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A quoi ça rimait, de tenter de se raisonner pendant des semaines, des mois, peut-être même des années si elle y réfléchissait bien, pour finir par se laisser surprendre dans une situation qui n’était même pas si dangereuse ? A quoi bon se répéter sans cesse que ça allait passer, que ça ne méritait pas de se torturer de la sorte s’il suffisait de quelques mots pour la faire flancher ? Jodie regrettait les mots qui s’étaient échappés de sa bouche sans qu’elle ait eu le temps de les retenir. Elle ne les regrettait pas parce qu’elle ne les pensait pas. Cela aurait été bien malhonnête de se cacher derrière cette fausse excuse. Elle les regrettait parce qu’ils risquaient de réduire à néant tous les efforts qu’elle faisait pour maintenir un équilibre précaire dans leur relation. Pas qu’elle y parvienne brillamment, comme le démontrait leur dernière entrevue, mais au moins elle essayait. La gynécologue tenta de se rassurer en se disant qu’elle pourrait toujours demander à son amie d’oublier cette phrase maladroite. Comme elles avaient tacitement décidé d’oublier cette nuit-là. En espérant qu’elle rencontre moins de difficultés que Jodie à ce jeu-là. Malheureusement pour elle, Cecilia ne semblait pas décidée à la laisser s’en tirer aussi facilement. Ce n’était du moins pas ce que son sourire charmeur laissait entendre. Celui qui laissait Jodie sans voix à chaque foutue fois qu’il lui était adressé - et même quand ce n’était pas le cas, d’ailleurs. Alors que l’artiste se rapprochait lentement d’elle, elle se sentit comme une biche prise au piège dans les phares d’une voiture. Même si elle l’avait voulu, elle aurait certainement été incapable de bouger. Il lui semblait que ses jambes ne répondaient plus. Quoi que l’explication la plus sensée serait certainement d’avouer qu’elle refusait de s’écarter. Jodie regarda donc Cecilia s’approcher sans bouger ne serait-ce qu’un cil. Sans quitter son visage du regard, elle la sentit se saisir de sa main, et la tendresse de son geste lui fit l’effet d’un électrochoc. Ce n’était pas l’un de ces effleurements qui lui coupaient le souffle à chaque fois qu’ils se produisaient - le plus souvent aux moments les moins appropriés - sans qu’elle ne parvienne à savoir s’ils étaient volontaires ou non. Cette fois, le doute n’était pas permis. Il le fut encore moins lorsque Cecilia porta sa main à ses lèvres et pendant un quart de seconde, Jodie ne put s’empêcher de fermer ses paupières, alors que le contact, aussi léger qu’une plume, déclenchait une vague de frissons qui parcoururent l’ensemble de son épiderme.

Lorsque Cecilia parla enfin - le silence lui était paru interminable -, Jodie fronça légèrement les sourcils et la regarda d’un air étonné. “Il n’y a même pas de musique,” rétorqua-t-elle en sentant ses joues s’empourprer. Elle n’était déjà pas certaine qu'accepter cette galante invitation soit une excellente idée, mais sans musique, elle craignait vraiment de se ridiculiser. Elle n’eut toutefois pas l’occasion de développer davantage ses craintes, puisque Cecilia s’était penchée vers elle - affolant au passage son rythme cardiaque au point que Jodie avait l’impression que son myocarde allait s’échapper de sa poitrine d’un moment à l’autre - pour murmurer à son oreille. Son souffle chaud contre sa peau fit frissonner la gynécologue, mais cela ne l’empêcha pas d’entendre distinctement le secret qu’elle venait de lui confier. Plus que la confession en elle-même, c’était bien tout ce que cela pouvait impliquer qui la troubla profondément. Ce n’était pas anodin, d’utiliser toujours et rêver, ça ne devrait pas l’être en tout cas. Jodie occupait-elle à ce point ses pensées ? Pouvait-elle espérer qu’au moins un peu de son obsession soit partagée ? “Je t’aurais dit oui,” souffla-t-elle avant d’avoir le temps de regretter sa confession. Cecilia avait eu le courage d’être honnête, de lui révéler quelque chose qui pouvait la rendre vulnérable, alors Jodie décida d’en faire de même. Elle lui devait bien ça, cette honnêteté qu’elle lui refusait - qu’elle se refusait à elle-même d’ailleurs - depuis des mois. “Si tu m’avais invitée, je veux dire,” se sentit-elle obligée de préciser, toujours pas entièrement à l’aise. Des occasions, il y en avait eu plusieurs depuis qu’elles se connaissaient. Et Jodie devait bien avouer qu’à chacune d’elle, elle aurait accepté. Il y avait eu des anniversaires de connaissances communes, des soirées où se croisaient leurs cercles respectifs, sans parler du mariage de Julian et Maude, ou du bal de promo. Mille et une occasions de se laisser envelopper par sa chaleur, de profiter d’une proximité dont elle rêvait parfois - souvent - dans la solitude de sa chambre. Mais elle n’avait jamais eu le cran de se lancer. Certaines fois en se persuadant que c’était mieux ainsi parce que Cecilia était venue accompagnée. D’autres fois seulement par lâcheté. Allait-elle être lâche aujourd’hui ? Elle pouvait battre en retraite, s’échapper, encore une fois, et pendant un instant, elle considéra sérieusement cette possibilité. Puis elle laissa s’échapper un souffle qu’elle n’avait même pas conscience de retenir, et elle abdiqua. Comment pouvait-elle faire autrement ? L’issue était courue d’avance. Qu’importe le scénario, Cecilia gagnait à tous les coups. Pas que Jodie considère ça comme une défaite de sa part, d’ailleurs. Parce qu’elle devait bien l’avouer : elle était incapable de lui résister. “Dansons, alors. Mais tu mènes. Je sais que tu te débrouilles bien mieux que moi à ce jeu-là.” Toutes ces fois où Jodie aurait accepté sans hésiter ses invitations à danser qui n’étaient jamais arrivées jusqu’à elle, elle avait pu l’observer sans jamais se lasser. Rêvant d’être celle qu’elle autour de qui ses bras s’enroulaient, d’être celle qui rougissait après qu’elle lui ait murmuré à l’oreille. Peut-être que son tour était finalement arrivé, après toutes ces années à se languir de loin.

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Cecilia Nordgren
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Lun 10 Mai - 22:43

- Don't let me go -
@Jodie Dawley
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Musique à écouter avec le RP:

« Dis-moi oui maintenant. »

La pensée ne franchit pas les lèvres de Cecilia, arrêtée in extremis par un mordillement. Pourtant, elle roulait sur sa langue, tonnait dans son esprit, et illuminait ses yeux qui, de leur douceur candide, enrobaient la silhouette de Jodie, maintenant qu’elle s’était à nouveau un peu éloignée. Ces quatre mots qu’elle n’osait pas prononcer, pour que l’autre femme ne se sente pas obligée d’accepter son invitation contenaient pourtant la somme de ces espoirs, et résumaient admirablement la situation. Elle n’avait pas réussi à demander, auparavant. Jodie n’avait pas pu accepter. Alors maintenant, elles pouvaient encore tout réparer, rattraper les années perdues, se laisser aller dans cette bulle hors du temps qu’elles avaient créée, le temps d’une soirée. La trentenaire ne savait pas, à vrai dire, ce qu’il se passerait une fois que la vie aurait repris son cours. Est-ce qu’elle regretterait son audace ? Non. Fut un temps, cela aurait été le cas. Mais à cet instant, elle avait la certitude d’avoir agi selon son cœur, d’avoir été honnête avec elle-même, et d’avoir touché brièvement du doigt ce qui aurait pu être, ce qui pouvait être. La scène contenait toute leur relation : la timidité silencieuse, les valeurs partagées, les confidences pudiques, et le désir palpable, celui qui irradiait de ses pupilles et qu’il était difficile de cacher. Il était le fruit d’une attraction physique qu’elle ne niait pas, comme d’une sensation de bien-être quand elle se trouvait dans la proximité immédiate de la calme gynécologue, qui savait être une oreille attentive, et quelqu’un avec qui discuter, échanger, rêver parfois, sourire souvent. Pourtant, il ne s’agissait pas, contrairement à d’autres temps refoulés, de l’envie d’une seule nuit. Non, elle voulait davantage, craignait de l’obtenir, encore plus d’échouer, et définitivement de mettre à mal tout ce qu’elles avaient reconstruit patiemment. Pourquoi alors s’abandonner à cette pulsion ? Parce que la volonté de la vie, dans toute sa passion et sa folie, serait toujours la plus forte. Parce que Cecilia n’était pas quelqu’un de raisonnable. Parce qu’elle avait posé une question, et que Jodie lui aurait dit oui. Pour toutes ces raisons, il était impossible, désormais, de s’arrêter. Et la lueur de détermination qui brillait dans son regard l’indiquait. Silencieusement, dans le secret des pensées informulées et qui les liaient doucement, filins invisibles entre elles deux, l’artiste se promit que ce soir, elle n’aurait pas de regret. Elle en avait trop. Si Jodie refusait, elle n’essayerait plus.

Heureusement, elle accepta. Un sourire éclatant illumina le visage de Cecilia. Dans sa tête dansaient déjà les mouvements qu’elle envisageait. Bonne danseuse et adroite meneuse, elle l’était assurément, pour avoir compris adolescente les bénéfices immédiats à en tirer, à savoir un certain succès auprès de la gent féminine. Elle avait demandé à quelques comparses masculins, faute de mieux, de lui apprendre à mener, et avait appris, depuis le temps, à adapter sa technique à ses partenaires comme à ses choix musiques ou encore à l’objectif avoué d’une série de passes. Il y avait les danses amicales, celles pour s’amuser, rire, tenter des folies … Et les autres. Celles qui étaient faites pour séduire, qui touchaient les âmes à travers les corps, celles qui se passaient de sourire parce que les lèvres étaient trop occupées à formuler des vœux qui n’avaient rien de pieux, à susurrer quelques prières osées pour la suite des festivités, à complimenter avec les paroles les plus éhontées, ou encore à simplement embrasser. Comme tout art, la danse était aussi une expression de la psyché, des sens, d’une relation que l’on offrait, qui se dessinait à travers les mains qui se liaient et se déliaient, les bras qui se chevauchaient, les jambes qui s’entrecroisaient, dans ce ballet sublime, pour qui savait l’apprécier et l’admirer. Et pour obtenir ce résultat si particulier, il fallait une écoute attentive de la personne que l’on faisait danser, pour épouser ses doutes, anticiper ses faiblesses, et transformer quelques pas timides en un envol du cygne. C’était ce talent qu’il était nécessaire de cultiver, et non une quelconque technicité trop enlevée et par conséquent inutile. Parfois, Cecilia l’admettait : elle avait été séduite par sa capacité à être en accord parfait avec une partenaire. Elle ne savait si elle pourrait reproduire ce sentiment si exquis, si unique, si indéfinissable avec Jodie, que d’avoir l’impression que chaque geste était en accord avec l’autre, de se suivre sans se regarder, sans se consulter, dans une évidence magnifique. Son cœur, cependant, l’espérait. Et ses palpitations erratiques l’indiquaient à penser qu’il le croyait, également.

Sortant son téléphone de sa poche, elle chercha rapidement une chanson et trouva très rapidement ce à quoi elle pensait. Dans le même temps, elle s’était débarrassée de son manteau et de sa veste, pour être plus à l’aise, invitant Jodie à faire pareil. Montant le son à fond, elle déposa l’appareil sur l’estrade décatie, et les premières notes de More than this de Roxy Music résonnèrent. Un intemporel en matière de soft rock, idéal pour un rythme enjoué, mais suffisamment lent pour être appréhendé même par les plus novices. Cependant, le choix s’était davantage fait en raison des paroles qui résonnaient particulièrement avec son constat quant à cette occasion unique, de cette nuit hors du temps, que d’une quelconque décision technique. Parce que, pour danser correctement, il fallait qu’elle vive cette musique. Qu’elle la ressente particulièrement. Que tout son être vibre à l’unisson. Et que Jodie vibre et vive avec elle pendant quatre minutes trente secondes d’éternité.

Placée face à la gynécologue, sa main s’enroula autour de celle de la jeune femme, et elle commença à placer le tempo en menant cette dernière de droite à gauche, tandis que ses pieds avançaient et reculaient sur un axe horizontal, en pas chassé. Un, deux, elle souleva la main de Jodie, I could feel at the time, trois quatre, sa main commença à la faire tourner sur elle-même sa partenaire, There was no way of knowing, cinq, six, elle la replaça dans l’axe, plaçant sa main gauche sur sa hanche. Un, deux, elle effectua un pas de côté pour que Jodie se trouve à la place qu’elle occupait avant, As free as the wind, trois quatre, elle leva sa propre main, amenant celle de sa compagne en même temps, paume contre paume, doigt contre doit, cinq, six, Hopefully learning, avant de lui donner l’impulsion légère pour la faire tourner sur elle-même encore, et que leurs mains se retrouvent quelques secondes plus tard. Ses phalanges hautes se refermèrent sur celles de Jodie, ses mains s’enroulèrent à nouveau d’elles, un, deux, More than this, elle la plaça devant elle, leurs mains liées au-dessus de leurs têtes, son souffle dans son cou, trois quatre, ses mains descendirent pour entourer Jodie, épousant le contour des bras de la femme de sciences, l’enserrant doucement, cinq six, You know there's nothing, elle les fit onduler, perdant le compte de leurs membres entremêlés. Puis, un, deux, Cecilia desserra sa prise, trois quatre, Tell me one thing, elle la fit à nouveau tourner, cinq, six, More than this, elles se retrouvèrent à nouveau face à face. Ooh there's nothing. Passant son bras à sa taille, l’artiste profita de la proximité pour chuchoter :

« On accélère le rythme ? »

Maintenant, Jodie devait avoir pris l’habitude de sa manière de mener, et elle-même s’était accordée à ses pas, à sa façon de se mouvoir, à sa manière d’anticiper – ou pas – ses mouvements. Une fois les passes les plus classiques usitées, elles pouvaient donc tenter de corser les enchaînements. Toujours en battant le rythme, un, deux, No care in the world, Cecilia écarta sa main droite pour ouvrir leur étreinte, trois, quatre, Maybe I'm learning, elle enroula sa main tenant sa taille avant de la propulser loin d’elle, et la rattraper en changeant de main directrice, cinq, six, Why the sea on the tide, doucement, elle appuya sur leurs paumes mêlées pour faire comprendre à Jodie de se réenrouler autour de son bras tendu. Has no way of turning : au lieu de simplement la ramener à elle, Cecilia se permit une facétie et tendit son genou, asseyant sa partenaire contre elle, leurs bras entièrement entrecroisés, leurs visages se faisant face. Un très bref instant, elle se perdit dans la contemplation de Jodie, de son souffle court qui se perdait dans le sien, des rougeurs sur ses joues dues à l’effort, de leur proximité physique, comme de l’osmose qui se formait entre elles. Il lui semblait que Jodie comprenait facilement ce qu’elle voulait, et où elle voulait l’emmener. Elle agissait à l’instinct, et celui de l’autre femme lui répondait. Elle n’avait même plus besoin de battre la mesure pour évoluer sur cette musique envoûtante qui, cri de liberté, les incitait à oublier tout ce qu’elles étaient, tout ce qu’elles n’étaient pas, et à simplement profiter de l’instant présent, de leurs pas sur le sol, de leur chaleur réciproque, de leurs mains qui se croisaient, se décroisaient, se quittaient, s’attiraient comme des amantes passionnées.

Un, deux, More than this, Cecilia se plaça à nouveau derrière Jodie, croisant leurs bras devant cette dernière, trois, quatre, Nothing, elle les fit onduler autour d’elle, comme les anneaux d’un serpent, dans une danse hypnotique, pour qu’elles ne parviennent plus à savoir à quel bras était quelle main, et que tout se confonde. Cinq, six, More than this, elle la fit se retourner doucement une fois ses mains parvenues jusqu’à leurs têtes. Un, deux, More than this, l’artiste ouvrit son bras puis lâcha sa main pour tourner en parallèle de l’autre femme. Trois, quatre, Nothing, ses doigts se refermèrent à nouveau sur ceux de la jeune femme, et elle la fit se réenrouler autour de son bras. Cinq, six, elle la fit passer entre ses bras, contre son torse, pour revenir au creux de son autre bras, incliné en arrière, comme une balustrade pour l’accueillir à la fin de sa course folle. Son buste ploya légèrement, tandis qu’elle retenait ainsi la jeune femme. A nouveau, leurs visages se faisaient face. Leurs regards se croisèrent. Les dernières notes de la musique retentirent. Et Cecilia murmura :

« More than this … nothing. »

Il n’y aurait jamais rien de plus que Jodie entre ses bras, sa chaleur contre la sienne, son visage aussi près du sien. Dans cette position, elle retrouvait très brièvement des sensations ignorées depuis trop longtemps, et les souvenirs d’une autre nuit lui revinrent en mémoire. Elle revoyait ses mains se refermer contre ses joues, et leurs lèvres s’entrechoquer violemment. Furtivement, la remémoration d’une porte claquée, de vêtements enlevés à la hâte, à mesure que leurs pas les conduisaient vers une autre bulle hors du temps, lui revinrent. Et puis, tout aussi rapidement, elle la chassa. Parce que ce n’était pas que des souvenirs. Pas que des envies. C’étaient leurs vies qu’elle tenait au creux de ses mains, de ses doigts. C’était un embranchement simple, avec deux choix possibles, et un qui était celui du non-retour. Elle ne pouvait pas savoir, si elle empruntait ce chemin, où elles iraient, ce qu’il en ressortirait. Mais elle s’en moquait : définitivement, emportée par la houle de ses sentiments, elle comprenait pourquoi les vagues ne revenaient pas sur la plage de ses envies. Parce qu’elles l’avaient déjà emporté dans un autre monde, un endroit où elle n’aurait plus peur. Un endroit où ce moment vivrait éternellement. Elle avait envie de dire plus, tellement plus. Mais aucun mot, non, aucun, ne pourrait jamais évoquer l’entièreté de ce qu’elle ressentait, à ce moment. Il n’y aurait jamais rien de plus que ces quelques secondes qui n’avaient pas de fin, que cette hésitation gorgée d’espoirs et de doutes, que cet immortel instant qu’elle gravait dans le marbre. Il n’y aurait jamais rien de plus que ses yeux dans les siens, que son souffle contre le sien. Il n’y aurait jamais plus pour Cecilia que Jodie.

« Je vais t’embrasser. »

Les paroles murmurées, avouées, s’installèrent entre elles. Cecilia observait l’autre femme, avec sa franchise naturelle, la tendresse mêlée à l’envie dans son regard. Sa prise s’était adoucie, pour lui permettre de se relever, au cas où, et de partir. Pour lui permettre de s’enfuir, et de lui briser le cœur par la même occasion. Mais il lui était impossible de ne pas le faire : jusqu’au bout, l’artiste avait décidé de rester fidèle à elle-même, à son code de conduite, fidèle à cette chanson qu’elle avait choisie. La liberté, c’était cela aussi. Et l’amour avait une curieuse tendance à lui répondre, dans cette confiance qu’elle plaçait dans une autre personne, pour apaiser ses tourments ou réduire ses espoirs à néant. L’amour, comme la liberté, c’était choisir, et se mettre en danger. C’était avoir conscience qu’il n’y aurait rien de plus fou que cet instant où tout basculait, où consciemment, on ressentait l’ivresse de l’envie d’ailleurs et de l’envie de l’autre.

Cecilia avait envie de Jodie. Mais elle avait surtout envie que Jodie la choisisse. Consciemment. Volontairement.

Qu’elle l’aime, au moins un peu, pour se sentir libre, pour tout oublier, pour partir loin d’ici, cette nuit.

Parce qu’il n’y avait rien de plus que cela pour changer sa vie. Et qu’elle voulait faire partie de celle de Jodie.

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Jodie Dawley
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statut civil : célibataire ; une vie sentimentale moins éteinte que ce qu'elle laisse entendre, des résolutions raisonnables qui vacillent à chaque fois qu'elle croise ses yeux clairs et la crainte entêtante de finir par tout gâcher.
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occupation : gynécologue obstétricienne à la clinique médicale de Brackendale & bénévole dans une association qui aide les femmes victimes de violence.
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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Mer 12 Mai - 23:25


- don’t let me go -
@cecilia nordgren
. . . . . . . . . . . . . . .


D’un point de vue extérieur, on pourrait s’étonner de voir Jodie hésiter autant avant d’accepter une simple danse. Cela ne l’engageait vraisemblablement à rien, pourtant. Certes, le contexte n’était pas vraiment le plus adapté ; aucune musique ne résonnait autour d’elles, et on avait vu plus glamour qu’un vieux bâtiment désaffecté pour piste de danse. Certes, Jodie n’était pas la personne la plus aventureuse sur cette Terre, mais elle n’était pas aussi timorée que sa réputation de première de la classe laissait entendre. Ce n’était pas toujours facile, mais elle savait lâcher prise. Surtout, elle se savait parfaitement capable d’accepter cette danse, de faire fi de l’atmosphère étrange autour d’elles et de se laisser porter par une musique imaginaire. Seulement dans ce cas précis, c’était un petit peu plus compliqué qu’une danse innocente, qu’une parenthèse amusante qui prendrait fin dès que la dernière note disparaîtrait dans le silence. Du moins ça l’était dans l’esprit de la trentenaire. Parce qu’elle avait beau repousser cette idée de toutes ses forces, elle voulait davantage qu’une simple danse avec Cecilia. Comme elle avait voulu davantage qu’une simple nuit. Rien n’était simple, en fait. Jodie savait pertinemment qu’agir comme elle le faisait - c’est-à-dire en étant très loin de paraître naturelle - ne faisait que rendre son comportement plus suspect encore. Si Cecilia était véritablement son amie, comme elle le disait, pourquoi semblait-elle douloureusement mal à l’aise lorsqu’elles se retrouvaient seules toutes les deux ? Pourquoi était-elle parfois incapable de la regarder dans les yeux ? Pourquoi des effleurements accidentels et innocents lui faisaient-ils perdre à ce point ses moyens ? Compte tenu de tout cela, il ne fallait pas réfléchir longtemps avant de comprendre ce qui suscitait un tel émoi. Alors pour éviter que ses véritables sentiments soient révélés au grand jour, Jodie ferait ainsi mieux d’agir comme une amie. Prendre sa main et l'entraîner dans un rock endiablé pendant lequel leurs éclats de rire leur feraient perdre le rythme, par exemple. Ce n’était pas si compliqué, dit comme cela. C’était toutefois sans compter l’agaçante tendance de la gynécologue à faire disparaître toute trace de spontanéité derrière des réflexions souvent bien trop poussées. Y a-t-il un message caché derrière son geste ? Que va-t-on penser si j’agis ainsi ? Ne devrais-je pas plutôt dire ceci au lieu de cela ? Tendance accentuée au centuple dans le cas présent. Parce que c’était Cecilia. Evidemment. Outre cette mauvaise habitude, Jodie était également consciente qu’accepter cette danse mènerait à une proximité physique qu’elle n’était pas certaine de pouvoir supporter. Pas que cela lui serait désagréable. Plutôt l’inverse, au contraire. Pour toutes ces raisons, elle fut tentée de dire non. Prétexter un empêchement, pour s’échapper de ce piège qu’elle sentait se refermer sur elle. Mais faisant fi de tout bon sens, elle avait finalement accepté. Et en voyant le sourire qui illumina immédiatement le visage de Cecilia, elle fut incapable de regretter ce choix. Ce sourire serait sa perte, elle en était persuadée.

Jodie attendit en silence que son amie choisisse une musique, ce qui lui laissa bien trop de temps pour se sermonner intérieurement à propos de ses choix de vie questionnables. Si se cogner la tête contre un mur était quelque chose de socialement accepté, nul doute que ce qu’elle serait allée faire. Peut-être cela l’aurait-il aidée à faire enfin le tri dans toutes les pensées qui se mélangeaient dans son esprit. Plutôt que se ridiculiser en agissant comme une enfant de cinq ans, elle imita Cecilia en se débarrassant de son manteau. Un léger sourire étira ses lèvres lorsqu’elle entendit les premières notes, et cela suffit à lui faire oublier ses doutes et ses angoisses. Du moins pour quelques minutes hors du temps. Elle glissa sa main dans celle de son amie, et à partir de cet instant, elle se laissa entièrement porter. Elle suivit les gestes assurés de Cecilia, appréciant son choix de musique. C’était la première fois qu’elles dansaient ensemble, mais Jodie eut rapidement la sensation de l’avoir fait toute sa vie. C’était peut-être un peu cliché de penser ça. Mais pour une fois, elle n’avait pas envie de trop y réfléchir. Et puis ce n’était pas la première fois qu’elle se faisait une réflexion similaire, qu’elle se disait que leurs corps évoluaient ensemble dans une familiarité et une intimité incroyable. La première fois, les draps se froissaient sous leurs peaux nues et leurs souffles se mêlaient. À quelques reprises, ses pas hésitants lui firent presque perdre le rythme, mais elle se rattrapa systématiquement à la présence assurée et rassurante de Cecilia. L’artiste était là, toujours, la replaçant dans l’axe après l’avoir fait tournoyer, la guidant sans faillir, l’enveloppant d’une douce chaleur dans laquelle elle avait envie de se blottir. Jodie avait la sensation de flotter. Elle fut ramenée sur terre par la voix de son amie qui lui demandait d’accélérer le rythme. Ses yeux plongés dans les siens, la gynécologue hocha brièvement la tête. Elle oubliait tout ce qui n’était pas elles, laissant ses sensations prendre largement le pas sur toute tentative de raisonnement logique, et retrouvant une paix qu’elle n’avait plus ressenti depuis longtemps. Il était doux de se laisser porter ainsi par les mouvements fluides de Cecilia, accepter de lui tendre les rênes et de fermer les yeux pendant qu’elle la guidait. Ce n’était pas dans les habitudes de Jodie de lâcher prise de la sorte, mais ce n’était pas vraiment une surprise de voir qu’elle se l’autorisait avec l’artiste peintre.

Les dernières notes de la musique retentirent, et Jodie sentit la panique l’envahir, alors qu’elle était légèrement inclinée en arrière, son regard croisant celui de Cecilia. Et maintenant ? Comment était-elle censée revenir à sa vie après ça ? Oh, si elle y réfléchissait, elle trouverait certainement des solutions. Le problème était surtout qu’elle ne voulait pas revenir à sa vie. Elle ne voulait plus rêver de Cecilia la nuit et se réveiller seule dans son grand lit trop froid. Elle ne voulait plus lui sourire poliment alors qu’elle ne pensait qu’à poser ses lèvres sur les siennes. Elle ne voulait surtout plus craindre qu’une autre femme, moins lâche qu’elle, finisse par l’emmener loin d’elle. Parce qu’elle ne doutait pas une seconde que cela finirait par arriver. Alors ça cliqua dans son esprit. Fini de fuir. Fini de se voiler la face. Fini de lui mentir, de se mentir à elle-même. Finie la lâcheté. Finie l’incertitude. Elle se relèverait plus facilement d’un refus qui serait certainement bienveillant que du regret de ne jamais avoir osé lui avouer ce qu’elle ressentait vraiment. Jodie était en train de réunir ses pensées, histoire de ne pas bafouiller, quand le murmure de Cecilia lui coupa le souffle. Pendant un instant, elle se demanda si elle avait bien entendu. Elle ne pouvait pas vraiment avoir envie de l’embrasser, si ? Elle ne lui avait même pas encore dit ce qu’elle brûlait désormais de lui avouer. Et comme elle avait envoyé balader ses scrupules en acceptant son invitation à danser, elle hocha timidement la tête, alors que son regard naviguait frénétiquement entre ses yeux et ses lèvres. Elle était certaine que sa surprise se lisait dans ses yeux, alors qu’elle observait Cecilia se pencher lentement vers elle. Elle n’y croyait toujours pas, mais elle dû bien se rendre à l’évidence lorsque sa bouche s’entrouvrit au contact de la sienne. A cet instant, son cerveau se figea et le monde autour s’effaça totalement de son esprit. Elle ne répondit pas immédiatement à son baiser, encore trop surprise par ce qui était en train de se passer. Puis elle reprit ses esprits, ferma ses yeux, qu’elle avait gardé ouverts jusqu’à présent et laissa échapper un soupir de contentement. C’était à la fois familier et inconnu ; Jodie reconnaissait la douceur de ses lèvres, tout en réalisant que ce baiser était bien différent de ceux qu’elles avaient partagés cette nuit-là. Ou peut-être espérait-elle seulement qu’il soit différent. Qu’il mène à autre chose, à plus. Elle glissa une main dans ses cheveux et mordilla légèrement la lèvre inférieure de son amie. Mais pouvait-elle encore la désigner comme son amie ? Jodie n’avait aucune notion du temps. S’était-il écoulé des heures ou quelques secondes ? Elle n’en savait rien, mais elles finirent tout de même par s’éloigner un peu. Sa tête lui tournait, et elle était sûre que de véritables étoiles brillaient dans ses yeux. “Je… Hum… Wow !” Elle conclut son bégaiement par un rire gêné. Elle se redressa, glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, lissa sa chemise puis osa enfin planter son regard dans celui de Cecilia. Elle inspira profondément pour rassembler le courage dont elle allait avoir besoin, puis se lança. “Je voudrais faire les choses correctement cette fois.” Jodie fronça les sourcils, consciente qu’elle n’était pas des plus claires. “Ce que je veux dire c’est que j’aimerais voir où ça nous mène. Que ça ne soit pas que l’histoire d’un soir. Si tu en as envie aussi.” Cette fois, son regard glissa vers le sol. “Si tu ne veux pas, c’est pas grave. Il me faudra juste un peu de temps. Parce que ça fait des années que je n’arrive pas à te sortir de ma tête.”

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· Re: Don't let me go (PV Jodie) Dim 16 Mai - 22:35

- Don't let me go -
@Jodie Dawley
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Un instant fila, et jamais Cecilia n’eut l’impression que trois secondes avaient été aussi longues. Pourtant, elle en avait connu, de ces moments hors du temps qui ne duraient que dans son imagination. Il y avait ces conversations sérieuses, avec ses parents, de son orientation professionnelle à ses préférences intimes, où chaque minute d’hésitation comptait double, chaque silence était une torture, où une vie entière s’écoulait, à mesure que les hypothèses les plus folles, et souvent les plus pessimistes se succédaient, avant que l’apaisement ne vienne de quelques mots répondus, un peu perdus, un peu fâchés, mais nullement butés. Il y avait eu, plus récemment, l’annonce que son meilleur ami était perdu, puis que, miraculeusement, il était revenu. Cette fois, c’était elle qui n’avait rien trouvé à dire, et qui avait eu tout de même l’impression que le temps s’était arrêté. Et bien sûr, inutile de le nier, il y avait eu toutes ces fois similaires où elle avait agi selon les désirs de son cœur. Ses battements, tambourinant, lui indiquaient la mesure de toutes ces microsecondes qui s’écoulaient. Etonnant qu’une chose aussi rapide puisse être aussi lente. Elle s’imagina Jodie se mordre les lèvres, gênée, et la repousser avec gentillesse. Elle imagina la trentenaire lui dire non un peu plus vivement, s’offusquer qu’après toutes ces années, elle ait décidé unilatéralement de rompre leur accord tacite, de ne plus jamais retenter quoi que ce soit entre elles. Elle imagina les reproches – légitimes – qu’elle pourrait lui adresser : d’être égoïste, en agissant ainsi alors qu’elles avaient décidé ensemble qu’il valait mieux que rien n’existe entre elles. D’être insensible à la détresse qu’elles pourraient infliger en cas de séparation à l’homme qui les avait toujours liés. Cecilia le savait, pour s’être répété ces phrases à peu près deux mille fois, au bas mot. Elle comprendrait. Et puis, il y avait aussi la possibilité que Jodie lui dise avec douceur qu’elle était passée à autre chose, réellement, si tant est que le terme soit approprié puisque, de son côté, rien n’avait jamais existé, hormis une nuit d’égarement, parce qu’elle venait de rompre avec sa petite-amie, qu’elle se sentait seule, et que la douleur face à la perte potentielle de son frère était trop difficile à supporter. Peut-être que de tous les refus, celui-ci serait le plus douloureux, parce qu’il renverrait Cecilia à ses occasions manquées, et à ses illusions perdues. Pourtant, c’était sans doute le plus probable. Une étreinte, dans une vie, qu’était-ce ? Une passade, ou plutôt un cul-de-sac. On y entrait, on se retrouvait bloqué, on reculait, on reprenait son chemin, fin de l’histoire. Ce n’était rien, après tout, que quelques prénoms soupirés, quelques baisers volés et quelques soupirs capturés. Ce n’était, en somme, que des draps emmêlés et des peaux agrippées. Nulle promesse, nul avenir, juste le besoin de ne pas être seule. Juste l’envie d’oublier. Juste la nécessité de se raccrocher à une autre humanité pour combler la sienne, chancelante, abandonnée, malmenée. Juste un rai de lumière, pour se rappeler que le monde ne se réduisait pas à la nuit. Et juste une nuit, pour se rappeler que le monde au dehors existait parce qu’il était beau, avec ses rais de lumière.

Cecilia voyait la surprise se peindre sur les traits de Jodie. Anticipant ce qui devait être, elle sentit ses bras se détendre, comme pour se préparer à la laisser partir. Au moins, aurait-elle été fidèle à elle-même, courageuse, pour une fois. Tout serait plus clair. Peut-être qu’enfin, elle arriverait à ne plus penser à tous ces moments suspendus où elle avait voulu essayer, puis avait renoncé. A force de laisser le temps s’écouler, elle n’avait cessé, dans un coin de son esprit, de faire pousser des questionnements discrets qui avaient germé, fleuri, et étaient devenus de véritables forêts de regrets et d’interrogations. Elle raserait tout, et repartirait de l’avant. Elle y arriverait. Oh, certes, avant, elle rentrerait chez elle, ouvrirait deux ou trois bouteilles d’alcool fort et s’infligerait une gueule de bois mémorable, avec un pot de glace d’une marque bien connue, devant un feuilleton stupide, puis s’endormirait, abrutie, sur son canapé. Le lendemain, elle se maudirait, avalerait deux dolipranes, resterait à contempler le plafond pendant des heures. Et le surlendemain, la vie reprendrait. Elle rencontrerait de nouvelles personnes, prendrait soin d’elle, et un jour, elle en était certaine, elle trouverait quelqu’un qui la ferait rire. Avec le temps, quand elle verrait Jodie, elle aurait moins mal. Elle la trouverait toujours aussi belle, ça, elle n’y pourrait jamais rien. Mais ce serait différent, peu à peu. C’était tout ce qu’elle se souhaitait. Que rêver de mieux ? Que Jodie lui dise oui.

Ce qu’elle fit.

L’artiste sentit son cœur manquer un battement – ou plutôt, une bonne quinzaine – quand elle vit Jodie hocher la tête. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Sa prise autour d’elle se raffermit instantanément, comme si, après l’avoir vu dans de fois dans son imagination s’en aller, il était impossible qu’elle tolère qu’elle soit loin de ses bras, de son étreinte. Son cerveau parut se vider immédiatement de toutes les pensées parasites qui, jusqu’à présent, l’envahissait. Il n’y avait plus que l’image de la jeune femme imprimé sur sa rétine, qui croissait, prenait possession de tout son être. Elle cessa alors tout à fait de penser. Cecilia se pencha, et posa ses lèvres sur ses celles de Jodie. Et le monde autour d’elle cessa, lui aussi, de s’animer, pour ne plus qu’être centré sur celle qu’elle embrassait, d’abord délicatement, puis bientôt, avec plus de passion. Son bras plus libre remonta celui de l’autre femme, caressant ce dernier au fur et à mesure, dans un ballet lent, semblable à celui qui se déroulait entre elles. Puis sa main arriva contre sa joue, et tandis qu’elle l’attirait davantage à elle, qu’elle permettait à un maelstrom de sensations enfouies depuis trop longtemps de s’exprimer, Cecilia abandonna toute retenue. Elle embrassait Jodie comme elle n’avait jamais embrassé quiconque, cherchant, dans ce quart-temps de l’infini, à exprimer son désir comme sa tendresse, son affection profonde comme son attirance superficielle, ses espoirs comme ses regrets. Elle embrassait Jodie comme une damnée se raccrochant quelques instants encore à cette existence, avant d’être engloutie sous terre. Elle embrassait Jodie comme une assoiffée à la recherche du liquide précieux pour la maintenir en vie pendant de nouvelles minutes. Elle embrassait Jodie comme si aucun lendemain n’était possible, en dehors de cet endroit hors du temps, hors de tout. Elle embrassait Jodie comme si, pourtant, ce lendemain était à portée de mains, parce qu’elle ne pouvait se résoudre à ce qu’il n’y en ait aucun. Elle embrassait Jodie comme si elle voulait ne plus jamais avoir à embrasser personne d’autre, tout simplement. Respirer devenait superflu. Pourquoi perdre de précieuses secondes à attraper une goulée d’air, quand elle pouvait tenter de disparaître dans le souffle de Jodie, le capturer ses lèvres, ne plus jamais le laisser partir ? Tout son être était aspiré par cette réalité : elle embrassait Jodie, et le reste était entièrement oublié, désavoué, inutile. Pire que tout, elle se perdait dans ce baiser pour ne pas penser au fait que, peut-être, celle qu’elle tenait si fort dans ses bras s’enfuirait après avoir réalisé ce qu’elles avaient fait. Ou bien ne voudrait pas exactement la même chose qu’elle. Et le pire, c’était que Cecilia n’était pas certaine de dire non. De ne pas prendre ce que l’autre femme voudrait lui donner. Alors, pour faire taire ses angoisses, l’artiste se concentrait sur les sensations procurées par leur étreinte, sur sa tête qui était soudainement bien légère, et ses pieds qui semblaient flotter à quelques centimètres du sol, en apesanteur. Pendant encore trois secondes, Cecilia s’accorda le droit de ne penser à rien d’autre qu’à Jodie, et à ce qu’elle ressentait pour cette dernière. Pendant encore trois secondes, Cecilia s’accorda le droit d’être égoïste, et de mettre son bonheur avant celui des autres. Puis, l’enchantement cessa. Ses poumons, maltraités, hurlaient dans sa cage thoracique leur mal-être. Il fallait se détacher. Il lui sembla que son esprit protestait avec fracas quand ses lèvres se détachèrent de celles de Jodie, quand elle desserra complètement sa prise pour lui permettre de se remettre droite, debout. Tout au plus s’accorda-t-elle brièvement un discret sourire en coin de contentement un brin canaille en l’entendant chercher ses mots, appréciant le fait d’avoir, très littéralement, refermé les lèvres de la gynécologue au point de la rendre coite. Au moins espérait-elle que l’appréciation avait été réciproque. S’il fallait n’emporter qu’une seule satisfaction de cette soirée, que ce soit celui-là, au cas où il n’y en ait pas d’autres.

Cependant, même dans ses songeries les plus folles, Cecilia ne s’était pas attendue à ce qui suivrait. Elle n’avait pas pensé entendre Jodie verbaliser ce qu’elle-même s’apprêtait à faire, si l’occasion lui était donnée. Certes, elle essaya de ne pas immédiatement prendre l’interprétation la plus tragique en entendant Jodie expliquer qu’elle voulait faire les choses correctement cette fois. Cela ne pouvait voir dire que deux choses : soit elle aurait dû, la fois d’avant, lui signifier très clairement n’éprouver aucune attirance quelconque à son endroit, mais c’était formulé étrangement, soit elle … regrettait le déroulement peu orthodoxe de leur histoire ? Son myocarde, dopé par cette pensée, s’était remis à tambouriner. L’artiste retint son souffle, tentant désespérément de ne pas s’emballer, de ne pas avoir trop d’espoir, de crainte de les voir réduits en bouillie. Mais non, elle ne s’était pas trompée. Et, définitivement, elle crut avoir quitté la terre en entendant la trentenaire expliquer sa pensée. Ce qu’elle mettait sur la table, là, maintenant, c’était une vraie relation, ou du moins l’envie d’en avoir une, et de voir si, réellement, elles étaient capables de s’accorder, autrement que sur une piste de danse, dans les locaux d’une association, ou dans un lit. S’il était possible de passer de ce statut étrange et bâtard de « sœur de mon meilleur ami » et « meilleure amie de mon frère » à  fréquentation officielle, puis compagne. Cecilia, cependant, n’était pas au bout de ses peines. Quand Jodie baissa les yeux pour, outre la formule consacrée du refus accepté potentiellement de bonne grâce, lui avouer qu’elle aussi occupait ses pensées. Elle sentit son âme fondre, si cela était possible, et un élan irrépressible la porter vers la gynécologue. Sa main agit d’elle-même, se portant au-devant de l’autre femme, et caressant sa joue pour lui intimer gentiment de relever la tête. Leurs regards se croisèrent, s’accrochèrent, et Cecilia répondit, avec toute sa force de conviction :

« Je ne t’aurais jamais embrassée si je n’avais pas voulu … tout. Toi. Les dîners en tête à tête, les disputes, les soirs sur le canapé à regarder un programme idiot et à très vite l’oublier … »

Avec un léger rire, elle ajouta :

« Laisse-moi m’installer dans ta tête, tu es déjà dans la mienne, et depuis très longtemps. »

Se rapprochant, elle murmura :

« Quand je t’ai demandé, l’autre jour au restaurant, ce que tu voulais rajouter dans mon dessin … Je ne t’ai pas dit ce que moi, j’y mettrai. »

Juste avant de clôre l’espace entre leurs lèvres à nouveau, elle souffla doucement :

« Ce que je voulais y dessiner, c’était toi. »

Cecilia franchit les centimètres les séparant, scellant sa déclaration d’un ultime baiser. Elle ne voyait finalement rien d’autre à ajouter. Y avait-il, après tout, de meilleure promesse que celle susurrée lèvre à lèvre, cœur à cœur ?

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